Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Un long polar que distille avec maintes chausse-trappes : « Elizabeth George », sur une trame policière composée de multiples événements familiaux, où les personnages, se dévoilent au fur et à mesure, ce qui complexifie l’intrigue et semble laisser le lecteur dans une sombre impasse. Elle utilise donc, avec dextérité les non-dits, les secrets de famille alliés à l’absolue nécessité de respecter les convenances, face au désarroi des victimes.
Une enquête sur le pouvoir psychologique de certains sur la faiblesse des autres, le transfert d’une carrière réussie au détriment de l’évolution normale d’un enfant, le paroxysme qui en découle pour maintenir, et aboutir au succès, quel qu’en soit le coût ! Ainsi est mis en exergue le rôle primordial de l’éducation qui doit permettre le plein épanouissement de l’enfant : et ainsi éviter les différents troubles psychologiques, qui peuvent avoir des séquelles lors du passage à l’âge mûr.
Or donc, une nouvelle enquête du duo des policiers anglais : composé, la constable Barbara Havers, qui ne s'embarrasse ni de coquetterie ni de diplomatie et de l'inspecteur Thomas Lynley, éminent membre de Scotland Yard et pur produit de l'aristocratie britannique.
Ils vont avoir à apporter des réponses lorsque qu’une femme sexagénaire se fait renversée puis écrasée à plusieurs reprises : Mrs Eugenie Davies ! Membre d’une famille qui tourne autour d’un fils violoniste virtuose, qui ne vit que pour et par le violon (un Guarneri) ; une femme psychologue qui tente d’agir ; une petite fille assassinée par sa nourrice ; bref les intervenants s’avèrent aussi nombreux que les pistes possibles pour les enquêteurs.
« Mémoire infidèle », un remarquable thriller addictif dont j’ai apprécié l’absence de temps morts ; les myriades d’incertitudes permanentes sur la culpabilité sur le ou les coupables, consubstantiellement à l’apport d’une plume acérée de l’autrice qui aborde avec tact les conflits des uns et des autres. Sans doute le plus ardu pour certains lecteurs, sera d’accepter une lecture longue (plus de 1100 pages) mais qui se lit avec voracité et sans lassitude, tout en savourant les circonvolutions les plus tortueuses de l’intrigue.
Barbara Havers s'est incrustée dans un enquête pour meurtre.
L'inspecteur Lynley n'est pas là mais le mystérieux voisin de Barb, Taymullah Azhar et sa fille si attachante vont être impliqués dans l'histoire.
Et comme ces trois là sont mes préférés...
Nous sommes dans une station balnéaire, il faut chaud, très chaud et la communauté pakistanaise peine à se faire accepter.
La tension est explosive entre les populations.
Au delà des rebondissements et des fausse pistes, ce polar est un réquisitoire contre la xénophobie et comment les préjugés rendent aveugles et nuisent à la vérité.
888 pages dans une fournaise pour installer la psychologie des personnages, distiller le doute, décrire les a priori, exposer le racisme et perdre le lecteur dans les méandres des théories.
Un bon polar.
Écrit en 1997, on ne peut qu'espérer que les choses ont évolué depuis - pas sûre.
Quel plaisir de retrouver la gouaille de Harvers, le charme de Nkata et l'élégance de Deborah.
Il y a aussi les atermoiement sentimentaux finalement redondants de Lynley.
Bien sûr, il y a un meurtre, une enquête et des suspects qui s'empilent. L'auteure dénonce ici l'excision et les mutilations faites aux petites-filles.
Les dialogues sont caustiques, les personnages toujours aussi attachants et l'intrigue bien ficelée.
Il y a du rythme, du suspense et des rebondissements.
Un Elizabeth George quoi !
