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Voilà encore un ouvrage bien engagé réédité par les éditions Des ronds dans l'O.
En effet, ce roman graphique a été initialement publié par les éditions Dargaud en 2010.
Cependant le petit format en couverture souple à rabat des éditions Des ronds dans l'O est fort agréable à la lecture pour une bonne prise en main du livre.
A la lecture du livre, j'ai été "rassuré" qu'il ne fût pas écrit par une femme tellement l'image de l'homme (en général) décrite dans ce récit est vilaine voire horrible.
Cela m'a rassuré dans le sens où tous les hommes ne sont probablement pas comme ceux détaillés par la suite, et que certains osent dénoncer les "non-dits" commis par des "abrutis"...
Nous avons donc :
D'une part cet écrivain manqué semblant un poil fainéant, profitant d'un coup de chance pour plagier un carnet intime. Et qui, par la même, viole ainsi l'intimité de cette jeune femme !
En lisant l'histoire cela peut paraître banal, mais en prenant de la distance, cela devient presque abjecte.
Et le vice est poussé au point que ce Monsieur Levasseur va devenir obsédé par cette pauvre jeune femme et vouloir la retrouver sous prétexte de la remercier.
En y repensant, il y a un véritable ego machiste obsessionnel dans cette démarche. Non content d'avoir presque tout volé à cette Léa, il souhaiterait en plus posséder l'être...
D'autre part il y a aussi ce Xavier Auger, ex-mari de Léa, propre sur lui aux allures d'un homme bien.
Lui a commis des méfaits tout autre mais que nous ne découvrirons qu'en deuxième parti d'ouvrage.
Et là encore, l'homme ne brille évidemment pas. Il en devient même totalement condamnable !
Bref ces deux images masculines illustrent une violence ignoble autant morale que physique envers la femme.
Ce récit dénonce admirablement bien ces faits atroces malheureusement encore trop d'actualité, et qui semblent être des banalités pour certains.
Ce prosaïsme est à l'image de l'histoire qui se développe avec cette simplicité d'une trame d'extrait de vie qui cache au lecteur les drames sous-jacents.
C'est du grand art scénaristique qui pousse le spectateur averti à une introspection et à un regard neuf.
Une lecture donc en trois étapes :
- La première partie est la découverte de Léa et de son problème
- La deuxième partie est la découverte de la réalité des faits, pour ainsi dire la version de Léa
- Et enfin la troisième partie non écrite où l'observateur réfléchit et finit par sortir de sa léthargie pour prendre conscience des tous les outrages !!
Ce scénario en devient donc admirable !
Coté dessin, Gwangjo nous offre un superbe graphisme particulièrement réaliste.
C'est de toute beauté et la technique noir et blanc, probablement réalisé au fusain, s'accorde parfaitement avec le thème.
Ce dessin nous conforte dans l'admiration, en restant passif, et nous propose de nous laisser porter par les évènements sans trop réagir.
Il apporte sa petite rengaine comme si ce qui est illustré était normal.
Bref on pourrait dire que ce dessin nous aveugle...
Les émotions, les détails, les perspectives, les nuances de gris, les estompes, les jeux d'ombres, etc.…, tout semble maitrisé presque à la perfection.
Les mises en scène sont évidemment variées mais surtout véritablement bien réfléchies pour ne montrer presque aucune violence, pour que quasiment tout passe par la narration...
Mais on sent évidemment que quelque chose cloche sous la perfection et c'est là tout l'art de la suggestion visuelle.
Ce travail graphique est des plus remarquable. Il est vraiment impressionnant.
Ce livre est une oeuvre engagée, un moyen comme un autre de lutter contre les violences faites aux femmes.
Il nous alerte pour nous demander d'ouvrir l'oeil et d'être intuitif, car sous des airs de tranquillité peuvent se cacher des tortionnaires et des victimes.
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