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Florence Chataigner offre un premier roman sur le thème des dysfonctionnements familiales, Fleur la protagoniste fait des recherches afin de lever le voile sur de lourds secrets. La plume est directe, puissante et touchante.
Témoignage, Biographie, Homosexualité, Enfance difficile, Souvenirs, Amour, Famille, Éducation.
Un livre en deux parties avec un premier temps narrative puis la seconde introspective, une oeuvre intimiste et profonde.
"C’est facile de se faire mystifier lorsqu’on regarde des photos souvenirs car on ne prend en photo que des moments joyeux. On sort rarement son appareil au beau milieu d’un drame pour immortaliser l’instant, l’engueulade, l’accident."
"Notre famille forme un drôle d'équipage. Mais à part Nine, chacun essaie de toutes ses forces d'appartenir : aux gens sexuellement dans le cadre pour Jean, aux personnes distinguées pour Madeleine, aux familles entièrement normales dans mon cas. Cette lutte assez misérable nous garde en vie, comme un élan qui nous permet de donner le change en attendant le Graal, appartenir. Vu du dehors cependant, la farce se révèle indigeste."
Ma chronique : Une famille peut être un théâtre de dupes. Chercher des secrets enfouis au fond des armoires peut mener à d'infinies souffrances comme ouvrir un boîte de Pandore !
Le père de Fleur vient de mourir. Elle décide alors de faire l'inventaire de la vie de ses parents. Dans sa cave, les photos et lettres entassées dans des cartons révèlent les failles de cette famille trop parfaite. Elle reconstruit leur monde avant de tout perdre et aussi en espérant la vérité sur ce mariage d'apparence trompeuse. Elle tourne les pages, tente de comprendre, cherche, enrage ou sourit.
Comme une digue qui cède, chaque lecture éveille des souvenirs : elle et sa sœur aînée, Nine, toujours soigneusement vêtues, passent leurs vacances sur la plage de Guétary à l'hôtel avec leurs parents si distingués. On suit chaque personnage de l'enfance à la vie adulte.
Nine bohème, Fleur sérieuse. Jamais elles ne disent "papa- maman".
Jean, le père est raffiné, cultivé, d'apparence extravagante. Madeleine, la mère issue d'un milieu modeste, complexée, paraît transparente. Elle est très belle et toujours mélancolique. Même dans les bras de ses amants, elle ne se dépare pas de son mal de vivre. Jean, derrière ses anxiétés, aime provoquer: plaisanteries grossières ou formules assassines envers son entourage.
Ces deux-là ne sont pas heureux. Englués dans des souffrances passées, des blessures d'enfance, ils n'ont qu'une obsession : sauver les apparences, garder les secrets bien cachés.
Car très vite on comprend que Jean est tourmenté par des penchants refoulés. Son entourage a des soupçons mais n'en parle jamais.
C'est en chuchotant que l'autrice veut se rassurer sur les " fautes " de sa famille, les absoudre, les protéger, leur pardonner. Durant ses recherches dans sa cave, un arbre se dessine sur le mur, grandit chaque jour. Imagination ou réalité ?
Mais chacun sait que l'arbre symbolise la vie en perpétuelle évolution..
Roman très plaisant à lire.
Fleur est décidée, elle va chercher à faire du tri dans les affaires qu’elle a récupéré de chez son père, après sa mort. Elle les a entassés dans sa cave, et se décide à y consacrer un peu de temps pour se remémorer son enfance, sujet qu’elle cherche à éviter le plus possible. Pour ça, elle s’enferme dans cette cave. L’autrice va nous emporter dans cette histoire en alternant 2 temporalités : celle de la découverte des photos ou des courriers dans cette cave de nos jours, et celle du passé de la famille, en partant de la jeunesse de ses parents.
Les parents de Fleur se faisaient un devoir de maintenir l’image d’une famille parfaite, propre sur elle, ayant réussi dans la vie. Il faut à tout prix garder cette apparence : nous sommes « des gens comme il faut ». Mais l’histoire de cette famille est en réalité toxique. Le début du roman, assez marquant, résume d’ailleurs assez bien ce qu’a vécu Fleur et nous plonge directement dans le bain.
