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Sélection Prix des Lecteurs 2021
Esther grandit à Marseille dans les années 1970 au sein d'une famille pour le moins fantasque. Sa mère, soixante-huitarde, athée, est une secrétaire anticapitaliste. Son père, juif pied-noir, banquier de son état, est un maniaque despotique.
Lorsque ses parents l’inscrivent dans une école privée catholique avec son petit frère hyperactif, elle décide de se venger… en se faisant baptiser.
« Je suis née d’une levrette, les genoux de ma mère calés sur un tapis en peau de vache synthétique. » Dès la première phrase, le ton est donné.
Mais derrière son apparente légèreté, le livre aborde des sujets profonds (la religion, le racisme, la décolonisation, la folie, les violences psychocologiques...)
J’y ai également vu un aspect sartirique, une dénonciation de ce qu’on appelle l’hypocrisie de gauche à l’aune de l’arrivée du candidat socialiste au pouvoir. (Un banquier peut-il réellement être de gauche ?)
La petite conformiste est aussi l’histoire d’une famille dysfonctionnelle avec ce drame final qui m’a laissé quelque peu perplexe. Malgré cela, j’ai beaucoup aimé ce premier roman percutant et son style mordant. Une des belles découvertes de ce prix des Lecteurs 2021.
C’est un premier roman, et je trouve que l'autrice a fait fort pour une première fois. C’est le genre de livre que vous n'oubliez pas, à cause de l'histoire, mais surtout à cause de son style d'écriture, incisif, acéré.
Lorsque la toute première phrase est : « Je suis née d'une levrette, les genoux de ma mère calés sur un tapis en peau de vache synthétique. », le ton est tout de suite donné au roman. Ça pose l'ambiance d’entrée de jeu et on comprend que le style va être moderne et anticonformiste justement, tout l'inverse du titre. La parole est donnée à la fille de la famille, et on comprend aussi très vite que c’est elle qui va être « la petite conformiste » du titre.
Cette petite fille, c’est Esther. Elle naît au milieu des années 70, ses parents sont des ex-soixanthuitards, le père travaille dans une banque, la mère est secrétaire. Ils aiment se promener nus dans leur appartement, et font l'amour un peu partout n'importe quand, surtout dans le canapé le dimanche après-midi, devant « L’école des fans » de Jacques Martin. Esther aura un petit frère, né trois ans après elle. Elle appelle ses parents par leur prénom. Son père, Pascal, est originaire d'Algérie, c’est un pied-noir, expatrié d’Algérie en1962 pour venir vivre à Marseille. Les origines juives sont fortes, la grand-mère Fortunée prend beaucoup de place dans les décisions. La mère, Elizabeth, est française, et athée. L’excentricité de ses parents fait que Esther ne se sent pas à l'aise dans sa famille. Son père a de nombreuses manies, qui empoisonnent la vie de la famille. Il dresse en permanence de nombreuses listes qu'il répète comme des litanies. Esther va ainsi grandir dans cette ambiance, renforcée par les changements sociaux, on est en 1981 avec l’arrivée de la gauche au pouvoir et ses nombreuses promesses. Esther va chambouler l’ordre de vie de sa famille quand elle ira dans une école catholique et surtout qu'elle voudra se faire baptiser et sa communion. On s'imagine très bien que sa différence est très voyante au sein de cette famille.
Et tout ceci pour nous mener vers un drame qui sonne comme une évidence. J'aurais dû me douter, je sentais depuis le début du roman que quelque chose allait arriver, de quelle nature, je ne pouvais le dire. Quand j’ai assisté à ce drame, cela m'a paru évident, et pourtant je ne m'y attendais pas. Mais maintenant que je le sais, en effet, tous les signes étaient bien présents.