Pour Solde de Tout Compte, For the Sake of Elena dans la version originale parue en 1992, a été publié en 1994 par les éditions Presses de la Cité. Un style très soigné, caractéristique de la plume d'Elizabeth George, décrit les scènes avec minutie mais naturel, entraînant le lecteur dans un faux rythme qui s'attend à ce que le suspense surgisse à n'importe quel moment de sa lecture: "Le sentier commençait à monter vers Fen Causeway, fin de la première partie de son parcours. Comme d'habitude, elle attaqua la pente avec un regain d'énergie, respirant régulièrement, mais sentant néanmoins croître la pression dans sa poitrine. Elle commençait tout juste à s'habituer à ce changement d'allure lorsqu'elle les aperçut. Deux silhouettes barraient la route à quelques mètres devant elle: l'une accroupie, l'autre allongée en travers du sentier." (Page 21)..."S'extirpant des draps, elle enfila ses mules pelucheuses et ramassa la peignoir de laine vert resté en bouchon par terre à côté de son jean. Le tissu usé avait la douceur du duvet. Pour son entrée à Cambridge l'année précédente, son père lui avait offert une robe de chambre en soie -de même qu'une garde-robe complète, dont elle ne s'était pratiquement jamais servie-, mais elle l'avait laissée chez lui lors de ses fréquentes visites qu'elle lui rendait le week-end." (Page 14)
Sarah Gordon, venue peindre au bord de la rivière, découvre le corps d'Eléna, fille d'un professeur respecté du collège St Stephen, le visage horriblement esquinté. Pourtant, la surdité de la jeune fille ne l'empêchait nullement de mener de brillantes études à Cambridge. Habituellement, elle faisait son jogging avec Justice, sa belle-mère. Alors pourquoi Eléna l'avait appelée la veille pour lui dire qu'elle ne courrait pas le lendemain?
Au cours de son enquête, l'inspecteur Lynley comprend que la victime avait des problèmes. Son meurtre aurait-il un rapport avec le fait que son père briguait la chaire de Penford? Avec le professeur d'anglais Liennart Thorsson qui la poursuivait de ses assiduités? Plus l'enquête avance, plus la liste des suspects s'allonge, surtout lorsqu'on apprend qu'elle était enceinte de huit semaines. Comment démêler les fils de cette affaire complexe?
Le tueur est-il un rôdeur mal intentionné? Le père du bébé? Un ancien petit ami jaloux? La femme de son amant? Quelqu'un voulant se venger de son père? La perplexité de Lynley et du sergent Havers face à cette affaire complexe s'intensifie lorsque, quelques jours plus tard, une seconde jeune fille est tuée d'un coup de fusil dans la tête. Ce crime horrible a-t-il un lien avec le premier?
Cambridge: sachant qu'elle est Américaine, je suis toujours bluffée par la connaissance très pointue des lieux dans lesquels Elizabeth George fait évoluer ses personnages. Bien qu'elle réalise des repérages avant de commencer chaque roman, il n'est certes pas aisé de restituer les détails précis de lieux que l'on n'a vus qu'une fois. Ce soin et cette minutie apportés dans tous ses romans constitue sa marque de fabrique: "Elle s'arrêta devant le petit pont enjambant l'étroit cours d'eau qui séparait l'île du reste de Sheep's Green...Sur sa gauche, les hangars où l'on réparait les bateaux étaient encore fermés. Devant elle, s'élevaient les dix marches de fer du pont de Crusoé qui redescendait vers Coe Fen sur la rive est de la rivière." (Pages 23-24)
Ambiance: le brouillard qui enveloppe la ville comme la vie des personnages ajoute une touche de mystère: "Le brouillard suintait des bâtiments et des arbres, mouillait les encadrements des fenêtres, formait des flaques sur le trottoir. ..Dans Senate House Passage, les réverbères victoriens trouaient le brouillard de leurs longs doigts de lumière jaune et les flèches gothiques de King's College tour à tour se dressaient et disparaissaient dans l'obscurité gris tourterelle d'une nuit de mi-novembre." (Page 17)
Fonctionnement du monde universitaire: Elizabeth George nous introduit avec brio dans ce monde fermé, qui fonctionne selon ses propres règles, au gré de ses intrigues et de ses non-dits. A ce propos, l'attitude du principal, qui refuse de se mêler de la vie privée des professeurs et d'en dire trop à la police, est révélatrice. La présence de Liennart Thorsson, professeur suédois, ne signifie pas que l'Université soit à l'abri de la xénophobie. Un spécialiste de Shakespeare de nationalité britannique n'aurait certainement pas eu à franchir les obstacles que Thorsson a franchis pendant dix ans pour faire ses preuves. Bien qu'il ait fait sa thèse à St Stephen...
Le +: la discrète critique de la bourgeoisie anglaise, comme de subtils coups de pinceau appliqués çà et là: "Ses parents trouvaient ça malsain. Les animaux étaient pleins de microbes. Et les microbes, ça n'était pas convenable. Oui, il n'existait rien de plus important au monde que les convenances, surtout depuis qu'ils avaient hérité la fortune de son grand-oncle."
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