Au cœur de cette rentrée d'hiver, 5 romans étonnants qui racontent la renaissance et la métamorphose
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Soixante kilos de soleil est un roman d'apprentissage, dépaysant, culturel et piquant. Premier volet d'une trilogie romanesque de Hallgrïmur Helgason de l'histoire islandaise. Une plume incisive et caustique, une fresque historique bouleversante, puissante, poétique et généreuse. Un amour monumental pour son peuple et la tendresse d'une nation. Acte de résilience, transition de la pêche au requin. On suit l’histoire de l’Islande, qui s’extrait progressivement d’un passé fait de privations et de souffrances.
De formation artistique et d’abord connu pour ses peintures et ses dessins, Hallgrimur Helgason est devenu une grande voix de la littérature islandaise, à l’ironie caractéristique. Avec ce premier tome d’une trilogie explorant les transformations de l’Islande depuis son émergence d’un quasi Moyen Age au tournant du XXe siècle, il entame une vaste fresque digne des grandes sagas islandaises.
L’Islande ne serait pas devenue la nation d’aujourd’hui sans cette manne providentielle que fut le hareng et ses grands bancs appréciant ses eaux froides. Pourtant, tout entiers tournés vers la pêche au requin, dont, considérant sa chair toxique, ils se contentaient de prélever le foie pour le précieux combustible que son huile fournissait au monde, ses habitants dédaignèrent longtemps ce qu’ils considéraient un « poisson de malheur », lui préférant les sombres et visqueuses soupes de lichens, bien insuffisantes face aux habituelles disettes.
En cette fin de XIXe siècle, la vie en Islande est restée cadenassée à l’âge de pierre. Sans routes et cernée par des eaux tempétueuses prises par l’embâcle une bonne partie de l’année, cette terre inaccessible et enclavée par des reliefs abrupts, torturée par le froid et les intempéries incessantes, plus souvent caressée par l’obscurité que par la lumière du jour, n’est encore qu’un monde « figé depuis mille ans », ne connaissant ni roue, ni argent, ni allumette, où « les tâches saisonnières forment les maillons fixes d’une chaîne immuable », « chaque journée de travail [...] la suite logique de la veille et le prélude au lendemain. »
Lorsque, épuisé, le fermier Eilifur Gudmundsson rentre chez lui avec les trois kilos de farine qui lui a fallu aller quérir à plusieurs jours de marche dans la neige et la tempête pour sauver sa famille de la famine, sa maison de tourbe au toit herbu a disparu, avalée avec ses habitants par l’une de ces avalanches dont la fréquence fait dormir les gens encordés les uns aux autres. Protégée par une poutre, seule la vache a survécu et, avec elle et son lait, le dernier né, Gestur, un petit garçon de deux ans. Ainsi commence le récit d’apprentissage d’un enfant qui connaîtra trois vies au gré des aléas qui continueront à s’enchaîner, et, à travers lui et une myriade de personnages hauts en couleur, aux corps tordus comme des clous et aux trognes avinées, mais héroïquement accrochés aux merveilles d’humanité cachées sous la misère, la crasse et les vieilles croyances, l’épopée picaresque d’un bout de terre oublié, soudain transformé en « Klondyke » lorsque les Norvégiens viennent y pêcher massivement le hareng.
Son ironie caustique fait tout le sel de cette fresque pittoresque et attachante, où les âpres beautés de l’Islande n’ont d’égale que la vaillance de ses habitants, des « crétins » archaïques, impressionnants d’énergie et désarmants de poésie, sautant tardivement du servage moyenâgeux au capitalisme moderne. Captivé tout au long de ses près de six cents pages, l’on referme ce drôle et formidable roman avec une hâte : que la traduction française du deuxième tome déjà paru en islandais soit au plus vite disponible. Coup de coeur.
Style bien particulier, pour un pays bien particulier.
L’Islande littéralement « pays de glace », territoire hostile se peuple, tout d’abord, au IX-Xème siècle par des colons norvégiens fuyant des conflits nationaux, des chefs de clans créent une assemblée, l’Althing, le plus vieux parlement du monde. Au XIIIème siècle (1262), l’île devient une colonie du Royaume de Norvège.
