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Bonjour. George Bernanos nous emmène dans la lecture du journal d'un curé de campagne . Ce tout jeune homme sortit du séminaire voit sa vie bouleversée quand on met entre ses mains la gestion d'une paroisse :" Nous sommes tous capables d'éplucher des pommes de terre ou de soigner les porcs qu'un maître des novices nous en donne l'ordre .Mais une paroisse , ce n'est pas si facile à régaler d'actes de vertu qu'une simple communauté". Ses doutes , ses certitudes vont le conduire à des choix difficiles , peut-être pas toujours adaptés au commun des mortels : " que pèsent nos chances , à nous autres , qui avons accepté , un fois pour toutes , l'effrayante présence du divin à chaque instant de notre pauvre vie ?...Calculer nos chances , à quoi bon? On ne joue pas contre Dieu." Il semble errer tel un fantôme ou un oiseau de mauvais augure :" Je prétends simplement que lorsque le Seigneur tire de moi , par hasard , une parole utile aux âmes , je le sens au mal qu'elle me fait"
Ebloui par sa foi , il se laisse aller au jugement comme si il incarnait quelque force divine : "Jadis indifférente au bien et au mal , ne connaissant d'autre loi que celle de sa propre puissance , le christ incarné lui a donné une âme , une âme à perdre ou à sauver" . Nous le suivons dans ses tourments , ses décisions sans considération réelle pour l'être humain comme si il pointait sur eux le doigt divin:" Nous ne pouvons pas faire autrement que d'enseigner l'esprit de pauvreté". La faim , la douleur le conduisent au faux pas mais il lui semble qu'il est alors au bord de l'extase et n'est plus à même de savoir s'il ne va pas trop loin quand il s'adresse aux personnes sur son passage . Ce que lui explique le doyen:" Mettez- vous dans la tête , mon enfant , que les paroles d'un jeune prêtre inexpérimenté comme vous seront relevés par ses aînés"
C'est la solitude d'un homme d'un homme bercé par l'illusion que seul Dieu peut résoudre les problèmes de ce monde :" L'Eglise ...est à la recherche du Pauvre , elle l'appelle sur tous les chemins de la terre" Pendant que Satan "lui répète ..d'une voix d'Ange , de sa voix sublime , de sa prodigieuse voix que tout leur appartient si ils deviennent ses sujets." Pris dans sa dévotion , dans le sublime de sa foi , il se noie dans les menus faits du quotidien et nous sommes désarmés devant sa chute . Un roman intense qui laisse apparaître la désolation d'une croyance sans véritable soutien raisonnable, sans guide . Belles lectures . Prenez soin de vous.
De 1938 à 1945, Georges Bernanos, pressentant la catastrophe qui allait s’abattre sur la France, s’est exilé volontairement au Brésil avec toute sa famille. Il tentera sans grand succès de s’y reconvertir en éleveur, publiera de nombreux articles dans des journaux brésiliens et se rapprochera des cercles gaullistes de Français de l’étranger. Farouchement opposé à la politique de collaboration de Pétain, il renvoie dos à dos communisme et libéralisme, considérant que c’est bonnet blanc et blanc bonnet, un socialisme d’Etat pouvant très bien être le fait d’oligarques capitalistes. Il rejette toute « espèce de socialisme d’Etat, forme démocratique de la dictature. » Pour lui, la valeur suprême reste sans aucun conteste celle de la Liberté pleine et entière. Mais, dit-il « un monde gagné pour la Technique est perdu pour la Liberté ». Il se montre visionnaire quand il imagine les dérives que nous constatons aujourd’hui avec les QRCodes, les pass sanitaires et vaccinaux en attendant les pass « Carbone » et autres puçages sous la peau. « Et lorsque l’Etat jugera plus pratique, afin d’épargner le temps de ses innombrables contrôleurs, de nous imposer une marque extérieure, pourquoi hésiterions-nous à nous laisser marquer au fer ou à la fesse comme le bétail. » Il démontre également l’impossibilité d’une coexistence entre Liberté et Egalité, cette dernière ne s’établissant qu’au détriment de la première. Sans oublier, les guerres de plus en plus techniques et meurtrières qui ne sont que les conséquences voulues et organisées du machinisme totalitaire. « Vos machines à fabriquer deviendront des machines à tuer », écrit-il.
« La France contre les robots » est un recueil de textes divers et variés tous sur le thème de la défense et illustration de la liberté. En plus du texte éponyme, le lecteur pourra découvrir diverses conférences et interviews donnés au Brésil, 16 lettres à des amis et un attirail de notes et variantes. Tout est limpide, prémonitoire et encore plus vrai aujourd’hui dans ces écrits datant de plus de trois quarts de siècle. Notre liberté chérie était menacée depuis longtemps. Bernanos en note les débuts avec la conscription obligatoire de la Convention, forçant tout Français à laisser l’Etat disposer de sa personne et de sa vie, ce qu’aucun roi ne se serait permis. Il regrette le temps où l’on pouvait quasiment faire le tour du monde sans le moindre passeport et pratiquement sans contrôle policier. (Seule la Russie et la Turquie l’exigeaient alors). Partout ailleurs, montrer une simple carte de visite suffisait à justifier de son identité. À l’époque de sa jeunesse, le relevé d’empreintes digitale n’était infligé qu’aux voyous et jamais aux honnêtes citoyens. Sans parler de l’impôt sur le revenu institué au début de l’autre siècle. Ainsi constate-t-il déjà qu’une à une, toutes nos libertés étaient grignotées au fur et à mesure que la Machine prenait de l’importance. Que ne dirait-il pas aujourd’hui ? Des textes fondamentaux que tous les amis de la liberté devraient lire ne seraient-ce que pour prendre la mesure de notre dégringolade !
Chef d'œuvre absolu, nécessitant une certaine patience pour entrer dans un récit de prime abord mystérieux, ce "Journal" est un des livres les plus bouleversants de la littérature du XXè siècle. Le héros est un de ces "enfants humiliés" chers à Bernanos, dont l'auteur lui-même fit partie. Comment surmonter l'humiliation subie durant l'enfance ? Comment admettre et pardonner la cause de cette humiliation, dont la racine vient d'au-delà de soi-même, mais transforme l'être profond irrémédiablement ? C'est à un voyage au cœur du mal et de l'extrême pauvreté qu'entraîne Bernanos, avec malgré tout une foi en Dieu qui résiste au-delà des combats spirituels.
Je viens de relire le "Journal d'un curé de campagne" une cinquantaine d'années après une première lecture alors que j'étais adolescent.
Ce qui m'a frappé lors de cette nouvelle lecture de ce texte austère, c'est son caractère d'actualité: Les rapports "riches pauvres", la jalousie, la lâcheté, l'égoïsme, la haine, la rancoeur, tout est encore vrai aujourd'hui.
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