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Dominique Merigard

Dominique Merigard
Dominique Mérigard a obtenu plusieurs bourses et résidences d'artiste. L'une d'elles, réalisée au Portugal, a donné lieu à la publication aux éditions Filigranes du livre Douro, journal des éléments. Son travail interroge les notions de temps, de mémoire, de transmission ou de perte, co... Voir plus
Dominique Mérigard a obtenu plusieurs bourses et résidences d'artiste. L'une d'elles, réalisée au Portugal, a donné lieu à la publication aux éditions Filigranes du livre Douro, journal des éléments. Son travail interroge les notions de temps, de mémoire, de transmission ou de perte, comme dans les séries Témoin S-21 (1994-1995) sur le génocide au Cambodge (Le Bec en l'air), L'Expiré (1996-2007) réalisée au cimetière du Père-Lachaise (aux éditions Filigranes). Ses images nous parlent de l'intensité et de la fragilité de tous les instants de la vie, ainsi que de la transmission de la mémoire, du souvenir.

Avis sur cet auteur (1)

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    Couverture du livre « Le dernier homme » de Dominique Merigard aux éditions La Grange Bateliere

    Evlyne Léraut sur Le dernier homme de Dominique Merigard

    « Depuis le départ de la gare, je n’arrive pas à détacher mon regard des paysages traversés. Je les connais pourtant si bien. »

    Dominique Mérigard est de retour sur sa terre natale.
    Il cherche à se réapproprier cette enfance, figée dans un décorum.
    L’interpellation des sens, jusqu’à cette...
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    « Depuis le départ de la gare, je n’arrive pas à détacher mon regard des paysages traversés. Je les connais pourtant si bien. »

    Dominique Mérigard est de retour sur sa terre natale.
    Il cherche à se réapproprier cette enfance, figée dans un décorum.
    L’interpellation des sens, jusqu’à cette profonde immobilité qui le foudroie.
    Il veut apprendre encore de ce père. Lui, qui a vécu toute sa vie, solitaire, sans ce liant d’amour. Sa femme trop tôt disparue, Dominique Mérigard n’avait que trois ans.
    Thérèse et Jean, des voisins, lui maçon, elle nourrice, ont recueilli ce petit oisillon tombé du nid bien trop tôt.
    Pendant douze ans, il traversera la route le soir pour dormir avec son père.
    Cet enfant qui se lovera dans un quotidien sans mère. Peu de souvenirs, le visage flouté.
    Le berceau qui prend l’eau. Le vide maternel, une mère de brouillard et de silence.
    Thérèse sera le cercle de l’empathie et du soin.
    Son père, dont les mains ne connaissent que la noblesse de la terre. Donner vie aux plantes, aux fruits et légumes. Homme du terroir, lumineux et triste, pudique et maladroit avec l’enfant. Il l’aime mais mal. Comme si la tendresse était interdite. Réservée à une famille dont il ne manque pas une seule fondation.
    L’auteur revient dans cet antre, après dix ans d’absence, de silence et d’abandon.
    Ouvrir l’espace en grand, faire revenir ce temps de l’enfance. Il cherche dans les pièces endormies, dans l’épars de sa mémoire les images d’antan.
    Recoller les évènements entre eux, les vérités. Où était sa vraie place dans cette famille chahutée par l’irrévocable ?
    Chercher le point d’appui pour enfin se connaître dans l’exaltation du temps présent.
    « Mon père s’est alors contenté d’une vie tronquée, sans femme, sans confort, avec un enfant quelques heures par jour, puis à demeure, sans beaucoup de temps à lui consacrer. Il s’est résigné à vivre ainsi. Lui, qui adorait chanter et dont j’ai retrouvé après son décès les cahiers de chant de sa jeunesse, ne chantera plus jamais. Il n’a cessé de travailler pour gagner suffisamment d’agent afin que son fils unique soit correctement élevé, réussisse dans la vie mieux que lui, soit plus heureux. »
    Les confidences assignent les repentirs. Un enfant presque comme les autres, avec ses rebellions. Le désir vif de partir, loin, de cette maison prise en étau sur une départementale.
    Il va s’enrichir. Lire, s’émanciper, s’échapper. Jusqu’à comprendre que les luttes sont fascinantes mais manichéennes.
    « Ne reste pas là comme ton père, cloué après la mort de sa femme, attendant quoi ? Sa propre fin ? Que son fils devenu adulte s’en sorte mieux que lui ? Qu’il soit heureux aurait-il été trop demandé ? »
    Dominique Mérigard déambule entre passé, présent et futur.
    On ressent le sacre des résurgences.
    Un homme photographe côté ville, qui fige les beautés d’une maison qui palpite encore. En survie, prête à offrir l’autre versant en partage. Le méconnu, celui, que seul, Dominique Mérigard cherche et trouvera peut-être.
    La perception des intériorités sur les fenêtres d’une maison close et endormie.
    La narration coopère dans l’estime des généalogies. Les images qui remontent le fil du temps. Le vide abyssal qui déploie ses lames comme des contrefaçons. Le fils franchit la source. Enquête, fouille, cherche dans les coffres d’un grenier les vertigineuses écritures ineffaçables. Les photographies qui honorent ce livre mémoriel, sont des incantations. Le privilège de surmonter le présent et d’ouvrir la fenêtre en grand.
    Les entrelacs où les preuves existentialistes abreuvent cette maison dont cet adulte devenu doute de sa survie, encore.
    L’heure des choix.
    « Le dernier homme », on pourrait mettre une majuscule à père.
    Ce titre est l’emblème de cet adage de Nietzsche : «  Il n’est qu’un bonheur au monde c’est l’amour. Tout le reste n’est rien.  Et la morale et ses vertus s’opposent à la liberté et à la recherche du bonheur individuel. »
    « Le dernier homme », qui honore les hérédités et les passations.
    « À quel âge passe-t-on du rejet à la renaissance ? »
    Seule, cette maison sait la réponse.
    Publié par les majeures Éditions la Grange Batelière.

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