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28 mai 1968. La France est paralysée par dix millions de grévistes, la France est en plein chaos. Nous sommes la veille d'une grosse manifestation qui se dirigerait sur l’Élysée avec des manifestants armés. Retranché dans son palais, en état de stupeur après sept nuits d’émeutes, les questions du recours à l'armée et de l'usage du feu se posent, le Général De Gaulle y est favorable. Lâché par ses fidèles, considéré comme fini par la majorité des ses ministres qui lui préfèrent Pompidou, le Général disparaît sans que personne ne sache où il est. Officiellement il est parti se reposer à Colombey, en fait il est allé rejoindre secrètement Massu à Baden-Baden.
"Tout est foutu, Massu" seront les premiers mots du Général au général Massu, commandant des forces françaises en Allemagne. Commence alors un corps à corps dans lequel De Gaulle entraîne Massu. De Gaulle hésite entre installer un gouvernement provisoire à Strasbourg ou prendre les pleins pouvoirs, mais il sait qu'il court le risque que le conseil constitutionnel prononce sa déchéance. Massu va-t-il oser lui dire ce que personne dans son entourage n'a osé lui dire jusqu'à présent? Va-t-il réussir à le convaincre de ne pas déserter?
J'ai beaucoup aimé ce roman qui retrace un moment important de notre histoire. L'auteur nous plonge dans une atmosphère de fin de règne où intrigues et jeux de pouvoir vont bon train. Il présente De Gaulle et Massu comme de simples hommes avec leurs doutes et leurs faiblesses et ne manque pas d'humour dans sa description des réactions du couple Massu devant l'arrivée intempestive du couple présidentiel.
Benamou nous plonge dans la tête du Général et n'hésite pas à dépeindre un chef d’État épuisé, longtemps sourd aux avertissements de sa femme et de son fils, impressionnant dans son aveuglement, un homme qui dit son mépris pour le peuple qui refuse la grandeur qu'il veut lui apporter. Un homme raide mais aussi complètement découragé qui apparaît assez misérable, déconnecté des réalités par sa vision de militaire et par son âge, un vieil homme en pleine déchéance, obsédé par les menaces qui pèsent sur sa famille dans ces "heures de déroute intime". Un homme déchu mais qui saura se redresser... J'ai aimé découvrir le rôle important qu'ont joué dans l'ombre les femmes de ces hommes de pouvoir qu'étaient De Gaulle et Massu. J'ai aimé que De Gaulle soit présenté de façon terriblement humaine avec ses faiblesses. Un texte objectif et très bien documenté qui nous fait revivre ces trois jours qui ont fait basculer le destin de la France. L'auteur a construit son récit comme un thriller, son écriture est fluide, précise et bien rythmée. Un très agréable moment de lecture
Bien sur, rien que le titre m'a plu...j'ai fait un bond de 50 ans en arrière..possible pour une dame de mon age!! et revu tous personnages cités et les situations en " live" comme on ne disait pas à l'époque!! Les réflexions de chacun des protagonistes, le Général en premier sur ses ministres, ses interlocuteurs extérieurs, la situation, les partis politiques de l'époque et sa vie de vieillard avec sa femme, la bonne Madame de Gaulle, les attentions à son égard et son désarroi face à ce petit bout de femme qui a ses idées à elle aussi sur les circonstances de leur départ pour Baden Baden.
Je me souviens bien qu'à l'époque, on avait beaucoup jasé sur cette journée " off", sur ce qui avait pu être dit par le Général Massu..mais jamais je n'avais imaginé que les décisions avaient été si vite prises et l'arrivée forcée sur Massu.
Les dialogues et les situations me paraissent véridiques ou au moins plausibles, bien sur, le sous titre est " roman", il y a du Benamou la dessous, il y met son grain de sel et ses opinions mais le livre se lit bien, avec plaisir et parfois jubilation!
Georges-Marc Benamou revient sur les évènements de Mai 68 et plus particulièrement sur les trois jours où « Le général a disparu ».
Alors que la révolte gronde sur la France, que les étudiants sont dans la rue, les usines à l’arrêt, les services publics paralysés, les manifestants hostiles au pouvoir en place scandent des slogans anti de Gaulle : « Dix ans, ça suffit », le général annule le conseil des ministres et disparaît.
Tous les ministres, Pompidou en tête, le croient parti à Colombey pour tenter de trouver comment sortir de cette « chienlit», mais c’est une toute autre destination que prend l’hélicoptère présidentiel.
Dans le plus grand secret, le général « débarque » à Baden-Baden, chez le général Massu.
