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Jonah Hancock est marchand et armateur. Mais voilà que le capitaine d’un de ses navires lui apprend qu’il a vendu son navire ! En échange, il lui propose une sirène. Or, la créature est non seulement assez laide mais en plus morte. Si au début Mr Hancock est bien embêté, force est de constater que les gens sont prêts à payer cher pour avoir le privilège de contempler cette petite chose étrange. Alors l’armateur va exposer la sirène, faisant ainsi fortune et pénétrant par la même occasion dans des sphères mondaines qui lui étaient jusque-là inconnues. C’est là qu’il va faire la connaissance d’Angelica Neal, courtisane fort prisée et grande manipulatrice. Entre ces deux êtres aux antipodes l’un de l’autre va se nouer une relation improbable et étonnante.
Imogen Hermes Gowar nous entraîne dans l’Angleterre de la fin du XVIIIème siècle à travers ce récit passionnant qui mêle le fantastique et le roman historique. Elle nous emmène à la rencontre d’aristocrates décadents, de demi-mondaines prêtes à tout pour s’extraire de leur condition et de marchands avides de richesses. Le meilleur côtoie le pire, et les plus vils personnages ne sont pas forcément ceux auxquels on pense.
Avec ce titre digne des contes des Mille et une nuits, l’auteure nous immerge d’emblée dans un récit onirique qui frôle parfois le cauchemar pour ses personnages qui ne semblent parfois plus maîtres de leur destin. Car la sirène est douée de pouvoirs étranges et peut entraîner ceux qui la côtoient très loin.
On suit avec beaucoup d’intérêt ce récit enchanteur qui mélange savamment la fable et la critique d’une société où le paraître est le maître de tout et qui laisse peu de place à ceux qui peuvent montrer quelques faiblesses.
C’est un premier roman parfaitement maîtrisé, aussi bien par le style que par l’enchaînement des péripéties et par les portraits qu’il dresse des différents protagonistes.
Il faut céder au chant de cette mystérieuse sirène sans hésiter !
La sirène, le marchand et la courtisane de Imogen Hermès Gowar
Une plongée tumultueuse dans Londres 1875 entre l'univers d'un homme d'affaires et celui des courtisanes et des “couvents”.
Le capitaine du navire dont M. Hancock est propriétaire, rentre sans navire et sans chargement. Il a tout vendu pour une créature, une sirène. Mais ce n'est pas la sirène dont on peut rêver. Il s'agit d'une créature hideuse. En homme d'affaires soucieux de ses intérêts, M. Hancock l'exhibe pour en tirer profit.
Il la prête à une maquerelle. Et c'est lors de cette soirée d'exhibition qu'il rencontre Angelica Neal, la courtisane de notre histoire, qui cherche un nouveau gentleman. Mais malgré l'attirance de M. Hancock et la sécurité qu’il peut représenter, ce n’est pas vers lui qu’elle se tourne mais vers un jeune homme qui lui promet monts et merveilles et mariage. Ce que cherche Angelica c’est l’amour.
M. Hancock reste envouté par cette courtisane autour de laquelle il continue à tourner.
On va alors suivre les déboires d’Angelica qui doit se refaire une place dans le monde impitoyable des courtisanes, M. Hancock démuni face à son trésor dont il ne sait que faire va tout de même tenter de gagner le cœur de la courtisane.
L’histoire est fascinante et le style m’a complètement conquise.
L’auteure maîtrise totalement la cacophonie de certaines scènes, leur description, les dialogues relevés. C’est vivant. Elle sait manipuler son histoire et ses personnages pour nous faire passer du rire à l’émotion, distiller de la tristesse au milieu de cette exhibition, de cette lutte de pouvoir.
Imogen Hermes Gowar a su allier le grotesque, le drame, la comédie en y ajoutant subtilement de la magie
On ne peut qu'être happé par l'histoire, charmé par le style piquant, ironique et espiègle.
Dans un premier roman époustouflant de virtuosité, Imogen Hermes Gowar nous entraîne à la fin du XVIIIe siècle dans une Angleterre avide de nouvelles découvertes, sur les pas d'un marchand prêt à tout pour obtenir les faveurs d'une femme qui a compris comment le manipuler.
Jonah Hancock est bien seul dans sa grande maison, si l'on omet le chat qui joue avec la souris qu'il a capturée. À 37 ans son épouse Mary a succombé en mettant au monde leur fils Henry, mort-né. Alors Hancock vit avec ses fantômes.
À une dizaine de kilomètres de là, dans un faubourg de Londres, Angelica reçoit Mrs Chappell, la mère maquerelle pour laquelle elle travaillait jusque-là. Car elle a décidé de continuer à recevoir des hommes, mais de s'affranchir de celle qui lui a appris à paraître bien davantage qu'une prostituée. Désormais, elle rêve de s'élever dans la société.
