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1978, le réalisateur Shin Sang-ok débarque à Hong-Kong à la recherche de son ex-femme, l'actrice Choi Eun-Hee, qui a disparu depuis plusieurs semaines. C'est en pensant avoir retrouvé sa piste qu'il tombe lui-même dans un piège...
C'est sur la base d'une histoire vraie que Fabien Tillon raconte l'incroyable destin de deux stars du cinéma enlevées pour diriger la propagande cinématographique du régime de Corée du Nord de Kim-Jong-Il. C'est dynamique comme un roman d'aventures mais c'est surtout révélateur d'une époque et d'une dictature dirigée par un homme étrange qui voit le cinéma à la fois comme un plaisir personnel et un outil politique.
Le dessin de Fréwé (Frédérique Rich), que je ne connaissais pas, est une vraie belle découverte. Les planches sont claires, aérées et ont une touche vintage pleine de charme. Les entêtes de chapitre sont magnifiquement illustrées par de superbes pleines pages d'inspiration asiatique.
Très belle surprise que cet album ! Sur un fond historique éclairant, il relate une histoire folle sur laquelle plane d'ailleurs quelques doutes, révélés dans un épilogue passionnant autour d'un article de Fabien Tillon et une interview de Julien Sévéon, spécialiste du cinéma asiatique.
Des sujets inédits. Voila ce qui caractérise surement le mieux la maison d'édition La boite à bulles. À chaque nouvel album, on découvre très souvent des êtres humains improbables, courageux, en détresse ou en danger. À travers le monde, loin des informations du JT, se trouvent des individus hors du commun, dont on entend que bien peu parler et qui sont à mon sens plus importants que de savoir s'il fait chaud en été et qu'il neige en hiver (breaking news).
Ici, une histoire hallucinante, où en 1860, un explorateur périgourdin Antoine de Tounens s'installe en Araucanie et Patagonie souhaitant régner sur ces régions et rendre le peuple Mapuche uni. Tout cela pour que le gouvernement chilien cesse sa mainmise sur ces derniers.
Roi du vent de Fabien Tillon et Gael Remise est un album saisissant par les couleurs qu'ils ont choisi. Dès la couverture vous constaterez à quel point le symbole commence à devenir à la fort fort mais aussi inquiétant. Si les auteurs ont ajouté une part frictionnelles au récit c'est tout simplement pour combler les trous de l'Histoire. Car ce royaume est dirigé actuellement par Frédéric Ier et une interview lui est consacrée en fin d'ouvrage. Chaque planche explose visuellement tant le dessin est à la fin effleuré et précis. Entre folie et rêve, Antoine de Tounens n'avait apparemment aucune limite pour conquérir une terre alors qu'il n'avait aucun lien précis avec ce peuple. Il leur a donné un drapeau et des symboles et aujourd'hui encore ils résistent. L'album au-delà d'être rythmé est à contextualiser pour se rendre compte à quel point un rêve peut devenir réalité et que cela est ouvert à n'importe qui. Message d'espoir à chaque enfant ou explorateur qui sommeille en nous, qui m'a réjouit par sa construction et sa lumière incessante.
La bande dessinée s’ouvre par une image abstraite, un paysage indéfinissable qui s’éclaircit par la présence de pingouins dans les cases suivantes. Ils jabotent, langage mystérieux. C’est dans cette ambiance floue qu’apparaît le héros, fougueux et absurde, que nous allons suivre avec passion et scepticisme dans cette bande dessinée.
Antoine de Tourens est un rêveur et les auteurs explorent les nuances de cette attitude. Antoine rêve et laisse grandir en lui une intuition qui guidera et animera sa vie. Mais Antoine est également ce rêveur qui, par refus de la réalité, s’engouffre dans les songes. Tout au long de cette bande dessinée, il est un esprit en mouvement, capable de dépasser les frontières morales de sa société et se confrontant aux limites du possible. Il imagine, il raconte sa vie, son destin sans rien lâcher. On le suit par divers flash-backs se confronter aux portes fermées des ministères, aux ricanements de ses contemporains. Seule existe sa conviction. Antoine est un personnage déterminé dont l’esprit veut forger le monde. La liberté, ce que certains appelleraient folie, de ce roi est en recherche d’espaces. Les dessins croquent les personnages, laissant toujours un flou évocateur. Antoine est insaisissable et, au milieu des couleurs chaudes d’Amérique latine, il tente de structurer, d’organiser. Il est là encore en opposition avec le milieu dans lequel il évolue.
La force du scénario tient aux silences des personnages que les auteurs ont conservés. Il ne s’agit pas de mettre des mots mais des images et du mouvement. Les dessins apportent couleurs et agitation pour faire vivre l’esprit de cet homme. Des moments de guerre, de détresse et de peur trouvent une véritable puissance en se concentrant sur le ressenti du protagoniste. Il reste les traumatismes vécus et subis par Antoine, ce qu’il finit par porter et ce qu’il est capable de digérer. Cette bande dessinée parvient à dessiner la minceur des frontières séparant la folie, du rêve et de l’aventure humaine.
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