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Débuter une aventure de Stanislas Barberian c'est l'assurance d'apprendre plein de choses sur une région, un personnage, des us et coutumes locaux avec un peu d'humour, de la légèreté et à l'aide d'une documentation précise. Cette fois-ci Francis Groff emmène son héros dans l'histoire du Congo belge. La colonisation belge n'a rien à envier à la française si ce n'est qu'elle fut moindre en terme de territoires, mais pas moindre en terme de conséquences sur les peuples colonisés. Stanislas Barberian y trimballe son élégance et sa distinction ainsi que son insatiable curiosité et son goût pour la découverte. Et d'apprendre en même temps que nous l'existence du jésuite-botaniste Justin Gillet, né à Paliseul en Belgique, qui créa le Jardin botanique de Kisantu et celle du kimbanguisme, une religion fondée il y a un siècle et qui compte des millions d'adeptes, notamment en République Démocratique du Congo. Tout cela est habilement amené par l'auteur qui ne fait pas un cours magistral mais entend nous faire découvrir en même temps que son héros. La partie sera serrée pour Stanislas, au Congo, vivent toujours des croyances et pratiques d'envoûtement, de sorcelleries, qui peuvent -peut-être- sembler étranges à nous Occidentaux, mais qui, avouons-le, font quand même un peu flipper lorsqu'on nous en parle. Et ses opposants ne sont pas des tendres, ils connaissent certes les coutumes congolaises, mais ne sont point ignorants des pratiques occidentales pour parvenir à leurs fins, pas forcément plus plaisantes. Totalement ancrée dans le pays qu'il décrit et dans es traditions, l'intrigue de Francis Groff est subtilement bâtie et jusqu'au bout, sait ménager ses effets.
Si on ajoute à cette lecture, le charme du héros, quelques anecdotes ici ou là, comme les liens familiaux de Verlaine à Paliseul eh bien, à n'en plus douter, on est sûr de passer de bons moments entre Bruxelles -ou habite Martine, la compagne de Stanislas, Paliseul et Kinshasa.
Toujours très sympathiques ces enquêtes avec Stanislas Barberian, c'est ici la cinquième, après Morts sur la Sambre, Vade retro, Félicien !, Orange sanguine et Waterloo, mortelle plaine. Francis Groff nous fait la visite des lieux, Liège de part en part ainsi que son histoire et l'histoire de la guillotine en Belgique. C'est très instructif, jamais ennuyeux, sérieusement mais légèrement mené, car si Stanislas est un fervent travailleur, passionné par les livres, l'histoire et les rencontres de ses pairs et au-delà, il ne dédaigne jamais une petite blague ni une bonne soirée arrosée. Entre Belges, autour d'une trappiste, l'ambiance est souvent légère.
Pour cette enquête liégeoise, Stanislas sera davantage une oreille attentive et à l’affût qu'un véritable enquêteur. Il saura cette fois-ci se faire apprécier de la maréchaussée locale ce qui n'est pas toujours le cas dans les autres enquêtes. Comme toujours avec les romans policiers de Francis Groff, le voyage est agréable et l'on n'a guère envie qu'il se termine, alors, on fait durer un peu le plaisir. Et de se demander où Stanislas nous emmènera la prochaine fois, je connais peu la Belgique, n'y suis allé qu'une seule fois et ai beaucoup apprécié mon séjour, et l'envie d'y retourner me prend à chaque fois que j'ouvre un livre de la belle collection Noir corbeau. Icelui débute ainsi :
"Toute l'eau du ciel semblait s'être concentrée dans un gigantesque entonnoir dont la pointe vomissait des torrents de pluie sur le quartier de Cointe, juste au-dessus de la gare des Guillemins. Depuis des jours, la Belgique était plongée dans un chaos liquide qui dévastait les vallées et ravageait des villages entiers." (p.9)
En plein déconfinement et malgré des mesures strictes, des reconstituteurs napoléoniens bivouaquent aux alentours de Waterloo. Le deuxième jour, Charles-Damien Passereau dit CHD, un jeune homme a priori sans histoire est assassiné. Un mois plus tard, par l'intermédiaire de sa fiancée qui connaît la mère de la victime, Stanislas Barberian, bouquiniste-détective-amateur accepte de se pencher sur les circonstances du décès de CHD. Assez vite, il trouve, par hasard, un élément oublié par la police, qui va relancer l'enquête.
Je l'aime bien Stanislas Barberian, il est sympathique et trouve toujours un petit truc pour faire avancer ou changer de cap une enquête qui piétine ou qui débute. C'est sa troisième aventure que je lis et la dernière en date, et c'est la plus aboutie, celle dans laquelle on sent que le personnage a pris de l'ampleur et qu'il connaît sa place.
Polar atypique puisque mené par un bouquiniste -même si Mario Conde, le détective de Leonardo Padura est aussi bouquiniste, mais lui, après avoir été flic-, toujours plongé dans un univers ou une région marquants et bien décrits. Francis Groff fait dans la légèreté, l'humour est très présent dans ses personnages Stanislas et Martine sa fiancée qui se chamaillent régulièrement. On est loin et tant mieux des thrillers sanguinolents dans lesquels les flics sont dépressifs et/ou suicidaires -que je peux aimer par ailleurs-, et ça fait du bien.
Cette énigme, bien construite et son contexte original -la reconstitution des batailles napoléoniennes- sont convaincants. Tout se déroule en Belgique wallonne avec quelques incursions en France -Stanislas est carolo-parisien et il y a ce je-ne-sais-quoi propre à ce pays qui nous plaît à nous Français -à tous je m'avance peut-être, à moi sûr-, sans doute un certain professionnalisme mais sans se prendre au sérieux.
Stanislas Barberian bouquiniste avéré et reconnu et assistant d'enquêteurs amateur et non reconnu se rend à Namur pour rencontrer un spécialiste de Félicien Rops qui affirme avoir mis la main sur un manuscrit rare et intime de l'artiste sulfureux. Ledit spécialiste ne viendra jamais au rendez-vous puisqu'il est assassiné quelques heures avant. En première ligne, Stanislas Barberian est vite convoqué par les policiers, puis convié à les aider.
Si l'intrigue n'est pas ébouriffante, la visite de Namur par le guide Francis Groff l'est davantage ainsi que la mise en avant de Félicien Rops, que personnellement je ne connaissais pas. Peintre, dessinateur, graveur et pas mal d'autres choses encore, Félicien Rops (1833-1898) fut sulfureux, scandaleux, provocateur, blasphémateur autant dans ses œuvres que dans sa vie, ce qui vaut encore de nos jours à ses admirateurs, des réflexions cinglantes des bien-pensants -du moins c'est ce que raconte Francis Groff.
L'enquête est pépère, Stanislas Barberian bien sympathique et le roman léger ce qui fait qu'on ne s'y ennuie pas. On y croise les héros d'autres auteur(e)s de la collection Noir Corbeau des éditions Weyrich que Francis Groff met en situation, c'est un clin d’œil marrant et très agréable lorsqu'on a lu ces autres auteurs. Voilà donc un petit polar qui ne prendra pas la tête et qui, au passage, instruira et donnera l'envie d'aller creuser la vie et l’œuvre de Félicien Rops. Moi, je dis bravo !
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