L’expression « on ne lave pas son linge sale en public » est bien la devise de la famille. Personne autour d’eux ne prenait réellement conscience de ce qu’il se passait. Une fois la porte fermée, on ne peut pas savoir. Cette ambiance lourde et malgré tout assez sournoise et inexplicable en quelques mots, va rejaillir sur les 2 filles du couple qui vont chercher à maintenir la tête hors de l’eau pour ne pas s’imprégner totalement de leur mal-être. Le passé lourd de la mère et du père aurait pu leur faire prendre conscience de l’importance d’épargner leurs enfants des problèmes d’adulte. Mais en réalité, ils vont se renvoyer la balle entre eux deux, en s’aveuglant eux-mêmes, en ne prenant pas conscience de ce qu’ils faisaient subir à leurs enfants.
L’autrice va nous imprégner de cette histoire, qui s’apparente a priori à son histoire personnelle. En tant qu’adulte, elle a encore du mal à se replonger dans ce passé, qui lui a finalement échappé. Elle est devenue rapidement, par la force des choses, plus mature que ce qu’on attendait à son âge. L’autrice a réussi à nous expliquer tout cela : les apparences sont souvent trompeuses.
En bref, j’ai bien aimé cette lecture, dans laquelle l’écriture fine et fluide de l’autrice nous entraîne jusqu’à la dernière page. L’alternance passé/présent souvent utilisé dans les romans contemporains ne pouvait que me plaire. Une belle réussite malgré des passages qui m’ont un peu perdu, notamment la métaphore de l’arbre dans la cave. A lire !
Je remercie les éditions du Cherche-midi pour cette lecture.
Roman autobiographique, Des gens comme il faut témoigne de l’enfance de l’auteure, dans une famille que l’on qualifie de façon populaire comme étant « bien sous tout rapport » mais qui sous les apparences trompeuses se révèle dysfonctionnelle. Dans les années 80, Fleur et Nine, 9 et 7 ans, grandissent dans un milieu bourgeois, catholique pratiquant de Garches, banlieue parisienne. Après le décès de son père, dans l’atmosphère ténébreuse d’une cave d’immeuble, Florence Chataigner déterre les souvenirs empoussiérés, entassés dans des cartons : photographies, lettres, journaux, objets personnels lui rappelant ses parents et l’ambiance familiale pesante.
« Ma soeur et moi avons poussé dans la vase avec peu de lumière autour » : une mère qualifiée de « réglementaire », qui tient son rôle à la perfection, pour faire face aux facéties de son époux. Leur histoire romantique nait à Guethary, au pays basque, devenu par la suite lieu de vilégiature habituel de la famille. Leur amour parfait s’étiole rapidement : Jean tendrement épris de Madeleine, ne résiste pas à ses tendances homosexuelles. Une nature contrariée et une catastrophe familiale inexorable. Madeleine sombre dans la dépression, Jean dans la culpabilité et les deux soeurs qui émergent d’ une adolescence chaotique prennent des directions opposées : bohéme pour l’une, stricte et « réglementaire » également pour l’autre qui se sent dans l’obligation de veiller sur sa propre mère.
Au fond de cette cave, Florence entrevoit ce qu’était la réalité familiale, elle comprend ce qui au fur et à mesure des années a conduit sa famille à la catastrophe. Un secret de polichinelle, qui comme tous les secrets explose un jour ou l’autre et cause des dégâts irrémédiables. Durant les heures passées à fouiller les cartons et à extirper les souvenirs enfouis, Fleur imagine un arbre pousser le long d’un mur de la cave, symbole de la complexité de sa famille, et dont les ramifications se déploient comme autant de soucis rencontrés durant l’enfance. Ce livre est pour son auteure un témoignage nécessaire à la résilience et qui semble la guider vers la liberté. Un roman intime, courageux, qui dresse un portrait sans fard d’un certain milieu social.
Je remercie les Editions du Cherche-Midi pour ce partenariat.
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