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Des séances de photos, des séances de psy (ou presque) ou des séances à la maison de retraite où l'on ressasse de vieux souvenirs...
Ces séances font le roman.
Eva et Liv sont deux soeurs, bien différentes. Eva est froide, peu tactile et photographe. Elle nous raconte ses séances de photos avec les enfants qui savent tant donner. Mais pas elle !
Liv est bien plus douce. Elle a décidé de reprendre le travail de sa mère et de sa grand-mère. D'abord soigner les gens, comme les rebouteuses. Puis elle se contentera de les écouter et les clientes repartiront avec un phrase à méditer qu'elles rumineront mais qui leur fera du bien.
Eva et Liv se retrouvent aussi régulièrement à la maison de retraite pour voir leur mère, atteinte par la maladie d'Alzheimer. Celle-ci raconte inlassablement son passé.
Merci à Masse critique qui m'a permis de découvrir cette auteure. Un livre que j'ai reçu et commencé à midi, que je n'ai plus lâché et qui était terminé le soir-même.
L'écriture est belle, le sujet est original et l'émotion est grande (dernière phrase...).
Suite de réflexions sur l'âge, le réel et le ressenti, sur les souvenirs, sur sa propre image,
La narratrice plonge dans ses souvenirs, dans ses expériences.
Que nous reflètent exactement les miroirs ?
Qui est cette personne qui s'y voit ?
Quel âge a-t-elle ?
Questions que tout un chacun a pu parfois se poser.
Sans ordre chronologique, elle relate sa vie et son rapport à l'âge.
C'est bien écrit, ça se lit agréablement.
Les mots et les idées sont justes.
Le texte est assez déstructuré et peut paraître parfois un peu long, entraînant une baisse d'intérêt.
Mais tout cela correspond bien à la réalité.
C’est une histoire de femmes, l’histoire de trois provinciales venues étudier à Paris et qui partagent un appartement. C’est aussi l’histoire d’une vie que Fabienne Jacob nous conte avec poésie et une tendresse douce-amère.
« Mon entreprise ne sera pas de nostalgie » précise- t-elle avant de débuter l’histoire de Sambre, cette jeune fille à la chevelure blond vénitien, « une couleur qui n’existe pas dans la vraie vie » et avec laquelle va se nouer une amitié forte.
Helga, la narratrice, Sambre et Rosie nous entrainent dans leur jeunesse virevoltante et leur amour de la littérature, car elles ont choisi d’étudier les Lettres. La littérature, c’est la découverte des grands textes que ne lisaient pas leurs mères, « Tant qu’il y avait un livre réjouissant à lire, on ne pouvait pas mourir ». La littérature, c’est aussi ces emprunts pour la vie qui va, ainsi Sambre surnomme-t-elle son amant Le Marin en référence au « Marin de Gibraltar » de Duras.
Il y a de la jubilation, de la fougue dans ce roman initiatique où la jeunesse ne semble pas vouloir finir. Il y a de l’humour aussi dans la recherche de petits boulots pour survivre. Helga découvre l’humiliation alors qu’elle rêve d’être secrétaire d’écrivain. Mais, après le départ précipité de Sambre, Helga se trouve démunie. Comment poursuivre sa route alors que sa « meilleure amie » son modèle lumineux, a déserté sa vie ?
Loin de se plonger dans une nostalgie douloureuse, la narratrice déroule les événements de sa vie, souvenirs d’enfance, mais aussi évènements de la vie avec ses amours, ses périodes de solitude et de renoncement.
Fabienne Jacob fait la part belle aux sensations et nous offre de belles pages sur la fillette qui se jette les bras de sa mère, « le nez dans les bras blancs, le lait des bras » ou encore le plaisir charnel à dormir dans des draps de lin et c’est comme dormir dans les nuages. Sensualité encore dans cette rencontre de deux peaux dans « la tiédeur confuse des corps et des draps » et les bains pris en commun où « suspendus dans l’haleine moite du bain, nous passions de longs moments indolents ».
