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Sa patronne, lui octroie, d’office, une semaine de congés. Pour faire passer la pilule, elle lui propose sa maison dans le Morvan. Maison de pierre qui a appartenu au Jean Lhomme et à l’Antoinette, lieu d’un crime sanglant, dans un hameau vidé.
Pour une parisienne pur jus, ce n’est pas évident. Elle y arrive par le car, enfin le car la dépose au hameau le plus proche. Elle fait le reste à pieds.
« On entend des oiseaux. Il ya beaucoup de fleurs au bord de la route… Pas de maisons, ni de voitures, ni personne. Sybille reste interdite ».
Commence une quête presque initiatique et très sensuelle, une ode au retour à la nature.
Son plaisir, hors les promenades, s’asseoir sur les marches du perron, écouter les oiseaux, les grillons. Elle rencontre les rares habitants, la boulangère du village voisin, sa « voisine » qui lui racontent l’histoire de ce lieu.
« Sybille Vanaen est profondément satisfaite d’être là, mais elle a peur »
Sybille profite de cette liberté pour découvrir son petit coin qui n’est pas loin d’être le paradis. Elle va s’ouvrir à la nature, à son environnement, essayer de ne faire qu’un avec son entourage. Elle marche à travers les forêts, les prairies, même pas peur de se perdre.
Elle marche de jour, de nuit, vêtue ou nue, elle respire les odeurs de la campagne, suit les oiseaux du regard, fait corps avec la nature à son apogée.
« Les hirondelles font de l’épate, elle lui effleurent les cheveux Fryy fryy kibutchipp »
L’écriture est très belle, les descriptions minutieuses emplies de poésie. Je ressentais le trouble de Sybille, un trouble sensuel, exquis et délicieux lors de ses promenades. Oui, la nature est sensuelle à qui se laisse caresser par les hautes herbes, les chants d’oiseaux, la course des nuages, la nuit sous la voûte céleste étoilée, le bruit du ruisseau et de sa petite cascade….
Sybille s’est laissée aller, à lâché prise, s’est ouverte telle une fleur, s’est mise entre les mains de Dame Nature. Je gage que cette semaine morvandelle laissera des traces dans son futur.
Comme Sybille, prenez le temps de déguster chaque instant, chaque mot. Prenez le sentier des mots, laissez le chant des oiseaux, des grillons vous pénétrer par la beauté de ce texte, vous arriverez dans la clairière des chapitres, écouterez la petite cascade vous murmurer les phrases… et ce sera le bonheur.
Un coup de cœur pour ce magnifique premier roman.
Sanglier est un hameau près de Villapouçon dans le Morvan. Un peu plus loin, il y a le village de Biches. Des coins à belles balades.
Sybille vient passer quelques jours de vacances dans une maison isolée dans un hameau déserté de Bourgogne. Plutôt citadine, la voici arpentant les sentiers rudes et à peine dessinés, traversant des champs, grimpant et descendant des collines. Elle se perd, se retrouve grâce à des habitants qui la guident, la mènent, lui plaisent, lui font peur. Sybille découvre la nature, s'aventure se découvre et découvre mille et une espèces vivantes, faune et flore.
Texte éminemment beau, lent et décrivant superbement la nature. C'est du contemplatif, il faut aimer, mais si on se laisse porter on sera transporté. Sybille guide le lecteur dans la région qu'elle habite temporairement qui la découvre avec elle : les plantes, les oiseaux, les cours d'eau, les vents, la nuit, le jour, ... Tout est découverte, étonnement, peur parfois lorsque les bruits sont inquiétants.
Superbe, fin,sensible, ... il n'est pas assez d'adjectifs dans mon vocabulaire pour parler de ce roman, un premier roman d'un écrivain né en 1947. L'écriture est ciselée, très belle, tout coule comme l'eau des ruisseaux décrits. Court roman qui a obtenu le Prix de la page 112, de justesse puisqu'il n'en compte que 120. Allez, pour finir, un extrait de cette fameuse page 112 :
"On voit très loin, mais à partir de quinze vingt kilomètres les choses sont un peu floues et vers l'horizon ce sont juste des dos et des hanches grises. Mais devant, chaque arbuste, dans la forêt chaque frondaison, tous les oiseaux qui montent au-dessus pour mieux circuler ; des myriades d'insectes qui brillent au soleil ; tout se sait. Et cela n'est rien, ce qui réveille c'est la force des choses."
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