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Un essai érudit sur l'origine des livres à nos jours.
Nous suivons l'évolution de la littérature, de la narration orale jusqu'au numérique.
Symbole de puissance, d'une élite excluant le peuple, les femmes, les nations conquises mais dont, surprise, les copies et l'enseignement étaient confiés à des esclaves.
Objet de luttes avec des batailles pour posséder les plus majestueuses des bibliothèques.
L'auteure aborde la nature de l'objet, sa conception, son organisation, ses mouvement ou sa conservation mais surtout son impact sur les sociétés.
Il manque, selon moi, un chapitre dédié à l'imprimerie, absente de ce récit.
Et puis, le livre qui fait peur, qui doit être banni, les autodafés, les écrits clandestins, les romans cachés dans les camps ou les dictature ; emblème de liberté.
C'est dense, un peu long parfois, mais souvent passionnant.
Les livres ou l'histoire de l'humanité.
Voici un livre sur l’histoire des livres.
Un de ces livres qui aurait pu commencer par « il était une fois », tant l’auteure nous embarque avec elle dans une épopée passionnante à travers l’Antiquité gréco-latine. Elle nous raconte l’histoire de l’alphabet et de l’écriture, des supports de celle-ci (de la pierre au papyrus en passant par les tablettes enduites de cire), l’histoire du livre en tant qu’objet (des rouleaux encombrants de papyrus aux premiers codex reliés par pages) et en tant que contenant (des livres de comptes aux livres de contes, en passant par la poésie, la fiction, les idées), et même l’histoire de la lecture, d’abord à voix haute pour un groupe de personnes puis silencieuse, pour soi-même.
L’écrit, qui nous paraît si évident et omniprésent aujourd’hui, a pourtant suscité la méfiance à ses débuts. Ainsi, Socrate était convaincu que le passage de l’oralité à l’écrit entraînerait paresse intellectuelle et atrophie de la mémoire. On se demande ce que le philosophe athénien aurait pensé aujourd’hui d’Internet et des GPS, par exemple.
Si l’écrit et les livres ont peut-être, d’une certaine manière, « figé » l’oralité, il n’en reste pas moins qu’ils l’ont aussi, paradoxalement, sauvée de la disparition. Sans leur retranscription laborieuse au fil des siècles, l’Iliade et l’Odyssée, les pensées de Platon, les vers d’Ovide seraient-ils arrivés jusqu’à nous ?
Des conquêtes d’Alexandre à l’obsession de la dynastie des Ptolémée à bâtir à Alexandrie une bibliothèque qui contiendrait tous les ouvrages du monde connu, de la Villa des Papyrus à Herculanum disparue sous la lave du Vésuve à la bibliothèque de Sarajevo détruite par les bombardements, « L’infini dans un roseau » est aussi une petite histoire de l’Humanité à travers le prisme de sa relation à la littérature.
L’ouvrage est dense, riche, foisonnant, très documenté, mais qu’on se rassure, il n’est jamais austère. Ce livre n’est pas un essai de philologie qui serait écrit dans une langue académique, objective et factuelle, bourré de données désincarnées rigoureusement exposées. La narration est chronologique, mais Irene Vallejo fait régulièrement des liens avec l’époque contemporaine, livre des réflexions, des hypothèses et des anecdotes personnelles. On y trouve aussi des touches d’humour (parfois ironique), de la fluidité et de la poésie dans l’écriture, et un bel équilibre entre érudition et vulgarisation. Mais surtout, Irene Vallejo nous partage sa passion pour les livres et la littérature, et rend compte de leur importance capitale dans la sauvegarde et la diffusion du savoir, des idées et des histoires à travers le temps et l’espace, malgré l’obscurantisme et la barbarie.
Un bel hommage aussi aux milliards d’anonymes à travers les siècles, comme vous, comme moi, qui contribuent à la transmission des messages infinis portés par les livres, convaincus du pouvoir de ceux-ci.
Les mots de cette modeste chronique ne seront sûrement pas assez puissants pour exprimer mon ressenti à la lecture de « L'infini dans un roseau » (quel joli titre !) sur le thème a priori peu affriolant de l'histoire du livre sous l'Antiquité gréco-romaine.
