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Ce roman de 280 pages qui débute au lendemain de la révolution bolchevique pour se terminer avec le siège de Léningrad par la Wehrmacht au cours de la Seconde Guerre mondiale, n’est pas à proprement parler un roman historique.
Nous suivons, de bout en bout la vie mouvementée de Maria, née au nord de la Russie. La fillette est infirme, née avec un pied bot. En échange de quelques poissons, ses frères la donnent à sa marraine. Serafima va lui apprendre à survivre dans la forêt tandis qu’une terrible famine sévit dans le pays.
Obstinée et résiliente, cette jeune infirme suit sa destinée avec la naïveté et la confiance des enfants. Elle habite le roman de façon magistrale et j’ai été tout de suite touchée par son courage et son grand cœur.
Á la mort de Serafima, Maria part à travers la Russie, prenant le train pour la première fois. Son périple la mènera jusqu’à Peterhof, là où s’élève le palais d’été des tsars. Elle est embauchée à l’orphelinat voisin afin de s’occuper des jeunes orphelins. Là, elle fait la connaissance d’Anna, la belle infirmière à la chevelure flamboyante, une fille exubérante et faite pour le bonheur que Maria va tant admirer qu’elle cherchera à l’imiter.
Hélas ! La guerre se rapproche, c’est le siège de Léningrad qui durera 900 jours. Il faut évacuer les enfants. Débute alors un voyage sous la neige et la mitraille pour Maria et le personnel chargés de tous ces marmots. Un véritable calvaire avec ses morts jusqu’à l’abri de la dernière chance dans une cave pour se protéger des bombardements. La jeune Maria va tout mettre en œuvre pour sauver les enfants survivants de la famine et des bombes.
Si l’histoire, la grande, est bien présente tout au long du roman, elle n’est pas détaillée ni expliquée. Simplement là pour éclairer le sort de Maria ballotée par les remous de l’histoire. Le récit s’apparente plutôt à un conte avec une héroïne qui va se révéler à travers les nombreuses épreuves. Elle y rencontre quelques fées comme Serafima et Anna, elle doit affronter les jeux cruels des enfants et se mesurera même à un ours affamé.
Mais ce qui étonne le plus dans ce roman, c’est l’écriture, parfois proche de l’oralité et délirante avec ses onomatopées, ses répétitions, ses mots inventés et des exclamations comme s’il en pleuvait ! Une langue sensuelle, Rabelaisienne qui surprend et qui charme. Et ce lyrisme coloré, exalté de l’auteur nous entraîne dans un récit rythmé et joyeux malgré les sombres nuages de l’Histoire.
« La neige rend les gosses fous. Vraiment fous. Ils se mettent à faire des trucs de fous…Rampent dans la poudreuse ! Folichonnent ! Se roulent dedans, dégourdis comme des mangoustes ! Et puis la première folie passée, ils se mettent à jouer. Ils jouent à tout, les miches ! Á croche-patte ! Á tire-pif ! Á mord-l’âne ! Á l’éventail- à-bourricot ! Á décroche la crotte ! Á rote-la-carotte ! Á baiser d’ours ! Á brouille- la-pistouille ! Á piste-la-gargouille ! Et les plus grands ?! Filles garçons ! Á croque-les-pommes-de-pine ! Á gobe-le-zob ! Á noue-la-nouille ! Á attrape-le-pet ! Á cache-le-nichon ! … »
Une belle découverte d’un auteur et un roman superbe et foisonnant dont je recommande particulièrement la lecture
Née au nord de la Russie après la Révolution, la jeune infirme Maria perd un à un les siens et, poussée par la misère, se retrouve contrainte d’aller tenter sa chance toujours plus loin. Elle parvient ainsi à Léningrad et trouve à s’y employer dans un orphelinat. Le siège de la ville par la Wehrmacht lors de la seconde guerre mondiale la force à fuir avec les douze seuls enfants survivants.
Cette histoire racontée avec la naïveté d’un conte est tout simplement terrible. Un petit bout de femme, que tout laissait présumer aussi fragile qu’un fétu de paille dans le vent de l’Histoire, résiste à toutes les épreuves - handicap, misère, famine, solitude – pour devenir, malgré elle, l’incarnation anonyme du courage et de l’abnégation. Aux côtés de la jeune Maria, vouée dès la naissance à une existence misérable et insignifiante, et qui traverse les terrifiants soubresauts de son époque avec la patience têtue des êtres habitués à faire impassiblement avec le pire, sans même songer à se plaindre, c’est toute l’histoire du petit peuple de Russie, pendant les années trente et quarante, que l’on traverse à hauteur d’une âme simple, que les vicissitudes ne parviennent pas à altérer.
Toujours au plus près du ressenti et du quotidien des personnages, au travers d’une foule de ces détails infimes qui font pourtant la couleur d’une vie, le texte ne se départit jamais d’un parti-pris narratif aussi déconcertant qu’efficace quant à l’effet recherché. S’il n’a cessé de me rebuter, au point de me gâcher une bonne partie de mon plaisir de lecture, il contribue fortement à l’atmosphère et au ton si particuliers du roman. Son expression exaltée et emphatique, ses salves de phrases brèves, souvent sans verbe, mitraillées de points d’exclamation, mais aussi ses formules imagées, formulées avec une spontanéité simple et presque naïve, dans une langue très orale, créent l’impression d’écouter un témoin de ces temps anciens narrer ses souvenirs, discrètement teintés d’un parfum de mélancolie et de légende épique.
