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A Paradise (prononcez à l’américaine), lotissement résidentiel mexicain chic et cher, deux adolescents se rencontrent. Polo, 16 ou 17 ans, vient d’un milieu pauvre et travaille à la résidence comme jardinier et homme à tout faire. Ce boulot est une pénitence, non seulement parce que son employeur l’exploite jusqu’à l’os, mais aussi parce qu’il doit intégralement reverser son salaire à sa mère, qui l’a forcé à postuler pour ce travail puisque « de toute façon il n’était bon à rien à l’école, autant qu’il se rende utile et me rapporte quelque chose ». Polo subvient ainsi aux besoins de sa mère endettée et de sa cousine, feignasse et perverse de compétition, qui vit avec eux. Les besoins de Polo (fric, liberté), tout le monde s’en fout.
Polo croise donc Franco, 15 ou 16 ans, gosse de riches vivant avec ses grands-parents, glandeur, obèse, répugnant, crétin, accro aux films pornos et obsédé par Marián, la nouvelle voisine, respectable épouse et mère de famille quarantenaire.
Au fil des soirs d’ennui et de frustration, les deux gamins font connaissance et partagent alcool et cigarettes. Franco fait part à Polo de ses plans délirants pour conquérir le cœur et surtout le corps (pour rester poli) de sa séduisante voisine. Polo écoute, se tait, méprise intérieurement Franco pour sa débilité et sa lâcheté supposée, mais n’en pense pas moins que la maison de Marián doit regorger d’un tas de trucs qui pourraient lui rapporter pas mal de fric. L’engrenage de la violence et de la perdition (dès le début on comprend que ça va mal finir) est lancé.
Raconté à la troisième personne du singulier mais du point de vue de Polo, le roman nous fait part de ses pensées et de son ressenti, en particulier sa colère contre l’injustice de son propre sort, sa haine de sa mère et sa cousine, sa frustration de se sentir coincé dans une vie misérable, au point d’être prêt à s’embrigader dans les cartels. L’auteure nous embarque dans de longues phrases sinueuses, oppressantes, dans un style très (mais vraiment très) cru et brutal. Avec le machisme et le fossé entre classes sociales comme toiles de fond, « Paradaïze » est une histoire de descente aux enfers et un roman violent, tragique et saisissant.
Derrière les portails sécurisés et les hauts murs entourant les propriétés de Paraidaïze, un complexe résidentiel où les pelouses sont parfaitement tondues, personne ne peut s'imaginer ce qui est en train de se tramer. Et pourtant, deux adolescents que tout oppose, l'un résident et l'autre employé comme jardinier vont échafauder ensemble un plan machiavélique permettant de changer le cours de leur vie respective.
Dans ce roman écrit à la troisième personne, Fernanda Melchor se met dans la peau du jeune Polo qui travaille à Paradaïse par nécessité financière et qui rêve d'un avenir meilleur le sortant de la misère dans laquelle il est empêtré depuis sa naissance. Malgré les apparences montrant un adolescent travailleur, calme et gentil, Polo est rempli d'une grande colère et d'une violence intérieure qui transparaitront tout au long de l'ouvrage. le style et la forme choisis par l'autrice renforcera cette sensation de malaisance émanant du jeune homme et de son acolyte lors de la lecture.
Cet ouvrage s'adresse à un public averti car ses propos sont violents, obscènes, vulgaires et très crus.
Même si la quatrième couverture prévenait du caractère de l'ouvrage, je ne m'attendais pas à cela mais Fernanda Melchor a réussi son pari concernant l'ambiance et la sensation d'oppression se dégageant de ce roman.
Je tiens à remercier les Éditions Grasset et Netgalley France pour m'avoir permis de faire cette lecture.
http://lecalamedeselma.com/la-saison-des-ouragans-fernanda-melchor/
Une narration brutale, comme ce qui y est raconté, un style cru, bien trop cru, une ponctuation quasi inexistante, à l’image de ces personnages qui étouffent, et toi, le lecteur, tu étouffes avec eux, et tu sens leur misère, leur reste d’humanité qui tente de survivre dans les eaux marécageuses d’une violence innommable, là-bas dans un village au Mexique, tu sens la puanteur qui te colle à la peau, et comme eux, ta lecture n’a pas de souffle, pas une brise qui s’échappe, pas une accalmie dans cette colère sourde, et cette moiteur imaginaire pendant que tes doigts tournent les pages, encore et encore, à te demander, mais bon sang pourquoi je continue à lire.
