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Lorsque l’on évoque les bienfaits de la lecture, on pense généralement aux « grands classiques » : lire diminue le stress, apporte connaissances et vocabulaire, stimule l’imagination, la mémoire et la concentration … Pour ma part, la lecture m’a également apporté quelque chose de bien plus inattendu : la patience. Car il en faut, parfois, pour attendre « sagement » la suite d’une saga que l’on apprécie énormément ! Cela fait maintenant plus d’un an que j’ai tourné la dernière page de Grandir, et que je trépignais d’impatience de retrouver Emilie pour de nouvelles aventures … Les premières semaines furent les plus difficiles : j’avais tellement du mal à quitter cet univers passionnant que je devais me faire violence pour ne pas relire en boucle, indéfiniment, le premier tome dans l’attente du second. Et puis, la douleur s’est estompée … pour revenir au grand galop lorsque Vivre a débarqué dans ma boite aux lettres alors que mon planning de lecture du mois était déjà surchargé ! Mais j’ai appris à dompter cette impatience livresque … et même à la savourer. Alors je tapotais gentiment la couverture en lui promettant que son tour viendrait bientôt, j’ai savouré lentement ma relecture du premier tome pour enfin me plonger dans cette suite tant attendue …
Emilie a désormais quinze ans. Son apprentissage de Bibliothécaire se poursuit, lentement mais surement … Elle plonge aujourd’hui dans son second livre-rêve, qui fait d’elle la princesse héritière d’Alma. A peine couronnée, la jeune fille se retrouve confrontée à un terrible et douloureux dilemme : quelle décision doit-elle prendre pour garantir paix et sécurité à ses sujets ? Tantôt conseillée tantôt contrôlée par l’Autre, qui l’empêche d’exprimer ses opinions propres et qui veille à ce que « l’histoire suive son cours », Emilie se lance donc dans un audacieux voyage : elle va parcourir les pays voisins afin de déterminer la voie qu’elle devra suivre pour faire de son royaume un pays où le bonheur sera à la portée de tous. Quel exemple doit-elle suivre : celui du roi d’Abyss, de l’empereur de Promété ou du prince de Zénit ? Le choix est difficile … et cela d’autant plus qu’elle ne sait pas que son pire ennemi se cache sous les traits d’un personnage. Saura-t-elle déjouer ses pièges ?
On retrouve ici la mise en abyme que j’avais tant appréciée dans le premier tome : le lecteur lit l’histoire d’une lectrice qui lit une histoire … Mais Emilie fait bien plus que lire, elle rêve, elle vit, cette histoire couchée sur papier. Car là est tout le charme d’un roman : ce ne sont plus de simples mots assemblés en phrases, mais bien une aventure dans laquelle le lecteur est invité à plonger, de tout son cœur, de toute son âme. Quand on ouvre un livre très bien écrit, on n’est plus tout à fait soi-même : on se fond progressivement dans le personnage principal, on se laisse guider par lui, on tremble et on rit à l’unisson avec lui. On peut ne pas être d’accord avec ses actes ou ses paroles, mais qu’importe : on continue de le suivre dans ses pérégrinations, on a peur pour lui comme si notre propre vie était en jeu. Et quand l’histoire est achevée, on relève la tête comme on sort d’un rêve : il faut du temps pour reprendre contact avec la réalité ! Il est donc incroyablement facile de s’identifier à Emilie, plongée dans ce livre-rêve : elle est nous, nous sommes elle. Et le plus incroyable, c’est que l’on oublie à la fois que nous ne sommes pas Emilie, et qu’Emilie n’est pas l’enfant d’Arès ! Vivre, c’est un livre dans un livre, une histoire dans une histoire, et c’est aussi sympathique que déconcertant de jongler avec les différents niveaux de réalité et de fiction !
