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« Elle avait sur les épaules une tache de silence, une tache de rose ». Paul Eluard.
Une courte-échelle pour toucher, enfin, du bout des doigts le ciel de l’estime. « Pour unique soleil » est un récit lucide, grave et contemporain. L’écriture surdouée de Joseph Agostini s’efface. Elle cède sa place à l’authenticité d’une trame qui va dénouer les nœuds immanquablement. Les masques vont tomber un à un. Ce livre ne serait pas sans la capacité d’un auteur, d’un psychologue clinicien qui comprend son prochain, analyse ses douleurs et perçoit les faux-semblants et les attitudes trompeuses. Les écueils et les pierres jetées dans la mare des identités floutées. Les drames des existences fragilisées par les diktats des célébrités. Les projections et les mirages, les ressemblances, soupape de sécurité jusqu’au point ultime d’un non-retour. Ici, ce sont les femmes qui sont l’œuvre de ce palpitant récit. Ludivine qui ressemble à Daniela Lumbroso, mère solo avec un jeune fils, lasse et épuisée d’être confondue avec cette dernière tant la ressemblance est troublante et dérangeante. Cathy, une jeune femme encore enfant, écorchée vive, fan de la renommée journaliste qui quête le pain d’une reconnaissance et l’eau de l’amour. Elle flirte sur la ligne jaune. Quiproquo et château de sable. Sa mère est assistante sociale, vivant éloignée de sa fille trop instable et chronophage. Seul le père est conciliant et comprend que sa fille est en danger et ne pourra vivre qu’en brisant ses chaînes mentales. Diane, l’assistante de Daniela Lombroso, elle aussi en proie à l’idolâtrie, aux intestines méprises. Daniela Lombroso est en survol dans l’histoire (plausible). On ressent les drames des initiations à la vie qui ne peuvent se réaliser. Se penser l’autre, désirer la célébrité comme si elle était paisible et solidaire. Toutes, ne réalisent pas que Daniela Lumbroso est aussi une femme avec ses questionnements et ses fragilités. Les existences sans libre-arbitre, les projections sont des blessures qui ne peuvent guérir. Ce roman est vif, intuitif. Sous ses faux-airs il y a la gravité des erreurs d’aiguillage. C’est la construction même du récit qui est le summum. Ce que Joseph Agostini souligne avec humilité et un regard grand comme le monde. Les errances des existences sont dévoilées. Le père de Cathy est le plein de soleil. Cette part divine d’une maîtrise hors pair. Il remet d’équerre les turbulences et prouve que l’on peut s’échapper des labyrinthes. Ce roman est tragique, au réalisme fou.
« Une fois qu’une histoire qu’on croyait vraie nous apparaît fausse, comment ne pas craindre la dissémination des mensonges-métastases ? »
« Pour unique soleil » est salvateur. Touchant, intrinsèque, généreux et confiant, ce livre est une boussole. Chacun (e) a droit à sa part de soleil. Joseph Agostini est le passeur, celui qui donne la clef pour unique soleil. Être enfin soi-même et libre. Un récit d’émancipation de haute voltige.