Je me suis attachée à Esther, tout en restant détachée d'elle, c’est assez ambigu comme ressenti. La narration à la première personne permet de s'attacher à elle, de ressentir toutes les émotions qui la traversent. Je suis toujours plus sensible à ce genre de narration, car elle me permet de rentrer dans la peau du personnage, de rentrer dans sa tête et de savoir ses pensées les plus intimes. Cela m'a permis de prendre sa place au sein de cette famille pas comme les autres, et je dois dire que l’expérience est assez perturbante. Comment aurais-je réagi face à de tels parents, je ne sais pas. Quand on est enfant, et surtout quand on arrive à l'adolescence, on rentre souvent en conflit avec ses parents, alors quand ceux-ci ressemblent aux parents d'Esther, on se dit qu'elle aurait pu tourner plus mal. Surtout on comprend qu'elle ait voulu faire des choses à l'opposé d'eux, école catholique, baptême, etc…
Cette famille est hors du commun, l’excentricité des parents fait qu’on a l'impression qu'ils vivent dans un autre monde. Mais quand on remet ça dans le contexte de l'époque, c’est tout à fait crédible. La libération sexuelle et de la femme a bouleversé la société. Ces jeunes femmes se sont alors heurtées à leurs propres parents qui leur paraissaient totalement vieux jeu.
Ingrid Seyman a vraiment très bien retranscrit l'époque, l'ambiance qui y régnait. J’avais à peu près le même âge qu'Esther dans les mêmes années, je me souviens de l'élection de Mitterrand, du choc que ça a fait, je suis issue d'une famille stricte, à l'inverse de celle de Esther, et je me rappelle très bien cette époque où les gens prenaient de plus en plus de liberté et où cela choquait les personnes plus strictes. Bref, tout cela pour dire, que l'autrice a très bien détaillé ces années là, et je me suis parfois reconnue dans certains aspects ou certaines amies d'Esther.
Tout cela est porté par un style très fluide, ça se lit très facilement, sans lourdeurs et sans complications. J'ai beaucoup aimé les nombreuses touches d’humour qu'a mis l'autrice. Cela allège énormément le récit et surtout le drame que l'on sent sous-jacent. Certains scènes sont cocasses et apportent des bulles de légèreté. J'ai souvent souri. J'ai bien ressenti l’atmosphère, et j'ai surtout eu l'impression d'avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête, me demandant quand elle allait me tomber dessus. Par contre, j'ai eu du mal à m’attacher aux personnages, et je ne sais pas dire pourquoi. Peut-être parce que ça va un peu trop vite, et que j’aurais parfois aimé que certains aspects soient un peu plus développés. Comme la fin, un gros drame de passe à quelques lignes de la fin, d'ailleurs, n'allez surtout pas la lire par curiosité, car vous serez trop vite spoliés et ce serait vraiment dommage. Donc je disais, que j’aurais aimé que ça continue un peu. En fait, j'aimerais savoir ce qu'il s'est passé alors pour Esther. Mais le charme de ce livre, c’est aussi justement ces drames et cette fin rapide.
J'ai passé un bon moment avec ce roman, ce n'est pas non plus un coup de cœur. C’est assurément une histoire que je n'oublierai pas de sitôt, je ne saurais pourtant pas vous dire ce qu'il m'a manqué pour que ce soit plus intense. C’est vraiment un ressenti personnel par rapport à l’histoire, et cela n'est sûrement pas partagé par tous.
Une chose est sûre, c’est que j'ai aimé la plume de Ingrid Seyman et j'aimerais beaucoup la lire à nouveau. Je vais donc la suivre de près afin de ne pas louper une future parution. Je suis curieuse de savoir quel sujet elle va traiter.
Je vous conseille bien sûr ce roman, il faut le lire et le découvrir et vous faire votre propre ressenti. Il est intéressant par les sujets qu'il traite et par l'ambiance, parfois très extravagante. Rien que pour ça, il faut le lire.
Pour Esther, difficile de s'épanouir au sein de sa famille excentrique, entre un petit frère hyperactif et des parents complètement déjantés, nostalgiques de mai 68, qui se baladent nus dans l'appartement et emmènent leurs enfants en boîte de nuit.