Et cela d’autant plus que l’autrice s’en est donnée à cœur joie dans ce livre : nous retrouvons à la fois des éléments du technomonde présenté dans le premier tome, des allusions à des grands classiques de la littérature (mention spéciale à la description des grands magasins, qui m’a rappelé le merveilleux roman de Zola, Au bonheurdes dames !), et des bribes de notre propre société et histoire … Tout se mélange allégrement, tout s’imbrique naturellement, pour constituer un monde aussi étrange que familier. A mes yeux, c’est vraiment l’une des grandes forces de cette saga : elle ne se cantonne pas à un genre, à un style, mais pioche de-ci de-là pour former un ensemble d’une richesse et d’une finesse incroyable ! J’aime les récits atypiques et audacieux, qui osent transcender les codes et les règles pour affirmer leur identité propre, et je pense que La Bibliothèque ne place aisément en haut du podium de ce point de vue ! Une pincée de romance, une bribe de science-fiction, une touche d’heroic-fantasy, un soupçon de steampunk, sans oublier de l’aventure, de la dystopie et de l’historique ! Adeptes de tous les genres y trouveront leur bonheur, et se laisseront porter par cette fantastique histoire riche en rebondissements et en émotions !
Et aussi, bien sûr, en réflexion … A travers ce second livre-rêve, Emilie poursuit son apprentissage, son initiation. Le cœur de la jeune fille est bourré d’idéaux : elle rejette formellement la guerre et la violence et souhaite ardemment rendre son peuple heureux, abolir les inégalités et les injustices. Tout au long de son voyage, cependant, Emilie va progressivement se rendre compte de la noirceur de la nature humaine : dans chaque pays qu’elle traverse, au nom de la tradition, de la religion ou du progrès, des hommes sont opprimés, rabaissés, tués, par d’autres qui se considèrent « supérieurs » … Révoltée, Emilie se souvient avec nostalgie du technomonde qu’elle haïssait alors : plus d’inégalité, plus de misère, plus de guerre ni d’injustice … mais plus de liberté non plus. Une à une, toutes ses illusions se délitent tandis que la terrible réalité s’impose à elle, s’impose à nous, tandis qu’une lancinante question s’imprime dans son cœur et son esprit : que faire ? y a-t-il quelque chose à faire ? un monde meilleur est-il possible ? le bonheur est-il possible ? et si oui, à quel prix ? C’est une douloureuse leçon qu’Emilie et le lecteur doivent affronter … surtout si on est aussi idéaliste qu’elle. Qu’il est difficile d’admettre que nos bonnes intentions, nos rêves, ne suffisent pas à changer le monde, ne peuvent pas changer le monde ! C’est un livre qui secoue, qui remue, un livre qui transforme, car ce que vous vivez aux côtés d’Emilie va vraiment changer le regard que vous portez sur le monde … C’est intéressant, mais c’est à vos risques et périls !
En bref, vous l’aurez compris, je suis toujours aussi amoureuse de cette saga, qui mêle avec brio fiction, action, émotion et réflexion, et je suis toujours aussi amoureuse de la plume de Pauline Deysson, si belle, si riche, si magique. Cela valait vraiment le coup d’attendre : ce livre est vraiment incroyable, peut-être même meilleur que le premier ! C’est vraiment un monde que l’on quitte à regret, un livre que l’on peine à fermer, des personnages que l’on ne veut pas quitter et qui nous manque à peine la dernière page tournée. Cette saga, c’est une ode à la lecture, une déclaration d’amour aux livres, qui nous font rêver et grandir, qui nous font voyager et réfléchir, qui nous transforment, qui nous soignent … Cette saga, elle met en évidence la magie qui se cache derrière chaque phrase de chaque page de chaque livre. Mais surtout, cette saga ne nous raconte pas une seule histoire, mais plusieurs histoires : vous avez deux livres pour le prix d’un, alors n’hésitez plus et achetez donc Grandir et Vivre, vous ne le regretterez pas !
https://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2018/12/la-bibliotheque-tome-2-vivre-pauline.html
Pendant des années, je dois bien avouer que j’étais particulièrement réfractaire à la lecture d’autoédités. J’entendais parler de romans bourrés de fautes, sans queue ni tête, aux incohérences plus grosses les unes que les autres … Rien de très rassurant ! Et voilà que La Bibliothèque arrive dans ma vie, et que tous ces aprioris négatifs sur l’autoédition s’effacent : ce premier tome est la preuve en pages et en encres qu’autoédité peut parfaitement rimer avec qualité. En effet, je ne vais même pas attendre le cœur de la chronique pour l’annoncer : ce roman a été plus qu’un coup de cœur. Il a été une révélation, un voyage, une rencontre. Une très belle rencontre, un merveilleux voyage et une extraordinaire découverte.
