Des incontournables et des révélations viendront s'ajouter à cette liste au fil des semaines !
Une histoire qui fait des étincelles qui emmène le lecteur dans les mines d’amiante au Québec, de Thetford Mines, où tout un monde vit de cette exploitation.
Eté 1986, commence par la mort de Joly, le vieux qui vendait des tissus. Steve Dubois, 9 ans, sillonne le coin sur son bicycle avec le petit Poulin et sont tentés de récupérer des matériaux pour leur cabane, dont ceux de Joly. La cabane, c’est leur refuge, ils se sont construits un monde à eux.
A travers les yeux de Steve, on voit leur famille, plus accueillante chez Poulin tandis que lui évite son père qui le juge trop efféminé, puis il y a sa mère dépressive, son frère déjà parti de la maison et les autres gamins qu’ils retrouvent sur les dompes (sorte de terril) pour balancer des pneus.
C’est l’insouciance liée à leur âge. C’est savoir si l’année prochaine Poulin et Steve pourront être dans la même classe. C’est l’amitié indéfectible liée à cet âge
Sous jacent, la plume n’est pas si légère, on sent les drames approchés. L’histoire alterne des moments du passé et ceux en train de se dérouler.
L’histoire se construit et se déconstruit au gré des saisons, comme ces cabanes.
Ellipse de temps
1991, quelques années plus tard, on retrouve Steve devenu un adolescent.
J’ai été interpellée par l’écriture poétique malgré le lieu effrayant qui apparaît presque beau et, les expressions fleuries du langage québécois, parfois pas si simple à comprendre, mais peu importe je me suis laissée porter par une écriture qui m’a touchée et une histoire forte d’un enfant qu’on va voir grandir dans un milieu hostile qui broie les humains.
Quel avenir attend Steve ?
Un premier roman fort
Alors encore capitale mondiale de l’amiante, Thetford Mines a vu grandir le poète et éditeur québécois Sébastien Dulude. Son premier roman Amiante raconte la tendresse de l’enfance comme une bulle merveilleuse et précaire dans un monde abrasif voué inévitablement à la faire éclater.
L’amiante du titre est en ces pages partout et nulle part. Partout parce que c’est elle qui modèle le paysage en un désert lunaire, comme recraché par un volcan. Et nulle part parce que, présence sournoise ourdissant longuement ses coups, elle inquiète d’emblée davantage le lecteur que les personnages, jetant sur le récit la prescience d’une catastrophe en complet contraste avec la fragile innocence des huit ans de Steve Dubois, le narrateur.
Dans cette ville minière, impossible donc d’échapper à la présence de l’amiante. De ses montagnes de résidus empoisonnés percées d’abrupts cratères s’échappe au moindre souffle d’air une poussière grise, opaque et collante, aussi invasive que le grondement sourd des explosions qui rythment le quotidien. Ces coups de canon et l’humeur brutale d’un père harassé, mal payé et inquiet des rumeurs de fermeture, sont avec ces crassiers interdits – terrain de jeux d’autant plus attirant pour les jeunes garçons du coin – à peu près tout ce qui émerge d’un monde dont Steve n’a pas encore pris la mesure de ses implacables cruautés.
Fort symboliquement, ce sera donc encore l’amiante qui, au mitan du livre, sous la forme d’une photographie en double page montrant une vue aérienne de l’immense mine à ciel ouvert, marquera la transition entre les deux versants de l’histoire. Mais d’abord, place à l’insouciance et au bonheur, avec le feu clair et joyeux d’une amitié d’autant plus lumineuse qu’elle fleurit à contre-pied de la solitude et de la crainte. Echappant à une violence paternelle quasi intériorisée comme ordinaire et laissée sans contrepoids par une absence maternelle que lui ne devine pas dépressive, Steve vit avec son indéfectible ami Charlélie, dit « Petit Poulin », un été de liberté fait de courses en BMX à travers les « dompes » interdites, d’orgies de gommes aux cerises et de passion pour les albums de Tintin lus de concert à l’abri de leur cabane-refuge dans un grand pin. Seule intrusion du monde extérieur dans leur bulle de rêve, ils collectionnent, comme d’autres les vignettes autocollantes, les articles consacrés à des catastrophes, pour eux encore fascinantes d’irréalité. Jusqu’à ce jour où le drame frappe dans la vie réelle.
