Jean-Philippe Jel

Né en Picardie en 1977 d'une mère fille d'immigrés polonais et d'un père wallon ancien militaire, Jean-Philippe Jel passe les premières années de sa vie à proximité de la mer. Après des études de Lettres, il part avec un master en poche enseigner en Hongrie pendant près de deux ans. Puis, ayant raté les concours de l'enseignement français, il rejoint son deuxième pôle atavique en devenant officier de Marine. Après trois ans, il se tourne vers les Armes. Il se consacre ensuite à sa famille lors de la naissance de son fils. Il tente à nouveau les concours de l'enseignement, mais pour le primaire. Cette fois-ci est la bonne, il restera enseignant pendant huit ans, autant d'années que sous les drapeaux. Toujours en mouvement, que ce soit dans un bassin en tant que nageur de vitesse et de longue distance, ou sur les sentiers de montagne comme marathonien solitaire, Jean-Philippe a déménagé vingt-quatre fois en vingt-deux ans. L'eau est la seule vraie constante à toutes ces années. Sur des bateaux, à voile, à moteur, poussé par le vent, par les vagues, les moteurs, par ses muscles, il y a tout fait. Sous l'eau, à la surface, en scaphandre, en maillot, à poil, dans une coque. Et maintenant avec la synchro.

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Couverture du livre « J'peux pas, j'ai synchro » de Jean-Philippe Jel aux éditions Favre

Miss Wonder sur J'peux pas, j'ai synchro de Jean-Philippe Jel

'J'peux pas, j'ai synchro' est le témoignage documenté de Jean-Philippe Jel qui à l'aube de la quarantaine a plongé dans l'univers de la natation synchronisée. Rien ne le destinait à pratiquer ce sport : militaire de par le passé, nageur confirmé n'éprouvant aucun attrait pour la natation artistique et représentant de la "norme" masculine. C'est suite à un burn-out qu'il aura sa révélation lui permettant enfin de s'écouter, d'être lui-même sans forcément répondre aux attentes des autres et de devenir une synchronette.

Dans ce récit au ton acide avec un humour bien dosé, on apprendra à connaître le parcours de cet amateur de musique métal qui vient bousculer les codes. Cela fait du bien de lire les propos de quelqu'un qui décide de suivre sa passion, peu importe le regard des autres. On ne peut qu'être admiratifs. Cependant, j'ai trouvé qu'il y avait quelques longueurs qui donnaient envie de reposer le livre par moments.

Je ne connais pas grand chose à la natation synchronisée mais j'adore l'eau. Ce livre a donc forcément attiré mon attention. On en apprend beaucoup sur cet univers méconnu au travers du regard de l'auteur encore assez novice comparé aux nageuses qui s'entraînent depuis l'enfance. Des bases pour se lancer sont même données à la fin du livre.

Cet écrit m'a donné envie d'en apprendre encore plus sur la synchro, et je sais que dorénavant je regarderais d'un air moins perplexe les chorégraphies de ces danseuses aquatiques.

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Sébastien Beaujault sur J'peux pas, j'ai synchro de Jean-Philippe Jel

Cher Jean-Philippe Jel,
Eau Capitaine ! Mon capitaine ! Vous avez eu mille vies !
On vous a vu sous les drapeaux, servir la république. Aperçu aux tableaux des classes éducatives. Mais votre bonhomie ne rentre pas dans ces costumes souvent mal taillés. Alors, vous décidez d’enlever le haut et le bas. Il ne restera que le maillot de bain.

Histoire d’eau !
A l’heure de la défense du genre féminin, voici qu’un homme vient nager dans les plates-bandes de la natation artistique (car il faut l’appeler ainsi, aux oubliettes la natation synchronisée !).
Dans ce monde aquatique bien régi, où l’on ne bouge pas du sourcil, où il faut sourire à vous écarteler les zygomatiques, vous éclaboussez les codes façon puzzle. Vous avez fait bouger les lignes…d’eau.

Eau capitaine ! Mon capitaine, vous êtes bien singulier ! Non seulement vous l’assumez mais vous en jouez, plutôt vous en nagez. La singularité à le goût du chlore. Peu importe vos formes, c’est du fond de la piscine que vous vous exécutez. A la recherche du beau geste.

Je vous le dis, j’ai peu d’accointance avec cette discipline sportive. Disons que j’en ai autant avec la natation artistique que je peux en avoir avec le curling. C’est dire !
Qu’importe, la curiosité aidant, me voici bien moins innocent. J’en serai presque à regretter le report des Jeux Olympiques de Tokyo. J’aurais pu me gargariser, devant mes amis. J’aurais pu expliquer la grue, les jambes de ballet, la crevette de surface et mon préféré : le coup de pied à la lune (pas pour la technique mais pour la poésie du terme).

Eau capitaine ! Mon capitaine, voici un ouvrage drôle et sans fard. Ici on appelle un chat un chat, un nageur, une nageuse. Il y a d’ailleurs un petit côté Audiard ou Frédéric Dard quand vous parlez des “neurochirurgiens du maillot de bain”.
D’ailleurs ce livre n’est pas qu’un témoignage. Il n’est pas que le récit d’un homme qui a voulu choisir sa vie. Il est un guide. A celui ou celle qui se sent pousser des nageoires, vous expliquez comment il faut s’y prendre. Il traînera au bord des piscines municipales, c’est évident.

Bien sûr, le cinéma s’est emparé du sujet, mais laissons “Le grand bain” à ce qu’il est, un divertissement. Vous n’êtes pas là pour amuser la galerie. Vous avez cette discipline chevillée au corps. Et vu comment vous faites tomber les murs édifiés de préjugés, je ne serai pas surpris que la natation artistique masculine ait un jour, les honneurs olympiques. Alors on érigera votre statue au bord d’une piscine suisse. Et une nuit vous viendrez la déboulonner. Car chez vous rien ne doit être immobile.

Eau capitaine ! Mon capitaine, bien sûr, on vous a moqué, raillé, vociféré…qu’importe ! Vous nagiez et bien, synchronisez maintenant !
Sébastien Beaujault

“J’peux pas, j’ai synchro”
Jean-Philippe Jel
Editions Favre