Et pourtant quelque chose opère, et tu lis, d’une traite, tu ne te l’expliques pas, et tu te demandes s’il est encore possible qu’en 2019, des horreurs pareilles puissent se produire à l’autre bout du monde, s’il est encore possible que des horreurs pareilles existent tout court, et tu te vois, confortablement allongé sur ton canapé, à te moquer de tes propres questions, auxquelles tu as bien-sûr déjà la réponse. Parce que tu viens d’un pays où ces horreurs-là ont probablement été voisines de ton quartier d’enfance. Et que certains quartiers de ton pays d’adoption ne doivent pas être épargnés non plus. Mais que, toi, tu choisis de ne pas les nommer, peut-être ainsi finiront-elles par ne plus exister. Tu préfères ne garder que le beau, tant pis pour ce qu’il y a en dessous. Tu préfères aimer un tout, quitte à ne pas voir une partie.
Et la question demeure, qui est Fernanda Melchor, auteure de cette bourrasque insupportablement littéraire, qu’a-t-elle pu vivre pour vouloir raconter ce Mexique-là, et comment, à 37 ans, ressort-on indemne après avoir pensé, imaginé et écrit l’insoutenable.
Lien : https://www.livresselitteraire.com/2019/04/la-saison-des-ouragans-de-fernanda-melchor.html
Je vous arrête tout de suite, il n'est pas vraiment question de potion magique ni d'intrigue policière. Il est question des hommes et des femmes du Mexique. Il est question de cette transmission de génération en génération. De ces bruits et ces légendes qui peuplent les foyers. De ces femmes qui visitaient la mère, la Vieille Sorcière, pour y trouver des remèdes à toutes sortes de maux. Ceux du cœur, ceux du corps. Après sa mort, la Sorcière au voile noir qui recouvre son visage. Pourquoi ? La sorcière qui parfois poursuit la tradition mais qui le plus souvent reste seule. Sauf le soir. Quand elle organise de grandes fêtes où le nez, les lèvres deviennent blancs, où les corps se meuvent sous les effets de l'alcool. Où les hommes viennent chercher son corps. Le sexe. Bestial.
Mais qui était-elle vraiment ? Et pourquoi ce sort, cette haine déversée ?
Au fil des chapitres, les voix s'élèvent. La parole est à cette jeunesse déchue et pièce après pièce, le puzzle se reconstitue sous fond de violence, de misère, de drogue, de sexe et d'alcool. Sous fond de légendes. Sous fond de viols. Sous fond de femmes, maîtresses, objets, mystères, alibis. Sous fond de conditions de la femme et d'homosexualité. Sous fond de prières, de cris poussés ou étouffés. Sous fond d'un pays éclaté, disloqué. D'une puanteur qui suinte et s'incruste.
Fernanda Melchor nous livre un roman dans lequel le soleil ne brille jamais. La sorcière et ce crime ne sont presque qu'un prétexte pour dépeindre toute la noirceur de la jeunesse et de la société mexicaine. Un livre qui nous entraîne au cœur du sauvage. D'une jungle. De ses mécanismes. Aux côtés de ces êtres désabusés qui survivent tant bien que mal dans la moiteur et la pourriture. Presque inconscients de leurs actes. Dont le seul remède trouvé est de se laisser glisser dans le gouffre des vices.
Néanmoins, jamais Fernanda Melchor ne juge, elle pose un regard, un constat, une réalité qui vous glace le sang. Dans de longues phrases magnifiquement construites, brutes, viscérales, elle vous met chaos. Vous empoigne le cœur. Vous soulève les tripes. J'ai plus d'une fois dû m'arrêter. Reprendre mon souffle. Je me sentais presque meurtrie. J'entendais ces voix, les musiques, je percevais ces visages déformés, les odeurs me parvenaient sans cesse. Le moisi, le souffre, le chaud, les vapeurs d'alcool. Car l'écriture de Fernanda Melchor est sensorielle. Urbaine. Portée par une voix sourde, profonde. Qui vous marque bien après avoir refermé le roman.
Âmes sensibles soyez prévenues, Fernanda Melchor ne prend pas de gants, elle vous balance en plein visage le feu ardent, les mots crus, les images parfois insoutenables. L'amour inassouvi. Les vies ruinées. L'animalité. La rage. Ça vous fait inévitablement passer par une multitude de sentiments. C'est grandiose. Formidablement traduit par Laura Alcoba.
C'est un sort jeté.
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