Hancock est sur les nerfs. Il a engagé une forte somme en affrétant un bateau dont il n'a plus de nouvelles. Et ce n'est pas les le capitaine Jones qui le rassure. Il revient sans bateau et sans cargaison, avec un simple paquet.
Il a tout vendu pour revenir avec un cadavre, mais pas n’importe lequel. Celui d'une sirène aux longs cheveux noirs. En cette fin de XVIIIe siècle, cette attraction qui devrait lui rapporter bien plus qu'il n'a perdu. D'abord incrédule, il doit bien constater que le bouche-à-oreille fonctionne. «Les premiers clients arrivent juste après l'aube et les visiteurs continuent à affluer même après que les cloches de St. Edmund ont sonné minuit; au cœur de la nuit, il faut tirer le verrou à la porte pour les empêcher d'entrer. Un groupe de catholiques vient prier pour débarrasser la créature de ses démons, mais en dépit de leur baragouin, la sirène ne remue pas ne serait-ce qu'une écaille. Des étudiants arrivent d'Oxford, déjà ivres, et la libèrent de sa cloche de verre avant de se la disputer en se battant entre eux. Après cet incident, Mr Murray s'arme d'une Matraque. Un émissaire de la Royal Society vient étudier la sirène: bien qu'il déclare n'être pas du tout déconcerté, son expression parle pour lui.»
En entendant parler de cette foule qui se précipite Mrs Chapell voit tout l'intérêt qu'elle pourrait tirer de la chose et propose un marché à Hancock, louer la sirène et en faire la principale attraction d'un spectacle qu'elle va imaginer. Après quelques réticences, il finit par accepter et se voit entraîner dans le monde de la nuit et du stupre, y fait la connaissance d'Angelica, qui comme lui espère sortir de sa condition. Mais contrairement aux politiques et aux hommes d'affaires corrompus, il se sent mal à l'aise devant tant de débauche et fuit, avant de réclamer sa sirène. Pour le faire changer d'avis, l'envoyé de Mrs Chapell lui transmet une invitation d'Angelica.
«Mr Hancock est un homme particulièrement impressionnable, c'est vrai. En moins de quatre heures, il se décide à visiter Angelica Neal dans la soirée. Il ne sait ni ce qu'il dira, ni ce qu'il fera, Mais elle m'attend, pense-t-il, je ne peux pas lui faire le déshonneur d'ignorer son invitation.»
Mais ce soir-là, il ne rencontra pas la prostituée, se décidera à récupérer son bien qu'il vendra pour 20000 livres, de quoi satisfaire ses projets de bâtisseur.
Après la sirène, voici le marchand et son ambition. On va le suivre dans Londres au moment où la ville se transforme, où de nouveaux quartiers émergent. Ce monde de la fin du XVIIIe siècle se construit sur des croyances et des rêves autant que sur l’ambition qui aveugle.
Avec un art consommé de la mise en scène, Imogen Hermes Gowar montre combien les femmes savent alors jouer de ces ambitions, profiter de l'aveuglement de ceux qui sont éblouis par l'irrépressible besoin d'ascension sociale, quitte à être à leur tour victimes de leurs propres ambitions. Très documenté, le roman entraîne le lecteur dans ce siècle où l'amour se pare de mysticisme et où les apparences sont fort souvent trompeuses. Comme dans Miniaturiste de Jessie Burton, on se frotte à la rigueur des uns, aux rêves des autres. C'est subtilement beau et c'est formidablement réussi pour un premier roman !
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Ce premier roman paru en 2018 en Angleterre, avec grand bruit et on le comprend, débute en 1785 à Londres. Le butin rapporté par l’un des capitaines qui a vendu le bateau que lui avait confié le marchand Hancock pour l’acquérir défraie la chronique : il s’agit d’une sirène ! Qui va changer le destin des quelques personnages qui l’auront croisée.
Hancock ne réalise pas le bouleversement qui va résulter de cette acquisition. La gloire et la fortune sont à portée de mains. Mais l’amour ? Qu’en est-il pour ce veuf inconsolable qui vit en reclus avec sa cuisinière sa nièce ?
Pour l’abbesse qui contrôle avec beaucoup de rigueur l’armada de ses filles, attirant tout ce que Londres recèle de gratin mondain, l’attraction serait lui ferait une publicité opportune. C’est lors de la première qu’Hancock faite connaissance d’Angelica, une sulfureuse beauté avide de douceurs et de bijoux …
Une sirène peut en cacher une autre, si la renommée de la première est un feu de paille, la quête d'une nouvelle attraction pourrait s'avérer beaucoup plus dangereuse…
L’auteur restitue à merveille la vie quotidienne de cette fin de dix-huitième siècle et offre une galerie de personnages passionnants.
Aucun ennui dans le déroulé de la narration, qui associe une description documentée à une touche de fantastique suffisamment adroite pour confiner à la métaphore;.
Une lecture réjouissante et divertissante.
Merci à Netgalley et aux éditions Belfond
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