Comme tous les enfants du technomonde, à l’âge de 10 ans, Emilie va passer le Test d’Aptitude pour ainsi recevoir son Revery, une machine qui lui sera personnellement accordée et qui veillera à son bien-être quotidien en la guidant et la conseillant. Mais Emilie s’interroge de plus en plus sur le monde qui l’entoure et refuse de prendre le Revery qui lui est attribué. Placée dans un Centre d’Apprentissage de l’Aptitude pour palier à cette résistance, Emilie va longuement hésiter sur la conduite à tenir … jusqu’à ce qu’une fleur de lys rentre dans sa chambre et la transporte dans la Bibliothèque. Un lieu où les livres sont des rêves, des songes à faire lire aux âmes endormies qui viennent chaque nuit s’échapper d’un quotidien peut-être pas aussi joyeux qu’on ne veut le leur faire croire. Devenue Apprentie Bibliothécaire, Emilie va ouvrir un premier livre …
Ce livre fera le régal de tous ceux qui, comme moi, aiment les récits qui ne se cantonnent pas à un genre mais qui au contraire empruntent allégrement à plusieurs genres. Le lecteur se retrouve tout d’abord plongé dans un univers dystopique merveilleusement bien construit : au sein du technomonde, sous couvert de permettre aux technocitoyens d’être heureux en réalisant le moindre de leur désir, le système enferme ces derniers dans une vie monotone de loisirs incessants où le libre-arbitre n’a pas sa place. Abrutis par les jeux vidéo qui constituent leur quotidien, les technocitoyens suivent aveuglément la masse sans même se rendre compte de ce formatage. Arrive ensuite une bonne dose de fantasy, avec l’histoire épique de la naissance de la Bibliothèque, ce lieu où sont créés et distribués les rêves en fonction des besoins de chaque âme. Et puis, dans l’aventure que vit Emilie lorsqu’elle ouvre son premier livre, de bonnes doses de fantastiques font leur apparition : les sirènes, les fées, les nymphes et autres créatures légendaires lui viennent en aide. Et ce fabuleux mélange fait de ce livre un roman unique en son genre, une histoire d’une richesse incroyable.
D’autant plus que cet ouvrage possède également de nombreux éléments le rapprochant du conte philosophique ou du récit initiatique. L’histoire que nous compte ce joli pavé de presque 500 pages, finalement, ce n’est pas uniquement l’histoire que déroule le premier livre des rêves ouvert par notre jeune Apprentie Bibliothécaire. Il est bien plus question de l’épanouissement intérieur d’Emilie, de l’évolution de sa psyché. Au début du récit, Emilie n’est encore qu’une petite fille : rebelle et curieuse, insouciante et à la pensée très manichéenne - les choses sont soit parfaitement bonnes, soit irrémédiablement mauvaises - et optimiste - le Bien, la bonté, la gentillesse, la joie, triompheront forcément. A la fin du récit, Emilie est une adolescente qui a non seulement saisi la complexité du monde et de la nature humaine, mais qui a également pris conscience de la contingence de la vie tout en ayant ouvert les yeux sur la question du bien, de la liberté, de l’éthique … De nombreuses pistes de réflexion s’ouvrent alors au lecteur. Suis-je libre lorsque je réalise mes propres désirs égoïstes ? Dois-je sacrifier le bonheur des autres pour augmenter le mien ? Quel est le sens de mon existence ? J’en passe et des meilleures.
J’avoue être particulièrement impressionnée par l’auteur. En premier lieu, elle a d’excellentes idées : qu’il s’agisse qu’il s’agisse de ce monde futuriste dominé par la satisfaction éphémère de désirs passagers jamais réellement assouvis, de cet univers hors du temps et de l’espace qu’est la Bibliothèque des rêves, ou encore des demeures féériques des Sirènes, des Fées et des habitants d’Avalon, tout est vraiment très original. Mais plus spectaculaire encore, elle a réussi à combiner toutes ces idées apparemment disparates pour former un tout cohérent et harmonieux : le risque, lorsqu’on a autant d’éléments en tête et qu’on souhaite les réunir en un seul récit, c’est de ne pas parvenir à les unifier correctement, et que cela deviennent inintelligible pour le lecteur. Pauline Deysson a su éviter ce piège : pas une seule fois je ne me suis sentie perdue ou submergée par les informations distillées progressivement. Il y a des histoires dans les histoires, des intrigues dans les sous-intrigues, et pourtant, tout s’accorde parfaitement. C’est vraiment époustouflant !
