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Le mérite principal de ce petit essai est de réhabiliter Samuel Huntington et sa thèse dérangeante (donc brocardée et déformée) développée dans Le Choc des Civilisations.
« Mon hypothèse est que, dans ce monde nouveau, les conflits n’auront pas pour origine l’idéologie ou l’économie. Les grandes causes de division de l’humanité et les principales sources de conflit seront culturelles ». Vingt ans plus tard, ça devient de plus en plus compliqué de lui donner tort, même s’il n’est de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre…
La thèse de Frédéric Saint-Clair est que l’Islam politique ayant peu de chance de vaincre l’Occident qu’il exècre, avance avec l’Islam culturel qui, au quotidien, s’empare des esprits, modifie les pratiques et les modes de vie pour préparer, plus tard le projet politique. La guerre de civilisation est bien réelle mais les attentats n’en sont pas la traduction essentielle, la guerre est culturelle et donc permanente, faite de nourriture halal, de burkinis, d’horaires séparés dans les piscines, d’incidents et d’intimidations à l’hôpital, de provocations à l’école, etc…
Face à une Gauche « droits de l’hommiste », multiculturaliste et libertaire, il reviendrait à la Droite de proposer un « soft power » conservateur pour résister aux assauts de l’Islam culturel.
Un essai étonnant dans lequel, tout en trouvant les ingrédients habituels et sans grande saveur du livre politique, on peut découvrir des citations de Paul Valéry ou Marcel Proust et apprendre que Molière, aurait « idéologiquement réglé la querelle du burkini… le 5 février 1669 ». Je n’en dis pas plus, c’est savoureux et parfaitement démontré, rendez-vous à la page 107.
On y trouve aussi un chapitre de qualité intitulé « La féminité, enjeu d’une guerre culturelle » qui débute par Marcel Proust, se poursuit avec le mythe d’Hélène de Troie, rappelle les mots du Christ concernant Marie- Madeleine « Que celui qui n’a jamais pêché lui lance la première pierre ! » et se termine en constatant que l’Occident s’inflige lui-même, à travers son idée que « tout se vaut », une obligation d’intégration de cultures étrangères antagonistes, tout particulièrement sur ce qu’on nomme « la condition féminine ».
La faiblesse, comme d’habitude, se situe au chapitre des propositions suffisamment vagues pour ne pas heurter grand monde comme « garantir la liberté de culte mais assimiler culturellement », « repenser les conditions d’acquisition de la nationalité mais aussi celles de sa conservation, contenir l’immigration » ou la réaffirmation des traditions culturelles chrétiennes. L’auteur précise que les seules solutions possibles figurent en toutes lettres dans le Choc des Civilisations et qu’elles ont un coût non négligeable, moral et économique.
Sortir de l’idée que « tout se vaut » et défendre la culture occidentale face à l’expansion de la culture islamique semble un raisonnement de bon sens mais il doit être trop transgressif pour une classe (au sens marxiste du terme) politique étiquetée à droite (la fréquentable, celle de l’auteur) qui fait commerce de convictions aussi peu tangibles que théâtralement exprimées.
Au final, un essai clairvoyant, bien écrit, mais peu porteur de solutions d’autant que les successeurs de Molière (la nature ayant horreur du vide), invités des « on n’est pas couché » sont aujourd’hui très complaisants avec les « cacheurs de sein ». Relisez ou lisez Le Choc des Civilisations pour, comme le dit l’adage, vous coucher un peu moins bête.
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