L’écriture de Fabienne Jacob est vibrante, charnelle et elle nous entraine avec tendresse et fermeté dans la ronde de ses personnages.
Un roman sensuel et lumineux.
Un beau et court roman qui le temps d’un voyage vers la frontière entre la France, l’Allemagne et le Luxembourg, va donner à Eva l’occasion de faire le point sur sa vie, sur ses relations avec sa sœur Liv et sa mère Irène. Un temps qui offre aussi, avec mélancolie et poésie, l’occasion de s’interroger sur les choses graves. Sur la vie et la mort, sur la famille, la naissance, sur la sensualité et le désir, sur le Corps – pour reprendre le titre d’un précédent roman de Fabienne Jacob.
Si Eva a pris la route, c’est qu’elle répond à l’appel de sa demi-sœur Liv. Leurs différents parcours se rejoignent autour du titre du roman : toutes deux pratiquent des séances.
Eva est une photographe reconnue, directrice d’un magazine dont elle a eu l’idée et dont elle est aussi la principale photographe. Ses séances tournent beaucoup autour des portraits, notamment d’enfants, dont elle sait comme personne sonder les mystères : « En les photographiant, Eva prend aux enfants une chose qu’ils ont au fond d’eux et qui n’a pas de nom, qui irradie du fond de leur être, on ne sait pas exactement où, se fraye un chemin dans le noir et qu’elle finit par faire remonter au grand jour. Quand ça apparaît sur la bouche et dans les yeux des enfants, ça porte enfin un nom, un nom qui dit bien que ça sort, que ça sourd l’expression. »
Liv est pour sa part l’héritière « du don de sa mère Irène et de sa grand-mère Biwi, elle poursuivait leurs pratiques. Les mains de trop femmes soulageaient lumbagos, migraines, sciatiques, mais aussi chagrins et mélancolies. »
C’est ainsi que sa pratique a évolué vers la psychothérapie, mais de manière assez étonnante. Après avoir écouté ses patientes (elle ne reçoit quasiment jamais d’hommes dans son cabinet), qui mettent leur ventre au centre de tout, « certaines s’estimant trop visitées, d’autres pas assez, d’autres jamais, la plupart, mal. Presque toutes se disent insatisfaites à cet endroit de leur corps. » Liv prononce une seule phrase. Ainsi à cette femme venue se plaindre de ne pas avoir d’enfant, dont le «désir est un chemin de croix», elle dira «Rentre chez toi, ouvre grand ta fenêtre et jettes-y ton thermomètre.» Quelques mois après, elle tombera enceinte.
Au fil des kilomètres qui passent, des paysages qui défilent, on accompagne l’histoire d’Eva et de Liv, mais aussi celle de cette région.
De cette promenade dans le vieux cimetière juif de Frauenberg qui est situé sur la frontière entre le France et l’Allemagne (et où j’ai aussi traîné mes pas étant enfant) jusqu’à cette Lorraine du charbon et de l’acier qui n’a plus charbon ni acier, ou si peu. « Personne n’y a jamais cru mais un jour la bête est devenue peau de chagrin, le festin avait eu une fin, il y a eu à nouveau un jour et une nuit, le ciel est devenu comme partout ailleurs, bleu le jour noir la nuit, les hauts-fourneaux n’ont plus craché, les villes se sont tues, les villes sont devenues propres et silencieuses, tout a fermé.
Une évolution qui vient étrangement en résonnance avec le destin d’Irène, mère biologique de l’une et adoptive de l’autre, qui décline jour après jour dans une maison de retraite, fort peu justement baptisée Sérénité.
Elle retrouvera bientôt les anges, comme les suffixes de ces villes traversées, Florange, Hayange, Hagondange… Des suffixes qui «faisaient toujours la roue, la parade de paon se fout des mutations économiques.»
http://urlz.fr/4SWf
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