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Quand on est jeune, belle, étrangère, que peut-il subvenir quand on arrive dans un village ? Que des ennuis car on suscite la jalousie.. et quand cela se passe au Moyen-âge l'accusation de sorcellerie n'est jamais loin ..
C'est ainsi qu'alors qu'elle préparait le repas pour son époux qu'Anna va être enlevée par deux brutes qui vont la conduire devant un tribunal ecclésiastique pour faits de sorcellerie suite à la dénonciation de sa voisine.
Pendant de longues heures elle va tenir tête à son bourreau mais pour celui-ci la cause est déjà entendue : soit elle avoue soit elle nie grâce au "malin". Quoiqu'il en soit elle est coupable.
Son père et son époux vont user toutes les cordes pour lui éviter le bûcher.
Avec ce roman, l'auteur nous montre la noirceur de l'être humain et son ingéniosité à détruire, à faire souffrir l'autre. Mais aussi à voir en l'autre, surtout étranger, le responsable des maux notamment en période de crise, à en faire le bouc émissaire.
Ce petit livre à la très belle écriture m'a bien fait vibrer d'autant que la fin est surprenante. Il est vraiment à découvrir.
https://quandsylit.over-blog.com/2024/03/anna-thalberg-eduardo-sangarcia.html
En ce tournant du XVIIe siècle, Anna Thalberg, une étrangère rousse de vingt-deux ans dont l’éclat attire un peu trop le regard des hommes pour ne pas contrarier leurs épouses, mène avec son mari Klaus l’existence paisible des paysans de Bavière, lorsque, fort opportunément dénoncée pour diverses diableries par sa voisine – depuis son arrivée au village, des nourrissons sont morts, la sécheresse sévit, on l’a même vue chevaucher une chèvre dans les airs –, elle est arrêtée et transférée dans les geôles de Wurtzbourg en attendant son procès pour sorcellerie.
Malheureusement pour elle, son sort dépend du prince-évêque catholique de Mespelbrunn, contre-réformateur bien décidé à débarrasser la région des hérétiques idées luthériennes, fût-ce par le biais de la persécution et au moyen d’une chasse aux sorcières qui, dans tout l’évêché de Wurtzbourg, va causer la mort de neuf cents personnes. Désormais entre les mains d’un examinateur déterminé à la voir finir sur le bûcher pour le bien-être de la ville et du diocèse, Anna ne comprend pas encore qu’elle a beau être innocente et ne pas cesser de le clamer malgré l’atrocité des tortures qu’on lui inflige, il n’existe plus pour elle que deux alternatives : être brûlée vive ou déjà morte, selon qu’elle persiste à nier ou qu’elle se résolve à des aveux.
Relaté avec force détails éprouvants, le supplice d’Anna, en l’occurrence fille de charpentier, n’est pas sans évoquer la passion du Christ : lui, convaincu jusqu’au bout que Dieu ne l’abandonnera pas ; elle, longtemps confiante en la force de son innocence et de la vérité. Si la jalousie et la peur ont motivé la calomnie et la délation à l’encontre de la jeune femme, sa condamnation est le fruit de convictions fanatiques, qui, au nom de la religion et du Bien, mènent au pire des hommes follement persuadés de détenir la vérité. A ce radicalisme aveugle répond l’inflexible résistance d’Anna, qui ne sauvera certes pas sa vie, mais saura, en un très ironique dénouement, prendre le Mal à son propre piège. A user de la violence et de l’arbitraire, ne s’expose-t-on pas toujours à un retour de feu ?
Animé par le ressac de longues phrases sans fin, où les paragraphes s’enchaînent comme autant de vagues signalées chacune par un retrait, le texte s’épand comme un irrépressible raz-de-marée, emportant personnages et lecteur au bout d’une folie absurde et destructrice touchant à l’insupportable. Cette cohérence parfaitement étudiée entre la forme et le fond parachève la puissance de cette dénonciation des fanatismes, extrémismes et radicalismes de tout poil, en particulier religieux et politiques, pour en faire simultanément une œuvre littéraire dont il n’est pas étonnant qu’elle ait valu à son auteur le prestigieux prix Mauricio Achar.
