Découvrez "Eclipses japonaises" le nouveau roman d'Eric Faye
Découvrez "Eclipses japonaises" le nouveau roman d'Eric Faye
Un écrivain en panne d’inspiration et toujours à la recherche de la formulation la plus limpide est dérangé par des coups frappés dans le mur de son appartement à chaque fois qu’il essaie de se mettre à l’ouvrage. Bizarrement, le logement mitoyen d’où doit venir le bruit est inoccupé… L’écrivain Franz Kafka n’arrive plus à écrire que dans le silence complet de la nuit, quand toute sa famille dort et qu’enfin rien ne le dérange plus… Vers 215 avant J-C, le premier empereur de Chine Huangdi rêve de devenir immortel. Selon une rumeur colportée par des marchands, dans une île lointaine, certains hommes y seraient parvenus en consommant un champignon introuvable ailleurs. Il envoie une grande expédition maritime dans cette direction. Mais les années passent et pas un seul bateau ne revient… De nos jours, un physicien spécialiste de l’infiniment petit est invité au Japon pour un congrès. Il cherche en vain à apercevoir le Mont Fuji-Yama, perpétuellement caché dans les brumes et les nuages. Il en est même à se demander si le site le plus célèbre du pays n’est pas un simple mythe…
« Devenir immortel et puis mourir » est un recueil de quatre nouvelles d’intérêt, de registres et de style variés. La première, intitulée « L’inachèvement » relève plutôt de l’étrange du quotidien. Elle est particulièrement réussie autant sur le fond que sur la forme avec une construction solide et une fin surprenante. « La nuit du Verdict » qui met en scène Kafka est de loin la moins réussie à notre goût. Même thème que la première, mais intrigue inconsistante. La troisième, au titre éponyme, est un petit bijou. Elle domine les trois autres. Le fantastique est amené à son meilleur avec cet empereur devenu quasi immortel de devoir attendre le retour d’une expédition devant lui apporter la fameuse potion d’immortalité. La rencontre et le dialogue avec Mao mérite le détour. La dernière, « Le mur de Planck », est plutôt une sorte de conte philosophique sur la solitude et l’éternelle quête d’un absolu inaccessible à l’homme. Au total, trois nouvelles réussies sur quatre. Donc un opus à conseiller aux amateurs du genre.
Le jeune associé de Mr Artiplac, un ramoneur patenté, est très étonné que celui-ci ne réapparaisse pas après une absence prévue de huit jours.
Aidé de Art, un peintre animalier, occupant les mêmes locaux que lui, il commence une enquête qui le mènera de surprise en surprise.
Victoria, une jeune et jolie bibliothécaire se joint à eux dans cette recherche insensée.
Nous voilà embarqués dans une captivante aventure qui touche parfois au fantastique.
Mystères, aventures, romance...... dans un enchaînement parfait, on avance de découvertes en découvertes, plus surprenantes les unes que les autres .
De Paris à la Suisse et à l'Italie, le mystère s'épaissit.
Tout est tellement bien décrit qu'on se croit sur les lieux.
Mais quelle imagination !
D'autant plus remarquable que tout est cohérent.
L'écriture est fine, empreinte de douceur et de poésie.
Les personnages sont parfaits.
Et la chute, inattendue dans le dernier paragraphe ajoute encore à la magie de ce livre.
De page en page, on ne peut pas refermer le livre,et on ne peut que s'arrêter à la dernière ligne en espérant que Paul Genouville nous ravisse rapidement avec une nouvelle histoire.
Dans sa course au profit, la pourtant florissante agence de presse américaine MondoNews a commencé, depuis quelque temps déjà, la délocalisation de ses bureaux européens vers des pays à bas coûts. C’est maintenant le tour du bureau parisien, où un plan de départ volontaire vient tendre encore l’atmosphère kafkaïenne entretenue par les nouvelles méthodes de management du groupe. Mais tous les salariés n’y seront pas éligibles. A 57 ans et avec trois décennies d’ancienneté, le journaliste Aurélien Babel se retrouve au coeur d’une lutte pour le moins paradoxale : celle pour le droit d’être viré.