En 1536, l’Islande passe sous domination du Danemark qui s’empare du commerce local.
Le pays glisse peu à peu vers la pauvreté (XVIIIème siècle) suite à de nombreuses catastrophes naturelles et des tentatives de développement économique qui avortent les unes après les autres.
Hallgrimur Helgason, dans son roman « Soixante kilos de soleil », nous emmène dans un fjord de la côté nord : le Segulfjördur (fjord de l’Aimant) et nous narre l’existence de quasi-bête de la population de ce golfe, regroupée en petits villages mais parfois en fermes isolées vue la faible densité.
Lorsque l’on aborde ce roman, il faut faire abstraction des noms islandais patronymes ou lieux géographiques, l’accoutumance vient au fur et à mesure des pages comme le font les corps au froid local.
Notre auteur affirme qu’il faut, pour être apprécié de ses congénères, être un bon conteur et Hallgrimur n’a pas de souci à se faire de se côté. Dans un style bien à lui, mélange de descriptions très imagées et d’humour caustique avec des passages de pure poésie, il nous attache, rapidement, à ce petit peuple de pauvres paysans, qui vivent d’un maigre troupeau et du troc des bonnets, gants, écharpes qu’ils tricotent au magasin (tenu par un danois) contre des denrées. « La plus grande partie de cette classe sociale possède le statut de domestique, les ouvriers avaient l’obligation de s’attacher à une exploitation agricole en une forme de servitude baptisé servage sous contrat. Il était interdit à ces domestiques soumis par leurs maîtres à une discipline de fer de se marier ou d’avoir des enfants ». Ces serfs islandais percevaient, cependant, un salaire ce qui permettait d’économiser pour s’offrir trois agneaux et un toit et en cette fin de XIXème siècle, avec l’assouplissement de la législation, de devenir paysan propriétaire et de fonder famille.
Le seul bois disponible était le bois flotté de récupération utilisé pour la construction de frêles embarcations, pour les habitations on utilisait la tourbe, faute d’arbres, qui de plus s’avérait un très bon isolant. Quelques téméraires, s’essayaient à la pêche au requin au péril de leur vie.
Nous suivrons avec un intérêt particulier, Gestur l’enfant aux trois pères que l’on retrouve en fil rouge de cette histoire mais aussi Lasi, son troisième père, paysan-menuisier-poète, les différents pasteurs dont Arni, le dernier en date, féru de musique et de chants traditionnels (on ressent l’importance des us et coutumes pour ce peuple) et sa jolie épouse Vigdis et sa non moins belle dame de compagnie Susanna. Mais on retiendra, également, ce florilège de portraits parfois sombres, parfois attendrissants des habitant de ce fjord.
Quand, en ces premières années du XXème siècle, les norvégiens débarquent de nouveau et décident de construire une usine de salage de harengs dans le Segulfjördur, promesse d’un futur prometteur ou simple invasion ? Toutes les tranquilles habitudes s’en trouvent ébranlées.
En conclusion, le livre d’Hallgrimur Helgason nous aide à mieux comprendre le caractère des islandais fiers de leur nation, de leurs traditions, résilients, résistants. Ce récit du quotidien de la population microcosmique du fjord de Segulfjördur à l’entre-deux siècles nous émeut sous la plume éclairée de l’auteur.
Merci aux Editions Gallimard pour cette belle découverte.
Herra nous raconte sa vie, dans plus de 700 pages, avant que tt finisse à 1000° un 14 décembre.
L'auteur Hallgrimur Helgason, écrivain islandais, maintient le lecteur en haleine grâce à des chapitres courts, pas toujours chronologiques mais toujours surprenants.
Herra est une héroïne attachante qui ne manque pas d'humour. Elle est directe et son langage est cru.
Il faut réussir à la suivre, mais une fois qu'on y est parvenu, on passe de véritables bons moments avec toujours le sourire aux lèvres
J'engage tt le monde à prendre le temps de faire connaissance avec Herra.
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