Tueurs en série sur le divan de Joseph Agostini et JB Dumonteix
Tout le monde a entendu parler de ces quatre tueurs en série français (Michel Fourniret, Marcel Petiot, Guy Georges et Thierry Paulin). Ils ont tous les quatre défrayé la chronique en leur temps et reviennent régulièrement sur le devant de la scène médiatique. Leurs crimes sont terribles et se rejoignent dans l’abomination. Les auteurs de cet essai sont tous les deux psychologues cliniciens et psychiatres, ils ont donc une vision différente de la notre sur les événements. Un gros travail de recherche a été effectué ainsi que des interviews des avocats et au-delà des faits, des condamnations, ils explorent surtout le côté psychologique qui va s’avérer passionnant. La personnalité de ces quatre tueurs est particulièrement bien cernée et nous est rendue d’une manière totalement compréhensible par tout à chacun, si le jargon de ses psys ne vous a pas totalement perdu. Bien sur on retrouve quelques notions de base de la psychanalyse avec à son sommet ce bon Docteur Freud, au moins on sait mieux de quoi on parle car les termes, même s’ils se veulent accessibles ont été tant galvaudé qu’il nous fallait bien cette remise à plat. J’ai trouvé très intéressant que l’on revienne sur les faits qui se sont déroulés dans leur petite enfance,(une déformation professionnelle sans doute, étant assistante maternelle) loin de moi l’idée de leur chercher des excuses mais il est troublant de constater que l’enfance ainsi mis à mal, a produit des adultes aux pulsions meurtrières. Je retiens aussi leur besoin de pouvoir et de domination extrême. Si vous pensiez obtenir des détails croustillants, passez votre chemin, les auteurs nous proposent de nouvelles pistes d’exploration, notamment sur le thème de la perversion dans un dernier chapitre sous forme de questions-réponses qui a suscité mon attention. Je note enfin que ces quatre là, sont tous des hommes, quand est-il des femmes ? J’aurai aimé que la question soit abordée. C’est le second livre de la collection sur le divan que je lis après « Gainsbourg sur le divan » qui m’avait beaucoup plu aussi, j’aime beaucoup ce format. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2021/06/08/38971936.html
Vous vous êtes déjà demandé ce qu'il y avait dans la tête d'un tueur, ce livre est fait pour vous !
Tout d'abord, je dois dire que je ne connaissais que peu de choses de ces tueurs, et de leurs différents meurtres. Je n'ai jamais suivi ce genre d'affaires. Un peu trop glauque pour moi.
Dans ce livre, ce qui est intéressant c'est d'essayer de comprendre pourquoi ils en sont arrivés là, et les auteurs, psychanalystes, nous le permettent bien.
J'ai trouvé ça passionnant, même si terrifiant également.
Chaque personnalité psychologique des tueurs est décortiquée, depuis l'enfance, moment très important dans la vie de toute personne. C'est là que beaucoup de choses se jouent.
Les meurtres sont également racontés, mais de manière factuelle et psychanalytique. L'émotionnel n'étant pas le but de cet ouvrage, ça m'a permis de les lire avec une certaine distance.
À la fin du livre, les auteurs répondent à quelques questions qui nous éclairent encore un peu plus sur la notion de perversion, qui n'amène à tuer que de manière extrême.
Je remercie François des éditions Envolume pour l’envoi du roman » La traversée des mensonges « de Joseph AGOSTINI paru en ce tout début d’année 2020.
Joseph AGOSTINI est psychologue clinicien, chroniqueur sur RTL et au Huffington Post. Il traque l’inconscient à travers ses différents essais littéraires et ses pièces de théâtre. Il est l’auteur de Dalida sur le divan, Gainsbourg sur le divan, Manuel d’un psy décomplexé et Manuel pour en finir avec la mort aux éditions Envolume.
La famille Santini se retrouve à la morgue de Marseille suite au décès de Claude, le père. Fabienne a une dernière faveur à demander à ses quatre grands enfants : accompagner le corps de leur père dans une ultime traversée vers Ajaccio. Mais en ces instants si propices à la solennité et au recueillement, ce voyage devient le terrain des règlements de comptes. Les langues se délient, comme trop longtemps contenues.
p. 11 : » Je m’appelle Thomas Santini, j’ai trente-six ans et je suis cardiologue à Bastia. J’ai deux enfants, Maé et Virginie, de respectivement trois et six ans. Je les ai eus avec une femme formidable, Chloé, gynécologue à Pietranera, à deux pas du centre-ville. Nous nous sommes connus pendant nos études, je suis resté avec elle dix-sept ans de ma vie. Et puis, un beau jour, je suis tombé amoureux de sa meilleure amie, Véronique. «
Or, voilà, quoi de plus embarrassant et de plus culpabilisant que de s’envoyer en l’air avec sa maîtresse lorsque l’on apprend le décès de son père ? A priori, pas grand chose, si ce n’est que ça n’est que la partie émergée de l’iceberg ! Lui qui a été si longtemps la fierté de ses parents, le fils prodigue, on peut dire qu’il a fait voler en éclats cette image !