Eric Faye a longtemps exercé la profession de son personnage principal, et si son livre est un roman à part entière, avec sa part de réécriture de la réalité en même temps que d’invention de ses protagonistes, c’est tout de même bien un témoignage de son expérience qu’il nous livre ici, en insistant sur sa représentativité quand son vague alter ego déclare qu’il est la foule, cette « part de la foule qui, dans ces années 2010, forme sans doute la première génération à avoir autant peur en temps de paix », et en lui insufflant une dimension politique, quand, en regard du titre renvoyant à une remarque d’Emmanuel Macron à un chômeur, il pointe, dans cette « petite saga des années 2010 », l’évolution récente des entreprises privées, du secteur de l’information mais pas seulement, dans une logique à ce point exclusivement financière qu’elle finit par devenir leur unique raison d’être, au grave détriment de l’éthique et de l’humain.
A l’approche d’une soixantaine qui ne lui laisse aucune illusion sur ses chances de retrouver un emploi ailleurs, Aurélien Babel constate qu’en externalisant et en délocalisant à tour de bras pour profiter d’une main d’oeuvre bon marché, ici sans métier ni qualification, MondoNews « est en train d’inventer le journalisme sans journalistes » et que c’est toute sa profession qui se retrouve dévoyée par la pression du « bankable ». L’information rentable, celle qui génère les clics, se met à prendre le pas sur une information parfois plus cruciale. Cette presse-là, qui ne se donne plus la peine d’investiguer ni de vérifier, manque à son rôle de fond et à sa fonction, essentielle pour la démocratie, de contrepoids aux différents pouvoirs.
Et puis, plus globalement, de décisions bêtement financières en absurdités bureaucratiques – comme ce formulaire en anglais transitant par l’Inde pour parvenir au siège et bloquant pendant des jours le simple remplacement du clavier d’ordinateur d’un Aurélien Babel privé de son plus indispensable outil de travail – , se développent au sein des entreprises des systèmes kafkaïens, où plus rien d’humain n’a de place. Pourtant, accrochées à leur salaire et à leur aisance, ces classes moyennes supérieures qui, corvéables à merci, explosent sous la pression des organisations qui les emploient, loin de lutter et de se défendre collectivement, se contentent de se faire la guerre dans une compétition acharnée qui achève de rendre leur quotidien infernal. Chez MondoNews, c’est à qui marchera sur son voisin pour bénéficier du plan de départ volontaire : un triste privilège qu’il faut conquérir de haute lutte…
Avec un humour et un style qui font de cette lecture un régal, Eric Faye met en scène un Lucien de Rubempré contemporain qui a perdu au moins autant d’illusions qu’en son temps, celui de Balzac. Sa si juste observation des métamorphoses actuelles de l’industrie de la presse, entre mondialisation et dumping social, interroge, plus globalement et au-delà de tout clivage politique, sur la place de l’homme dans le travail et sur les grandes orientations sociales du monde de demain. Coup de coeur.
En 1995, la belle ville de Prague est sortie du joug du régime communiste. Chacun apprend à vivre de plus librement.
Mais il est difficile de perdre de vieux réflexes. C'est ce à quoi pense le journaliste de télévision Ludvik Slany quand il se voit confier par son supérieur un reportage plutôt bizarre : enquêter sur une femme qui prétend recevoir la visite de Frédéric Chopin qui lui dicterait des partitions qu'il n'a pas écrites de son vivant.
Le journaliste se demande en effet si la commande de ce reportage ne serait pas un piège tendu par son rédacteur pour lui créer des ennuis, voire se débarrasser de lui.
Ne pouvant faire autrement que d'enquêter, Ludvik et son caméraman vont interviewer pendant plusieurs semaines Vera Flotynova. Cette veuve, ayant dépassé la soixantaine leur paraît bien commune, terne.
Alors qu'une maison de disque prestigieuse s'apprête à enregistrer un CD des morceaux reçus par la médium, le journaliste est convaincu que celle-ci est une impostrice et qu'il y a forcément un complice musicien féru de Chopin qui lui donne les partitions.
Ludvik Slany, pour obtenir des preuves, n'hésitera pas à recourir aux services d'un ancien espion, reconverti en détective privé. Les vieilles méthodes ont la vie dure.
Je ne vous dirai pas quel sera le résultat de cette enquête. A vous de le découvrir.
Ce que j'ai aimé dans ce roman, au-delà de l'histoire en elle-même, c'est la psychologie des personnages qui doivent vivre dans ces années post-communistes dans un monde nouveau auquel ils doivent s'adapter.
Je recommande également le téléfilm "Kolya" sur Arte.tv. L'action se déroule quelques semaines avant la dissolution de la Tchécoslovaquie en 1993.
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