L’illustration médiane franchie et avec elle cinq ans de la vie de Steve, la narration reprend depuis le rivage de l’adolescence, dans un mûrissement où nostalgie et culpabilité se mêlent. Avec la sortie de l’éden viennent la capacité à mettre des mots sur le vécu, tandis qu’à l’amitié perdue succèdent les timides vibrations de l’amour. Mais rien ne viendra jamais effacer le temps perdu du bonheur innocemment partagé, qu’avec une poésie sans pareille, magnifique de simplicité tendre, l’écrivain déroule depuis les profondeurs, en partie autobiographiques, d’une jeunesse faite de solitude, entre euphorie et douleur.
Un roman éblouissant touchant à l’universel, où bien plus qu’un minéral toxique, l’amiante se fait le symbole de la dure réalité du monde, celle qui s’impose à nous lorsque l’enfance commence à s’effriter sur l’adolescence. Coup de coeur.
Dévaler les pentes à bicycle, trouver des trésors pour construire une cabane dans les arbres, se plonger dans les aventures de Tintin, pêcher les truites, tenir le compte des catastrophes qui se passent dans le monde, ressentir les premiers émois physiques, voilà à quoi s'emploient Steve, neuf ans, et Charlélie, dix ans, deux amis inséparables depuis que le second est arrivé un an avant l'année 1986 pendant laquelle se déroule la première partie du roman.
Nous sommes à Thetford Mines, petite localité surnommée la « cité de l'or blanc », le métal précieux désignant l'amiante, minerai aux propriétés calorifuges et isolantes mais extrêmement nocives pour la santé humaine et pour l'environnement.
Poumon économique de ce territoire québécois, il emploie le père de Steve.
Malgré les dangers, cette exploitation est un formidable terrain de jeu pour les enfants. Le plus jeune, plutôt prudent, n'hésite pas à suivre son intrépide camarade, devenu un refuge, une protection, celui qui l'a sorti de la solitude. Parce qu'à la maison, la vie est moins plaisante.
La mère, dépressive, passe ses journées dans son lit, et le père manie les insultes et les coups avec virtuosité, reprochant à son fils ses manières et ses goûts efféminés.
« Amiante » est le premier roman de Sébastien Dulude, auteur québécois qui s'est fait connaître pour sa poésie, genre dont on distingue la marque dans la prose souvent lyrique et métaphorique mâtinée de mots et d'expressions québécois qui apportent une touche de fraîcheur et d'inventivité.
L'écriture a la capacité à décrire avec justesse, finesse et sensibilité le monde de l'enfance avec ses angoisses et ses joies, tout en instillant une sensation de menace, et celui de l'adolescence qui occupe la seconde partie, cinq ans plus tard, d'où sourdent un mal-être lié à l'absence, la colère, une quête d'identité et une émancipation salvatrice.
Personnage à part entière du récit, la mine d'amiante présente un double visage : une défiguration de la nature et un péril pour les riverains, mais aussi une source d'emploi pour ces derniers.
Elle est une verrue aux allures lunaires au milieu de paysages de forêts, de rivières et de lacs.
Sébastien Dulude s'est inspiré de sa jeunesse à Thetford Mines pour composer son roman aux allures de conte moderne qui fait l'éloge de l'amitié.
« Amiante » fait partie de la sélection 2025 du Prix Premières Paroles.
EXTRAITS
J'avais senti dès la première fraction de seconde du croisement de nos regards, dans sa manière d'opiner du museau vers moi en m'apercevant, qu'il était l'ami que je cherchais désespérément.
Notre proximité était d'une plénitude à la fois nonchalante et immense, à la manière dont se rencontrent les cachalots, les cumulus, les nébuleuses.
Comme cette ville, ma peine ne brûlera jamais. Elle survit aux coups, aux morts, à l'amour.
http://papivore.net/litterature-francophone/critique-amiante-sebastien-dulude-la-peuplade/
Steve Dubois, jeune canadien de neuf ans, se li »e d'amitié avec le jeune voisin nouvellement arrivé.
Leur amitié va aller grandissant.
Ils partagent tout.
Les grandes randonnées sur leurs « bicycles, , les explorations les plus diverses et les plus dangereuses, la construction de cabanes où ils se retrouvent régulièrement, les grandes descentes en luge....
Bref, ils sont inséparables, n'ont aucun secret l'un pour l'autre.
Une enfance de rêve dans un beau décor canadien, même si les mines d'amiante n'ont rien de réconfortant.
Quelques années plus tard, on retrouve Steve à l'adolescence.
Voilà un très beau roman sur l'enfance et l'amitié.
L'écriture est belle, poétique, empreinte de délicieuses expressions canadiennes.
Le bonheur de l'amitié est palpable, émouvant , à tel point qu'on ne peut que se demander s'il ne s'agit pas de la propre enfance de l’auteur.
J'ai pris un grand plaisir à partager le quotidien de ces deux enfants très attachants.
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