p. 13 : » Véronique n’a plus voulu me revoir pendant six mois. Elle ne m’a donné aucune nouvelle. Pas un texto, rien. Je me disais qu’elle me tenait pour responsable de la mort de Jean-Christophe. Et j’avais fini par me persuader qu’elle avait raison. J’avais honte, je me sentais comme la dernière des merdes. «
C’est Nina qui retrouve en premier Fabienne et Thomas à la morgue.
p. 17 : » Je m’appelle Nina Santini, j’ai trente-trois ans, je suis professeure des écoles à Lyon, je roule en MiniCooper et j’écoute Chérie . La veille de la mort de mon père j’étais allée au théâtre avec ma femme Samira, voir La Cantatrice Chauve d’Eugène Ionesco. «
Lesbienne, mariée à Samira, arabe, philosophe et aveugle ! Il n’en fallait pas moins pour bousculer cette famille corse raciste et homophobe ! Mais cet éloignement n’a pas été sans conséquences…
p. 17 : » Les pensées de Nina s’enchaînent sans qu’elle puisse les arrêter, comme si elles étaient prises dans un nœud logique implacable. Elle prend conscience qu’elle a, tout au long de ces mois, donné tout pouvoir à Thomas, en lui laissant la mission de sauver leur père et ne doutant absolument pas de sa capacité à y parvenir ! «
C’est dans un état d’esprit empli d’une grande contrariété que la famille se résout finalement à prévenir Georges, l’aîné de la famille, parti vivre en Inde.
p. 33 : » – Tu as raison, murmure Fabienne. Préviens Georges, dis-lui de nous rejoindre. Moi, je n’ai pas la force de l’appeler. Quand on se fâche avec quelqu’un, c’est vrai qu’on ne va pas à ses obsèques. Mais quand ce quelqu’un est son père, c’est différent. Il faut qu’il vienne. Sinon, il risque de le regretter toute sa vie. «
Mis à la porte de la maison à l’âge de dix-sept ans par son père, Georges n’a cessé de revendiquer son appartenance au nationalisme corse.
p. 89 : » On avait tous un grain dans cette famille. Moi, le premier. Je ne m’en étais jamais caché. Le nationalisme, c’est quoi ? Juste un truc pour vous dire merde ! «
Le dernier a rejoindre la fratrie est Francescu, schizophrène.
p. 103 : » […] avoir eu un enfant schizophrène, ça n’a pas été simple. Ils ont dû être déçus. C’était même peut-être à cause de moi que mon père, il préférait les plantes. »
Alors, entre les dernières formalités administratives et l’embarquement pour cet ultime voyage avec leur père vers sa Corse natale, le lecteur assiste à des échanges particulièrement houleux. Entre le franc parlé de Nina, l’instabilité psychologique de Fabienne, la psychorigidité de Thomas qui éprouve le besoin de tout contrôler et l’imprévisibilité du fils schizophrène, on a là un cocktail explosif de retrouvailles familiales corses. Une vraie psychothérapie familiale!
Toute l’ingéniosité de Joseph AGOSTINI réside dans le fait que le lecteur se retrouve malgré lui propulsé dans ce huit-clos familial, sous haute tension. Impossible de ne pas se retrouver dans certaines scènes ou situations et cela prête franchement à sourire. Très rythmé par des dialogues percutants, presque théâtraux, l’auteur met en avant tout le paradoxe de l’entité familiale, capable du meilleur comme du pire.
» L’amour, c’est donner ce qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas. » Jacques LACAN
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