Travaillé jusque dans son style en un puissant hommage à ces innombrables très modestes anonymes, qui, du temps des grands-parents de l’auteur, ont payé un si lourd tribut à l’Histoire en Russie, ce roman est de ceux qui vous impressionnent par leurs qualités, même si elles en rendent aussi la lecture quelque peu ingrate.
Un véritable coup de cœur pour ce livre si particulier. Il faut dire que son auteur est russe et qu’il écrit directement en français et cela fait toute la différence. Un style inclassable, des tournures de phrases bien à lui et constamment des répétitions de mots comme pour mieux les ancrer mais aussi nous offrir une mélodie. Des phrases inhabituelles et déroutantes au commencement, bien vite on tombe dans le chaudron russe et ce qui était étrange devient enchanteur. Une ponctuation anarchique qui donne un peu plus un rythme qui lui est propre. Tout du long, j’ai eu le sentiment d’écouter un conteur habile en introspection qui par le biais de son personnage principal nous offre une histoire digne des tragédies grecques. Nous allons suivre Maria patte d’ours, née sur les bords de la Mer Blanche dans le Nord de la Russie. Maria n’aurait pas du survivre avec son handicap tant la vie est dure entre famine, misère et révolution. Pourtant c’est bien elle qui lutte avec acharnement pour sa vie mais aussi pour la vie des orphelins dont elle a la charge. Nous suivons son parcours quasi initiatique depuis sa naissance sur la corde raide entre vie et mort omniprésente. Quelle valeur a la vie dans ces contrées, à cette époque, où pour un morceau de sucre ou quelques poissons, elle peut être échangée. Heureusement, grâce à sa marraine, un personnage qui oscille entre la chamane et la religieuse, elle apprend à survivre dans les pires conditions. Lorsque la petite histoire rejoint la grande et que l’auteur situ son action lors du siège de la ville de Leningrad en 1944, alors on sait que l’on s’enfonce dans la douleur, l’obscurité et la violence. Tout se ligue contre la vie, le terrible froid, la guerre, la famine, la maladie et même un ours lui aussi rendu fou par la faim. Un récit puissant et intimiste qui force le respect. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2021/08/25/39107178.html
Pour suivre l'odyssée de Maria à travers la Russie / URSS post révolution bolchevique, il faut accepter le tempo du roman, il faut d'abord dompter l'exaltation d'une langue française poussée dans ses retranchements, essorée, tordue, enflammée par une ponctuation spectaculaire mitraillant le texte de points de suspension, d'exclamation, dans une mitraille de phrases brèves, parfois nominales. Mais une fois cet effort concédé, un texte retentissant à l'empreinte puissante s'ouvre à nous.
On se perd parfois dans les déambulations de Maria qui la mène jusqu'au siège de Leningrad mais jamais sa présence incandescente ne nous quitte. Un des plus beaux personnages féminins lus depuis longtemps. Maria, vouée à ne pas survivre dans une Russie rongée par la famine, née faible et boiteuse dans une famille misérable au nord de la mer Blanche, achetée contre quelques poissons par ces frères à une marraine qui deviendra son phare. Une simple d'esprit mais pas simplette. Juste un coeur pur qui suit ses intuitions, prend le monde tel qu'il est et s'y adapte. Un élan naturel vers l'autre, sans jamais vouloir le posséder ou le juger, juste posée là en observatoire des passions des autres ( notamment Anna, son opposée polaire qui, elle, mijote dans les passions ).
Confrontée à la violence du monde - la famine omniprésente, la guerre - le roman prend des allures de parabole christique tant la symbolique chrétienne semble imprégner la destinée de Maria, l'agneau des neiges, jusqu'à une cave de Leningrad, entourée de douze orphelins qui n'ont plus qu'elle pour tenter de rester en vie. Maria continue à avancer inaltérable malgré l'horreur qui se déchaîne.
Et c'est justement dans les cent dernières pages, consacré au terrible siège de Leningrad ( 900 jours du 8 septembre 1941 au 27 janvier 1944 ) que la prose de Dimitri Bortnikov prend tout son sens. Sa logorrhée étourdissante se conjugue au gré des bombes et la famine qui tuent par centaine de milliers, plus explosive que jamais dans la description de cette épopée de survie. le lyrisme singulier de l'auteur est tellement stimulant qu'il imprègne cette lecture d'images fortes .
« Un autre jour, Maria s'est réveillée d'un étrange silence. Elle est sortie pour voir. le ciel était comme une huître ouverte ... Au palais nacré. Et le ciel chantait la musique de la neige ... Il avait neigé cette nuit-là. Maria humait l'air. Rien. Aucune odeur ... L'air était pur, et le ciel était haut. Si haut ... Et le silence était parfait. A tomber à genoux devant tout ça ... Et puis le soleil s'est levé et la neige, elle s'est allumé de mille feux. Cette lumière du Nord. le feu vert d'abord ! Puis rose ... Puis vermillon ... Et l'ombre bleue, oui, ce bleu tendre, presque gros, qui vous suit, et puis passe devant et vous guide comme le chien d'un aveugle ... Puis s'allonge à vos pieds, reste comme ça le temps d'un coup de cils, et puis disparaît. Mon ami, mon ami ... La neige – c'est l'enfance de toutes les odeurs. La neige – c'est la mère de toutes les couleurs. La mère stérile ... Toujours jeune. Et là, Maria s'est mise à prier. »
Très impressionnant.
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