Avec un immense talent de conteuse, l'Espagnole Irene Vallejo nous entraîne dans un périple haletant de la bibliothèque d'Alexandrie à la vocation universaliste à la chute de l'Empire romain en passant par Pergame ou encore le couvent San Marco où naquit « la première bibliothèque moderne ».
L'autrice n'hésite pas à faire des incursions dans des époques plus récentes. Pour mieux souligner, malgré toutes les vicissitudes (censure, oubli, destructions volontaires ou non, autodafés...), la pérennité du livre, et ce, quelles que soient ses supports, à part le très fragile papyrus. Le livre et les endroits qui l'abritent – bibliothèques publiques et privées, librairies... - furent une invention si formidable que, aujourd'hui encore, ils sont à l'origine de multiples innovations technologiques. Irene Vallejo cite l'exemple d'Internet : « le réseau électronique […] est une réplique du fonctionnement des bibliothèques », l'URL étant « l'équivalent […] de la cote d'une bibliothèque. »
Elle ose même, attitude peu commune pour une scientifique fût-elle spécialisée en philologie, nous plonger dans un récit plus intime. Elle se souvient ainsi de son enfance et de sa mère lui racontant des histoires : « ce temps de lecture me semblait un petit paradis provisoire ». Elle se rappelle sa professeur de grec avec laquelle elle découvrit « l'incroyable joie de l'apprentissage »...
Un grand merci à Babelio et à la maison d'édition Les Belles Lettres de m'avoir offert ce livre, puissant hommage au pouvoir des mots figés pour toujours dans l'éternité, qui se lit comme un roman d'aventure et n'est pas dénué d'un humour réjouissant !
EXTRAITS
Toute bibliothèque est un voyage...
Un catalogue n'est pas juste un appendice de la bibliothèque ; c'est son concept, son liant et son apogée.
Dans une société qui n'eut jamais de livres sacrés, l'Iliade et L'Odyssée étaient ce qui ressemble le plus à la Bible.
Avec la colère d'Achille s'ouvre la route qui nous emmène sur les terres d'Euripide, de Shakespeare, Conrad, Faulkner, Garcia Lorca, Rulfo.
Nous comprendrons notre identité seulement si nous la confrontons à d'autres.
C'est pourquoi l'Europe est née quand elle a accueilli les lettres, les livres, la mémoire. Son existence même est redevable au savoir volé en Orient. Rappelons qu'il y eut un temps où, officiellement, les barbares, c'étaient nous.
En une nuit, Cléopâtre vint, vit et séduisit.
La grande Bibliothèque me fascine […], car elle inventa une patrie de papier pour les apatrides de tous les temps.
Le roman est, au fond, un éloge des ces territoires où on conjure l'oubli.
J'écris pour que les contes ne s'arrêtent pas.
On doit aux livres la survie des plus belles idées fabriquées par l'espèce humaine.
Le livre est un message.
Nous sommes les seuls animaux à raconter des histoires.
Depuis toute petite, Irene Vallejo baigne dans les livres grâce à sa mère qui lui lisait énormément d'histoires.
Et l'écriture et les livres sont devenus sa passion.
Alors, avec un courage pharaonique, c'est le cas de le dire, elle a entrepris ce livre.
Elle est remontée aux toutes premières origines de l'écriture et de la transmission.
Depuis l'Antiquité jusqu'aux tablettes numériques, il semblerait qu'elle n'ait rien oublié.
C'est un travail pharamineux qui laisse sans voix.
Quel dommage que je sois si ignare en histoire
Malgré cela, j'ai été passionnée et le fait qu'Irene Vallejo mêle des passages de sa vie personnelle et des faits et des références littéraires ou cinématographiques actuels, permet à une néophyte de mon espèce d'avoir suivi sans difficultés cette fabuleuse épopée de l'écriture, des livres et des bibliothèques.
J'admire énormément cette capacité à mener des recherches très précises et à conclure un livre si abouti.
On traverse à travers toutes les civilisations le long chemin qui nous a mené jusqu'aux lecteurs de babelio et de Navarre.
C'est une superbe aventure dans laquelle nous embarque l'auteure.
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