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[Monument graphique]
Chicago, fin des des années1960, Karen Reyes adore les films d’horreur et se rêve en loup-garou. Dans son carnet de dessin, elle « croque » son quotidien : son grand frère Deeze, grand séducteur paumé, sa mère pleine de superstitions, les moqueries quotidiennes à l’école, ses visites au musée…
Lorsque sa voisine, Anka Silveberg, se suicide le jour de la Saint Valentin d’une balle dans le cœur, Karen enfile un imper et joue au détective privé. Se plongeant dans le passé d’Anka dans l’Allemagne nazie, la petite fille s’aperçoit que les monstres revêtent parfois forme humaine.
Moi, ce que j’aime, c’est les monstres fait partie des romans graphiques qui tiennent du chef-d’œuvre. Les dessins tout en hachures sur des feuilles perforées sont époustouflants, et je suis à cours de superlatif pour qualifier les reproductions des tableaux de grands maîtres de la peinture lors des visites de Karen au musée.
Un petit mot sur l’auteure, Emil Ferris, dont l’histoire m’a durablement marquée. Née en 1962 à Chicago, à quarante ans, après une piqûre de moustique, elle se retrouve à l’hôpital où on lui diagnostique une méninge-encéphalite. Paralysée, l’illustratrice scotche un stylo à sa main pour dessiner… Par la suite, elle s’inscrit au Chicago Art Institute et après l’obtention de son diplôme débute son premier roman graphique. Six ans et 800 pages plus tard un chef d’œuvre est né. Et 48 refus plus tard, il trouve son éditeur, l’indépendant Fantagraphics… En France, il devient une monumentale publication de Monsieur Toussaint Louverture !
J'ai adoré le graphisme qui est vraiment superbe, essentiellement en noir et blanc mais avec par endroits des touches de couleurs, voire des planches hyper colorées par moments.
J'ai adoré la mise en page, le fait que ce soit comme dessiné sur les feuilles lignées et perforées d'un cahier à spirale.
Par contre, j'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire au tout début car je l'ai trouvée décousue, même si je comprenais la représentation de Karen qui se voit en loup-garou.
Karen ? C'est une graine d'artiste, raillée et harcelée par ses "camarades" de classe, narratrice de cette histoire qu'elle nous offre tel un journal intime, plus dessiné qu'écrit.
Elle nous fait voyager dans l'art, nous parle des règles qui le régissent, nous émerveille, nous raconte Deeze, son frère qui l'y a initiée. Elle nous parle d'Anka, morte de façon suspecte dans son immeuble, mort sur laquelle elle décide d'enquêter, nous parle d'un drame personnel qu'elle vit, de ce qu'elle comprend du haut de ses dix ans et de ce qu'elle imagine et des drôles de personnages qui jalonnent son récit, et c'est rempli d'une espèce de fantasmagorie gothique. Les mises en page et la façon dont les textes sont posés sur la feuille donne du bruit et du mouvement et nous font pénétrer dans le monde de Karen. J'ai trouvé ça parfois onirique et toujours éblouissant.
Ce journal intime ne nous raconte pas qu'une histoire, mais aussi une page d'Histoire très sombre. En fait c'est foisonnant, beau et envoutant, et moi qui avais hâte d'arriver à la fin pour tout savoir, je me retrouve avec plein de points d'interrogation en orbite autour de ma tête. Et là, la seule chose qui me vient, c'est "PITIÉ !!! LE DEUXIÈME TOME S'IL VOUS PLAÎT !!!"
- sa renommée pas volée c’est un chef d’oeuvre
- c’est magnifique
- je pourrais rester des heures à fixer les dessins
- une expérience à vivre
- ça regorge de détails, de petits mots…
- c’est le journal intime d’une fille qui s’imagine être un monstre dans le Chicago des années 60
- mène l’enquête et découvre son attirance pour une copine
- on a tout meurtre, pègre, prostitution…
- hâte d’avoir la suite
Quel chef d'oeuvre que la bande dessinée de l'Américaine Emil Ferris "Moi, ce que j'aime, c'est les monstre" ! Ses traits de stylos billes reconnaissables entre tous nous font suivre les pas de Karen, une petite fille de 10 ans, qui grandit dans un quartier populaire de Chicago à la fin des années 60 et qui préférerait être un monstre plutôt qu'une enfant faite de chair et d'os. Et on peut dire que cette gamine ne vit pas dans un univers tendre ! Meurtres, harcèlement scolaire, cancer, prostitution, folie et nazisme sont les doux sujets abordés ici avec un humour très noir. Les amateurs de peinture en prendront également plein les yeux car la petite adore l'art.
Ce pavé mérite amplement les prix octroyés, notamment le Fauve d'Or du Festival de la Bande dessinée d'Angoulême décerné en 2019. Pour un premier travail, l'autrice et illustratrice a frappé fort et juste. Il lui aura fallu six ans pour accomplir cette tâche titanesque, et quand on sait qu'elle a dû réapprendre à dessiner après avoir contracté le virus du Nil occidental qui l'avait laissé paralysée, on ne peut qu'être encore plus admiratif. Une véritable oeuvre d'art à savourer comme une histoire qui fait peur qu'on nous racontait au coin du feu quand nous étions enfants...
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