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Les Eygletière : une famille aisée à Paris dans les années 60. Philippe, le père, est divorcé et remarié avec une personne plus jeune que lui. Cela ne l'empêche pas de tromper sa femme et de donner des conseils à son fils aîné pour qu'il suive la même voie que lui, finalement au détriment des deux. La société change et les jeunes filles hésitent moins à avoir des rapports sexuels avant leur mariage. C'est le cas de sa fille et de son autre fils, qui lui se voit même dans l'obligation de se marier. Quand à sa fille, elle va quitter elle aussi l'aisance familiale pour vivre avec un homme plus âgé qu'elle et sans argent. Puis il y a la tante en Normandie qui débarque quand tout va mal... Chacun des personnages s'exprime l'un après l'autre et on sait donc ce qui les torture au fond d'eux-mêmes.
J'avais adoré ce roman alors que j'étais ado mais il ne m'a pas fait le même effet à la relecture. Il a fallu que je lise une centaine de pages avant d'entrer dans leur histoire et j'ai eu des difficultés à m'attacher aux personnages. Ce qui est cependant intéressant, c'est de suivre l'évolution de la société et comment les jeunes passent difficilement de l'adolescence aux responsabilités d'adulte, ce qui est encore vrai aujourd'hui.
Une plume remarquable pour raconter une enfance qui se cherche dans sa différence et son manque de reconnaissance.
Dans ce recueil de 2 textes, Viou est le premier tome d’une trilogie.
C’est l’histoire de la petite Sylvie Lessoyeux, surnommée Viou, dont le père est mort sous les balles à la Libération et dont la mère travaille comme secrétaire médicale à Paris.
Viou est gardée par ses grands-parents. Si le grand père lui donne sa confiance et de l’affection c’est rarement et en catimini car la grand-mère bigote, froide et sombre veille à élever l’enfant à la dur. Les gamines à l’école ne sont pas sans lui rappeler qu’elle est différente des autres car elle n’a même pas de papa… L’école n’est vraiment pas un plaisir et rêveuse, elle est trop distraite et peu à l’écoute d’une maitresse qui lui colle de mauvaises notes.
Viou ne trouve de véritable affection qu’auprès du chien de chasse de la maison.
Henri Troyat a un talent d’écrivain exceptionnel pour s’investir dans le personnage de la fillette, dans ses pensées, ses sentiments, son caractère, ses joies et peines, ses douleurs et ses espoirs, ses révoltes, ses rêves…
Il laisse ici un témoignage imagé des familles bourgeoises provinciales françaises encore tenues sous le carcan d’une sévère église catholique à l’aube du modernisme et d’une timide ouverture d’esprit libertaire qui va redonner du souffle à cette jeunesse d’après-guerre asphyxiée par une discipline sans air.
La fillette voue un culte absolu à sa mère moderne, élégante, joyeuse, aimante qu’elle ne voit que quelques jours à Noël et à Pâques. Une bouffée d’air frais qui répond à sa recherche d’affection, sa quête d’identité, sa fierté d’être. Cette mère qui la valorise va se remarier et emmener Viou à Paris.
Un texte éblouissant de talent mais le texte suivant l’est tout autant.
Il s’agit d’Aliocha. Les parents, des Russes blancs, ont fui leur pays et sont réfugiés en France avec une seule obsession celle de retourner un jour à Moscou. Mais Lénine sera remplacé par Staline…
Alors qu’à la maison on entretient la culture russe, on parle russe, on mange russe, Aliocha lui, n’en n’a cure car il adore la France et se passionne pour sa littérature.
Il se liera d’une profonde amitié avec le premier de sa classe, fragile de santé mais brillant. Il se nourrira de ce jeune garçon qui l’invitera dans sa famille très riche et se fera apprécier par les maitres de maison car les parents sont ravis de voir leur fils malade être enfin heureux de vivre depuis qu’il a trouvé une amitié solide en Aliocha.
Aliocha a honte de les recevoir chez lui et refuse que sa mère cuisine russe. Pourtant les parents de son ami et son ami lui-même sont curieux du monde russe et montrent grand intérêt à leur culture.
Aliocha qui n’a jamais voulu lire Dostoïevski ou Tolstoï est surpris que son ami les lui conseille. Aliocha finira par s’intégrer comme l’est son souhait le plus fort mais comprendra qu’il ne doit pas devenir un étranger aux yeux de ses parents.
Ce deuxième texte est certainement à fort teneur autobiographique car il traduit profondément cette recherche de reconnaissance et d’identité d’un enfant de famille émigrée dans un pays d’adoption.
Une écriture brillante !
C'est la vie du peintre David qui nous est contée ici, à travers le récit de son épouse Charlotte. Celle-ci n'a pas eu le coup de foudre quand elle a rencontré David mais très vite, elle a vénéré son mari et l'a accompagné dans ses luttes les plus féroces. David s'est emballé rapidement d'abord pour Robespierre puis pour Napoléon, souvent à ses risques et périls, alors que Charlotte était elle, beaucoup plus conservatrice. Leurs divergences d'idées les a même amenés à se séparer quelques années mais ils n'ont pu vivre longtemps l'un sans l'autre. C'est un récit d'amour, coloré par les tableaux de David qu'on aucun mal à percevoir, et avec pour contexte une période de l'Histoire passionnante : Révolution, Empire puis Restauration. le tout est admirablement traité, montre les idéaux et les faiblesses de chaque gouvernement. Si les Eygletière, roman que j'avais adoré dans les années 80, ne me semble plus au goût du jour (je l'ai relu récemment), celui-ci peut traverser le temps sans problème.
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