Eisingen, en Allemagne. Anna est belle, Anna est rousse, Anna est libre. Anna est une « étrangère » de Walldürn. Anna est aimée par Klaus, son mari. Anna est désirée par les autres hommes du village …
Quand Gerda a surpris le regard de convoitise de son époux sur : « l’étrangère aux yeux de miel comme ceux d’un loup, à la peau saupoudrée de tâches de rousseur comme un serpent venimeux », elle n’a pas hésité un seul instant – dévorée par la jalousie – à parcourir à pied les sept milles jusqu’à Wurtzbourg, afin de faire son devoir en dénonçant ce suppôt de Satan …
Alors ils viendront chercher Anna, sans qu’aucun habitant ne la défende. Et son calvaire ne fera que commencer. La détresse de Klaus à son retour des champs (quand il découvrira sa disparition) n’aura d’égale que les supplices subis par sa bienaimée … Ni sa forte volonté, ni l’appui du curé du village (Friedrich) n’y pourront rien changer : la machine à broyer est en route …
Ce n’est pas tant ce violent récit de « chasse aux sorcières » qui nous bouleverse (hélas ! ce ne fut qu’une longue et atroce série d’arrestations totalement arbitraires, aux cours des XVIe et XVIIe siècles …) Mais la façon magique dont Eduardo Sangarcia le met en scène ! C’est poétique, vibrant mais aussi terriblement barbare ! C’est magnifiquement écrit et la mise en page est superbement atypique ! C’est sidérant de cruauté mais c’est également empreint d’amour et de courage …
Ça ne pouvait bien sûr que mal finir … Personne ne sortait jamais indemne de ce type d’inquisition … Personne n’oubliera – non plus – Anna Thalberg, après la lecture de ce petit bijou littéraire que nous offre ce brillant auteur mexicain !
Et les femmes libres de brûlées et les humains de dénoncer par paresse par convoitise il faut un bouc émissaire, les procès qui n’en sont que dans le mot par la torture tu avoueras dit le maître monde.
Une fois en tour rien n’échappe sauf en fumée la défense n’existe pas pour la désignée coupable.
La tour de garde aux sorcières d’un éclat rit muselée et brûle sous les fantasmes des hommes d’églises qui rappelle que " la femme comme la chienne doit se taire".
Et le tribunal de condamner à mort celui qui la provoque comme un film en boucle qui de la main de l’un éteint l’autre. La menace jamais vaine se doit d’être murmurée. La fuite n’étant pas une option, la fumée pestilentielle au ciel offerte. Le rapt fou relieur de langues rouges, coupable sonne le fer.
Des instruments à la question ordonnent confession et le reste suit comme scellé par un destin au-delà la naissance. Les femmes coupables.
Et la religion de s’adapter à celui qui prie en son nom de ravager les vies.
Les rêves accusent la sorcière entêtée de vivre encore.
Il faut avouer se repentir et payer pour le supplice.
Le sort scellé dès la bouche prononcée des psychopathes à la sainte indignation démembrent et d’autres ordonnent et de brûler brûler brûler comme inéluctable fin dès l’arrestation et d’ajouter les femmes en paquet comme inévitable complices.
La beauté la vieillesse le célibat l’insoumission autant d’étiquettes sous grand examinateur.
L’autour ravagée et la missionnée jalouse de jubiler jusqu’à sa condamnation, elle aussi parce qu’aucunes femmes n’échappent à son sexe.
Des ponts entre les hommes et leurs atrocités sans rationalité. Les signes cherchent trouvent toujours preneur à dénoncer et si les malheurs des uns étaient l’apanage des autres. Trouver coupable diminue-t-il l’intensité du drame ? Pour survivre appuyer le vide et brûler les corps désignés hués par la foule, Anna, trop libre belle indépendante secrète.
Anna, trop visible la face écrasée perd ses larmes au fond d’un cachot.
La forme étonnante hybride sans statut mêle en tourbillon l’absence de sillons que subit l’accusée. Coupable dit !
Anna que l’on veut faire payer de la misère des jours. Et la tête dans le sac et la botte étouffe et la peur saisit.
La narration s’associe aux monologues l’auteur instinct mêlé ordonne la puissance des sens qui se déploie devant. Les superstitions ou la vengeance la victime toujours prise en étau au fond des caniveaux et le pillage de continuer pour les penseurs bien nés. Anna n’avait aucune chance d’y réchapper.
Et des hommes se saisissent et transcendent et des auteurs avec leurs mots cognent juste comme une bascule face réalité. La rage mexicaine prêtée à la Bavière, retour au XVII -ème siècle et des ponts entre les mortes.
Au Mexique les femmes pleurent leurs doubles disparus en masse incomptable inracontable cette impunité face violence, face femmes sous charnier. Le premier génicide, la chasse aux sorcières, le parallèle pique fort va loin pour prendre racine dans l’ici et maintenant.
Les carences de l’impunité ont laissé des siècles les femmes brûlées vives.
Et de recommander une justice pour comprendre ce qui se joue encore dans les mains de ceux qui étouffent torturent violent sans regards sans pourquoi parce qu’ils peuvent parce qu’ils ont appris.
Nous sommes en Allemagne, au Mexique et partout ailleurs là où les femmes accusées de ce qui déchire la terre sont proclamées coupables et corrigées, chair à vif.
Pour poursuivre pour qui veut : l’immense Féminicides_Une histoire mondiale dirigée par Christelle Taraud
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