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Bornéo, une île de l’Asie du Sud-Est, avec une forêt primaire exceptionnelle. Dans les années quarante, elle héberge des immigrés chinois, ainsi que des ouvriers javanais pour l’extraction du pétrole. L’auteur a choisi de relater son roman dans un petit village côtier de pêcheurs du nord-ouest, avec une communauté vivant en harmonie, usant d’entraide, certes parfois des animosités et évidemment maniant des secrets plus ou moins sordides, avec dès lors des conséquences tragiques. Bref, l’on pourrait dire que : tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Une belle image, mais nous savons tous qu’il en existe, toujours, un côté négatif. En apparence, car en effet, en décembre 1941, après l’attaque de Pearl Harbor, des milliers de japonais, décident d’envahir le village de Kropkop autrement dit le Bouk aux sangliers – auparavant les villageois ont dû se battre contre des hordes sangliers sous l’emprise de l’amok –, dont l’objectif était la mainmise sur la production de pétrole (le nerf de la guerre).
Et la foudre tombe dans ce microcosme, pour faire régner l’enfer que subissent tous les villageois : subir en permanence l’humiliation, les exécutions sommaires, les vols et les viols qui deviennent monnaie courante ; et dans ce contexte, le sabre virevolte en permanence dont son fil est rouge du sang de la barbarie. Cependant ; la résistance s’organise, beaucoup s’enfuient dans la jungle, leur terrain nécessaire de repli. Nécessité fait loi, en conséquence, une guérilla aveugle et sans règles, de scènes d’horreurs, une mise en exergue de la lutte incessante contre les Monstres, avec les différentes ethnies subissant le joug de cette occupation. C’est ainsi que ce conflit durera plus de trois ans, et laissera les stigmates habituels de la guerre, non pas , mais certainement ceux de la barbarie.
Une œuvre splendide, aussi bien dans les détails fournis par l’auteur, tel que : la description de la faune et de la flore, les sentiments des autochtones face à l’inconnu, la consommation effrénée de l’opium avec ses effets néfastes ; mais encore un voyage dans le temps qui serait agréable, en imaginant l’efflorescence des hibiscus et des bougainvilliers, le vol des éperviers bleus en chasse ; si ce n’est qu’il faut quitter les nuages des rêves pour l’immense cruauté des hommes sans frontière.
La richesse du roman « La traversée des sangliers » ne peut se concevoir, sans bien sûr les digressions sur l’exubérance et la luxuriance de l’île de Bornéo, ni la poésie du bonheur lexical entachée de la vanité et de la bestialité humaines, indiquées par de nombreuses métaphores. « Guixing Zhang » délivre ce récit avec une richesse d’un langage soutenu, et nous enivre de ses descriptions, mais ne nous cache pas que la vie ne tient souvent qu’à un fil.
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