La petite fille, désespérément en quête de normalité, fait tout pour se fondre dans la masse, et grâce à son intelligence et à sa grande maturité, elle parvient plutôt bien à donner le change dans le monde extérieur.
Dans son école catholique privée, elle se fait intégrer facilement en adoptant les codes de ses petits camarades. Hors de question de dire que sa mère est secrétaire à la mairie de Marseille, car les fonctionnaires « sont tous des fainéants ». Pas question non plus d'afficher les convictions politiques de gauche de ses parents. Esther ira même jusqu'à se faire baptiser pour se démarquer de son père juif et de sa mère athée. Mais jouer un rôle au quotidien n'est pas de tout repos, et Esther vit dans l'angoisse permanente de se faire démasquer.
A la maison, pour échapper à la folie ambiante et trouver des repères, Esther se rassure avec les règles d'orthographe, et en rangeant ses livres selon différents modes de classement dans sa bibliothèque.
Les situations improbables s'enchaînent, et le ton léger et entraînant contraste avec l'atmosphère toxique et malsaine qui règne au sein de la famille. Car les lubies et les obsessions du père, qui dans un premier temps prêtent à sourire, font en réalité vivre un enfer à sa femme et ses enfants, et les isolent peu à peu. Esther vit de plus en plus mal dans ce contexte étouffant et imagine toutes sortes de stratagèmes pour faire disparaître ce père encombrant.
La tension monte crescendo, jusqu'à la fin que je n'avais pas vu venir et que je me suis prise comme un mur en pleine figure.
L'histoire est rythmée, et les phrases drôles et percutantes en font un roman agréable à lire. Cependant, j'ai trouvé qu'il y avait un peu trop de clichés et de stéréotypes, ce qui rend l'ensemble un peu artificiel.
Une lecture sympathique mais qui laisse un petit arrière goût amer.
Lu dans le cadre du prix des lecteurs du livre de poche 2021
Franchement déroutant, bouleversant et touchant à la fois, ce livre a toutes les qualités de sa protagoniste !
Elle est craquante cette petite Esther née dans une famille post soixante huitarde déjantée, un père juif pied noir, rapatrié d'Algérie et nostalgique de la vie d'avant, bourré de tics et fana de « to do » listes et une mère anticapitaliste mittérandiste avant l'heure, et après !! couple oscillant entre entente sexuelle exubérante et menaces de divorces à répétition.
Cette petite n'est pas née dans la bonne famille car elle est de droite !! et adore le sérieux, la rigueur et l'ordre.. qui lui font tant défaut.
Sa vie, qu'elle aimerait calme et rangée ne manque pas de piquant ni de péripéties qu'elle raconte avec force détails et un allant remarquable.
Car elle est bien mûre pour son âge !
Qu'elle ait 3 ans ou 13 ans, son regard est acéré et les remarques bien pertinentes ; De nos jours, on la dirait à Haut potentiel intellectuel, tout comme son petit frère Jeremy serait qualifié d'hyperactif.
J'ai bien aimé ce petit livre rouge, truculent et vif, le regard tranchant sur ces années là dont on découvre en ce moment les exubérances et extravagances ravageuses sur les enfants, l'éducation libre pour ne pas dire libertaire de certaines familles auxquelles s'opposaient les autres, plus nombreuses, nettement plus rigoureuses pour ne pas dire rigoristes!
Les conséquences de l'arrivée des rapatriés qui cherchent à s'adapter tout en maintenant leurs traditions sont encore très fraîches, même en 1981 et les difficultés psychologiques de certains bien présentes.
Embarqués sur un rafiot qui prend l'eau, nous, lecteurs, suivons le cours mouvementé de cette vie jusqu'à la chute très inattendue et brutale qui nous laisse muets !
Bref, ce fut un beau moment de lecture et je remercie le Prix des lecteurs du Livre de Poche pour cette découverte !
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