Passé la stupéfaction Massu et son épouse s’organisent pour accueillir au mieux ces hôtes pour le moins inattendus.
Georges-Marc Benamou décrit avec minutie la relation qui uni les deux hommes, basée sur la confiance, malgré leurs désaccords sur la question algérienne.
Si vous pensez lire un livre politique ennuyeux sur un évènement datant de plus de cinquante ans, détrompez-vous.
Cette lecture est passionnante, sans un instant d’ennui.
J’ai aimé la façon dont l’auteur décrit ce vieil homme qui a perdu ses illusions sur ces Français, à qui il a tant donné et qui l’abandonne.
Il y a des passages très émouvants où l’on ressent la peur et l’impuissance du général.
Le soutien discret de son épouse est exposé avec beaucoup de pudeur et de délicatesse.
J’ai choisi ce livre sans conviction, à la demande de mon compagnon non-voyant qui souhaitait que je le lui lise.
J’en ressors totalement conquise, ce document est parfaitement documenté, mais également plein de tendresse que l’auteur réussit parfaitement à faire passer pour cet homme seul face au poids des décisions à prendre.
Merci à NetGalley et aux Editions Grasset.
Il y a de cela exactement cinquante-et-un ans et deux mois au moment où j’écris cette chronique, autant dire le siècle dernier… La foule grondait, les étudiants désertaient les universités, les ouvriers leurs usines. La rue bruissait et les pavés volaient. En un mot, la France vacillait. C’est ce moment crucial de notre histoire que Georges-Marc Benhamou a choisi de nous raconter dans son dernier roman "Le Général a disparu".
Il nous relate l’instant où le Général de Gaulle décide, le 29 mai 1968 de partir à Baden-Baden sans en informer quiconque si ce n’est quelques très proches. A la manière d’un roman policier, grâce à un récit parfaitement documenté, l’auteur nous fait entrer dans la tête de cet homme face à son destin. Nous assistons ainsi aux intrigues de palais, où chacun tente d’avancer ses pions, et surtout à la descente aux enfers d’un "Grand homme" persuadé d’avoir agi pour le bien de son pays et qui ne comprend pas ce déferlement de rage.
J’ai aimé, beaucoup, ce roman que l’on pourrait presque qualifier de documentaire, et à plus d’un titre :
A cette époque, j’avais vingt ans, issue d’une famille gaulliste et éduquée par des parents qui brandissaient la valeur travail en étendard. Faire grève à leurs yeux étaient une infamie et ils avaient pour le Général une adoration sans borne. C’est dire si la période fut difficile. J’avais vingt ans, donc, et je dois l’avouer, guère d’intérêt pour la chose publique. De cette période, il m’en restait des bribes, des noms, des photos de presse mais du détail, je n’en savais trop rien. L’écrivain m’a permis de recoller les morceaux de cette révolution vécue de l’intérieur, certes, mais avec un regard dépourvue d’attention suffisante pour en comprendre l’essentiel. Il m’a donné à revivre ces moments difficiles aux côtés des acteurs, ce fut à la fois passionnant et particulièrement émouvant.
Je l’ai aimé aussi pour le portrait de ce grand Général, sûr de ses idées, sûr du bien-fondé des mesures prises, sûr de tout ce qu’il avait entrepris, sûr de ce qu’il devait refuser, qui tout à coup chancelle sous les coups de boutoir de ces "veaux" de Français prêts à le décapiter. "La dernière fois qu’il avait vu de Gaulle (c’est de Massu dont il s’agit), deux ans plus tôt, au moment de sa nomination à Baden, sa sortie du purgatoire, c’était le grand de Gaulle qui continuait à vouloir bouter les Anglais hors du marché commun, un Napoléon inspiré qui lui dévoilait les secrets de la sortie de l’OTAN, et les grandes manœuvres de la planète." Et là, il avait devant lui, un vieillard, un vieux roi déchu. C’est un portrait tout en objectivité, poignant et touchant, où l’on voit l’homme de guerre se transformer petit à petit en un homme fatigué, usé, qui s’imagine "… Dans la baie de Kenmare…Et là j’aurai une haute ambition… Je tenterai d’être bibliothécaire, c’est le plus beau des métiers…" et ne sait plus à quel saint se vouer.
Je l’ai aimé encore pour son écriture simple mais brillante, élégante et précise qui facilite la lecture et donne un rythme saisissant à ces quelques jours pendant lesquels la vie de notre pays fut suspendue aux décisions d’un homme et a failli basculer dans l’horreur.
Un roman passionnant qui outre toutes ses qualités littéraires, historiques, politiques, m’a permis de rajeunir de cinquante ans.
https://memo-emoi.fr
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