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On est clairement ici sur un format blog, avec des dessins rudimentaires, et un texte foisonnant, limite envahissant (Too much).
Le propos est engagé, très. Il milite pour une égalité des sexes plus ancrée (on n'y est pas encore, mais il y a quand même eu des progrès, il en faut encore) et exploite des études de sociologie bien référencées. Et un peu le cynisme aussi... J'ai regretté qu'il oppose beaucoup hommes et femmes, mais c'est peut-être le juste retour de bâton des fortes inégalités passées (et présentes).
Dès la couverture, on est avertis : "Ils abusent grave". Suivi d'une levée de boucliers générale " Pas tous les hommes ", fusant de toutes parts. Je souscris donc moi aussi, "Pas tous les hommes" ! Mais ça semble une reponse que l'auteur ne supporte plus. Trop souvent entendue et qui masque un peu la forêt existante.
Sur le fond, c'est totalement légitime et même si une lecture d'une traite est fastidieuse en album, les chapitres peuvent se picorer progressivement.
Sur la forme, le choix de la typo "pattes de mouche" est catastrophique. Même les plus féministes d'entre nous y perdront leur acuité visuelle. D'autant que les couleurs de fond choisies sont très discutables pour l'aisance de lecture - du violet bien prononcé, du orange sombre sur lesquels les textes sont illisibles... Rhoo nondedieu ! Heureusement, d'autres couleurs plus claires font parfois oublier ce parti pris. Ayant commencé la lecture de l'ouvrage en PDF, ça a vite tué mon plaisir. Heureusement que ma médiathèque possédait l'ouvrage au format papier, sinon j'aurais stoppé...
Pour terminer, j'ai regretté le ton de l'histoire, qui m'a semblé au choix énervé / en colère / agressif. Il me semble que pour faire passer ses idées à des lecteurs qui ne sont pas dors et déjà convaincus de la chose, il faut être moins catégorique, moins frontal, introduire des tonalités d'humour parfois ?
Chacun son identité, mais je prends plus de plaisir à la lecture des albums de Marion Montaigne par exemple...
Je soutiens le fait de gommer les différences hommes / femmes dans la société et suis fier d'avoir une femme extrêmement compétente à la tête de ma société. Pour autant, la lecture de cet album ne m'a vraiment pas convaincu.
Erell Hannah est autrice du blog « ilsabusentgrave.com », diplômée de sociologie et de psychologie, passionnée de sciences humaines, elle aime comprendre comment les histoires individuelles s’inscrivent dans des histoires collectives.
Fred Cham est dessinateur. Entre 2007 et 2018, il tient également un blog BD d’autofiction qui se penche sur les difficultés des interactions sociales.
Autant dire que ces deux là étaient fait pour travailler ensemble. « Ils abusent grave » est leur première BD.
Plutôt que le terme BD, je penche pour une grande étude sociologique appuyée par une enquête très sérieuse menée par Erell auprès de scientifiques, de sociologues, militantes, agrémentée de ses réflexions plus ou moins sérieuses.
Sous les pinceaux de Fred Cham, les mots d’Erell prennent forme et s’animent en une BD drôle, tragique et informative pour décortiquer les sujets d’actualité avec un angle féministe.
En 5 chapitres thématiques (Violences masculines et empathie féminine / Femmes, police et justice/ Féminisme et Pop Culture/ L’intelligence des femmes/ Célibat, amour et amitié), ils peignent un portrait saisissant du sexisme qui infuse toutes les facettes de notre société, de la justice à la Pop Culture, en passant par la science, l’histoire et les relations amoureuses.
A défaut de recopier cette bible féministe, très instructive et pleine d’humour, je vais vous faire partager quelques pages.
Concernant l’empathie, il est de notoriété publique et prouvé scientifiquement que les femmes ont plus d’empathie que les hommes. Elles auraient donc plus tendance à empathiser avec des hommes dangereux ( psychopathes, manipulateurs pervers …), dangereux car ayant un taux plus élevé que la moyenne de traumas infantiles. Ces criminels ne choisissent pas leurs victimes par hasard, ils repèrent les plus vulnérables. Elles tombent dans le piège de se prendre pour la sauveuse de leur bourreau.
Femmes, police et justice : L’âge du consentement des enfants lors de relations sexuelles ne devrait même pas faire lieu à un débat car un adulte ne devrait pas être attiré par un enfant ou un ado et encore moins passer à l’acte. Le développement de ce sujet fait froid dans le dos .
De même, quand un mari violent tue sa femme, ces actes sont perçus comme impulsifs et spontanés, tandis qu’une femme, terrorisée par son mari, planifie le plus souvent son acte afin de s’assurer d’en sortir vivante, elle bascule du coup légalement en préméditation, ce qui est plus lourd au niveau pénal. Quand une femme tue son conjoint violent , c’est un échec social. Alors pourquoi sont-elles les seules à en porter la culpabilité ?
Là, je n’en suis qu’au second chapitre, à la page 65 sur les 231 pages du livre et je pourrai encore continuer …
Les thématiques abordées sont agrémentées de faits sociaux réels qui servent d’exemples et que tout le monde peut facilement identifier. Elles sont illustrées avec beaucoup d’humour par les dessins de Fred Cham.
Un album à feuilleter avec son conjoint, en espérant ne pas découvrir un autre homme suite à cette lecture aussi édifiante que réjouissante.
« Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024. Je remercie Lecteurs.com ainsi que les Editions Les insolentes pour cet envoi. »
Je connaissais déjà le blog "Ils abusent grave" que je suis depuis quelques temps. Les auteurs sont doués pour aborder des sujets graves avec ce qu'il faut d'humour pour que la lecture ne soit pas trop pesante, mais surtout avec énormément de sérieux dans leur démarche : le travail de documentation abattu par Erell Hannah est impressionnant, toutes les sources sont citées, et on sent une grande rigueur qui permet d'appuyer son propos militant.
Le passage au livre a néanmoins deux défauts : même si les billets du blog ont été regroupés par thématique, et que quelques pages liant le tout ont été ajoutées, on ressent à la lecture qu'il s'agit d'une compilation, et l'ensemble manque d'une structure globale. L'autre souci est que les dessins de Fred Cham, qui conviennent parfaitement pour la version web, n'ont pas été retravaillés et montrent plus leur limites une fois sur papier.
L'ensemble reste intéressant et instructif, et donne envie de voir ce que pourraient proposer les auteurs en réalisant un livre qui ne soit pas issu du blog.
(Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024)
https://www.instagram.com/p/C3ImNyWNbvu/
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