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Cette deuxième et dernière partie du manga change de ton après la violence silencieuse, presque banale, l'angoisse et les doutes sur ce qui se déroule (Nana, la protagoniste, a tué son mari violent et l'a mis au congélateur. Or, il réapparait le lendemain, l'air de rien et doux, comme un mari idéal pendant qu'il est aussi mort dans le congélateur. Et le tout avec une grande cohérence).
Mais ce tome est comme fade, décevant. D'autres trouveront peut-être le deus ex machina fantastique...
Kamata (l'ami du mari est ex prétendant de Nana) continue son entrée en scène et c'est plutôt une tournure de suspense qui prend racine. Ce dernier est-il aussi gentil qu'il semble l'être, est-il celui qui va sauver Nana comme elle le croit et le lui demande en l'emmenant loin de chez elle ?
Le ressort de la fin est grossier, il aurait pu être travaillé de manière plus subtile comme l'a été tout le premier tome. C'est, dans l'ensemble, un beau manga, étrange, questionnant mais inégal dans le deuxième tome qui change radicalement de ton et qui, avec sa fin, vient laisser un arrière goût de "décevant" et grossières ficelles.
SPOIL
L'idée de gémellité (du mari) est très convenue et archi vue mais pourquoi pas. C'est tellement connu qu'on ne s'y attendait pas. Le fait qu'admnistrativement les deux jumeaux ne soient pas inscrits à l'état civil est un peu tiré par les cheveux mais pourquoi pas aussi. Cependant, les deux ensemble pour justifier qu'ils interchangent leur place auprès de Nana n'a pas de cohérence.
Ce 2e manga pose la question sur la lucidité (folie?) de Nana et son désir de fonder une famille "chaleureuse " - sic, car si elle pense avoir tué le jumeau violent et vivre avec le jumeau doux, il semble que cela ne soit pas tout à fait cela. Les traces laissées en ce sens sont grossières : la mère, le rapport du détective, la voisine, Kamata soudain désigné par la police comme meurtrier, l'accès soudain de violence du mari doux qui se ressaisi tout de suite...
Le mari violent et manipulateur aurait en fait tout orchestré et la première concernée n'y voit que du feu. Les tierces personnes émettent des doutes et passent à autre chose puisque l'ensemble reste cohérent et positif vu de l'extérieur avec la confirmation de cet état par la/le principal(e) concerné(e) comme souvent dans les violences conjugales.
Etrange et captivant. Le titre dit tout : une énormité horrible dans une phrase toute simple et banale.
Et ce manga est exactement ça : des violences distillées partout, qui pourraient presque passer inaperçues tant elles sont intégrées au quotidien (les mots, les coups, l'obligation aux relations sexuelles, la peur, les revirements de comportement, l'attachement, les silences à voix hautes et les pensées incessantes dans la tête qui parfois s'échappent, l'absence d'un tiers extérieur dans le huis clos avec pourtant un couple qui a une vie professionnelle, même le grand-père décédé qui offre des glaces en forme de bâton à la petite Nana qu'il appelle Tae du nom de sa maitresse et qui m'est très mal à l'aise...). Et enfin, le passage à l'acte de Nana, la protagoniste (elle tue son mari). Cet acte perdure d'ailleurs, il ne s'arrête pas, il se transforme, il est lancinant...
Est-ce de la folie, une machination de la voisine auteure de polars s'habillant en maquerelle, une mise en scène de Ryo (le mari), une fiction-fantasy ? Impossible de savoir avec ce premier tome (il y en a 2).
Le scenario comme le dessin est très maitrisé, tout est fluide, l'histoire est cohérente et pourtant, si nous nous en extrayons, ce n'est pas possible, elle est même incroyablement violente, trash et viole les codes moraux et sociaux.
Et l'introduction de ce Kamata (un homme) qui pense que l'agresseur à plus à perdre que la victime car il ouvre lui-même son propre enfer (un discours pervers ?), n'est-il pas ambigu et violent à sa façon par l'antagonisme entre ce qu'il donne à percevoir et ce qu'il fait & dis (ces paroles ci-dessus, ouvrir toutes les portes de la maison sans autorisation pour probablement voir l'intimité de Nana ou du couple...) ?
C'est un livre particulièrement brillant sur les violences et l'anesthésie humaine pour les reconnaître, leurs banalisation pour certaines. C'est probablement aussi une démonstration subtile de ce qu'est le triangle de Karpman dans la vie quotidienne.
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