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Il y a quelque chose de diabolique dans cette histoire de frères prêts à tout pour gober l’héritage de parents détestés.
Faucer met en place les ingrédients de sa pièce avec un brin de machiavélisme, huilant le tout – décor, dialogue, intrigue – avec une réelle facilité.
Les deux personnages de Pierre (écrivain raté) et de Jacques (qu’il n’a plus vu depuis cinq ans) sont équivoques et duplices à souhait, manoeuvrant en sourdine comme des diables, faux comme on peut l’être quand le désir d’avoir déborde de partout.
L’art du dramaturge nous prend par le bout du nez et nous fourre dans de bien sales draps : le spectateur, le lecteur de cette pièce s’en veut d’être passé avec autant d’innocence à côté du réel : ah ! ces retrouvailles fraternelles, fausses et bidons !
Cette douzième œuvre de l’écrivain – né en 1975 – reprend les thèmes des précédentes : des duos noirs et fallacieux, des dialogues de sourds et une violence cachée qui ne peut surgir qu’au bon moment.
Bref, un auteur à suivre.
Philippe Leuckx
http://areaw.org/gaetan-faucer-lheritage-ed-de-larlesienne/
Une pièce toute en finesse et subtilités…Jugez en plutôt: Palindrome, est-ce une figure de style? Presque, mais pas tout à fait. Une sorte de virelangue, un exercice de virtuosité verbale, qui fait songer – mais ce n’est pas tout à fait ça – au scrabble. Ou à un billet de tombola: grattez, prenez de la peine, vous n’avez rien gagné. Oui, c’est un peu ça. On creuse la réalité pour y retrouver la part du rêve, et on s’aperçoit qu’elle est vide, vide comme une coque de noix. A moins que la vraie réalité ce soit le rêve…La vie est un songe, disait déjà Calderon, je crois, et Shakespeare n’a pas dit autre chose…Plein de bruit et de fureur…
Mais ici, ce n’est pas le bruit la fureur, plutôt le rêve et l’obscure réalité. D’Anna et de Sylla. La muse Sylla sera mon inspiratrice personnelle. Rien qu’à moi, à moi seule…
Gaëtan Faucer joue de cette ambivalence avec toute la dextérité, la subtilité voulues. Il faut être un peu pickpocket pour subtiliser les rêves…
Et le Palindrome? Eh bien, c’est l’inverse. Le mot de la fin, ou la fin du mot. Un peu comme la Cantatrice chauve, si vous voulez. Ou le Château des brouillards. Allez-y donc voir…
Joseph Bodson
"Le noctambule" suivi de "Bandeau noir", un petit livre soigné , propose deux récits, que l’on verrait bien aussi adaptés au théâtre, tant les décors ont cette frappe scénographique. La première nouvelle nous mène dans un cimetière d’étoiles ou de tombes. Le narrateur s’y débat comme un poisson dans l’eau. Sa solitude trouve là un véritable dérivatif à de mornes moments. Ici, au milieu des tombes, il se sent vivre, revivre.
L’autre texte explore lui aussi un milieu marginal, pour tout dire interlope. Un acteur pornographique se retourne vers son passé, sans doute guère glorieux de comédien X, mais quelle métamorphose s’annoncerait-elle ? Change-t-on de peau ? De corps ? Le passé serait-il un tag éprouvant dont on ne peut se délester. À l’occasion d’une embauche, nouveau point de départ, l’antihéros se répand en réflexions amères…quoique l’espoir pointe aussi une nouvelle voie…Sait-on jamais ?
Les deux nouvelles, en dépit de leur brièveté, consignent, une fois de plus, les mêmes préoccupations existentielles d’un auteur happé, entre beauté et noirceur, par les prestiges de la solitude et de la communauté espérée comme un baume.
Philippe Leuckx
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