En bref, l’auteur nous propose avec ce premier tome un ouvrage merveilleusement bien construit et admirablement bien écrit (quelle plume ! c’est un vrai plaisir que de lire une narration aussi belle, aussi fluide, aussi riche !) qui happe le lecteur sans le laisser reprendre son souffle. De l’action, de l’émotion, de la réflexion, il y a vraiment de tout dans ce roman qui peut s’avérer un peu compliqué au premier abord mais dont l’intrigue coule finalement de source. C’est un vrai déchirement que de quitter tous les personnages rencontrés durant ce premier Livre, mais la fin est une véritable promesse qui permet au lecteur de surmonter cette douleur. Depuis que la dernière page s’est tournée, je n’ai plus qu’une seule hâte : avoir le second tome entre les mains pour marcher aux côtés d’Emilie dans une nouvelle aventure. Vivement …
Vous avez faim ? Voici un plat pour vous sustenter ! Vous avez froid ? Voici de quoi vous réchauffer le corps à défaut du cœur ! Vous vous ennuyez ? Jouez à ce super jeu vidéo sélectionné pour vous par votre Revery, une machine qui sera votre meilleur ami répondant voire anticipant chacun de vos besoins. Alors n’est-ce pas magnifique de vivre dans une société où la moindre de vos envies est satisfaite immédiatement grâce à la technologie ? Bienvenue dans le technomonde !
Émilie, fillette de dix ans, se pose beaucoup de questions et sent, en son for intérieur, qu’il existe une autre voie que celle qu’on lui montre. A l’issue d’un test qu’elle réussit, elle refusera néanmoins de prendre son Revery supposé lui apporter le bonheur, sans s’imaginer une seule seconde les conséquences sur sa vie. Sa tentative pour sortir des sentiers battus ne passera en effet pas inaperçue dans une société ultra-formatée où toute différence doit être annihilée. Elle sera heureusement sauvée d’un funeste destin en étant transportée dans un lieu hors du temps, La Bibliothèque. En son sein, plus de technologie, mais des livres qui sont ici tout autant de rêves qui s’offrent aux âmes. La Bibliothécaire veille sur ces livres, guide les âmes vers les ouvrages dont elles ont besoin et crée de nouvelles histoires. Émilie, quant à elle, devient son apprentie et apprend, petit à petit, les secrets de l’écriture et des rêves avant de se plonger dans son premier livre…
Commencera alors pour cette jeune fille une aventure faite de découvertes, parfois belles, parfois horrifiantes, de peine, de pleurs, mais aussi d’amitié et d’espoir. Mais n’est-ce pas ce que devrait être toute vie ?
Alors que j’ai d’emblée trouvé le style de l’auteure très travaillé et prompt à satisfaire mon admiration pour les belles plumes, j’ai eu du mal à m’immerger dans le récit. Il m’a fallu attendre la formation de bibliothécaire d’Émilie et son apprentissage de la lecture pour vraiment m’intéresser au roman. J’ai, en outre, adoré la voir découvrir l’histoire d’Icare et Dédale, deux personnages qui devraient parler à pas mal de lecteurs, et celle du Voleur de cœurs et sa quête du rêve universel. Mais c’est vraiment quand notre héroïne se lance dans la lecture de son premier livre que mon attention a complètement été happée, et que je n’ai plus levé la tête de mon livre.
C’est d’ailleurs assez étrange, alors que le lecteur sait très bien qu’Émilie ne vit pas vraiment l’aventure que l’on suit, mais la lit ou la rêve, on ne peut pas s’empêcher, comme elle, de se prendre au jeu. Très vite, la barrière du livre/du songe s’efface pour nous faire vivre l’aventure d’Émilie et de ses amis comme si elle était nôtre. Il faut dire que l’auteure ne vous laisse pas le choix en vous donnant tellement de détails et d’images qui prennent vie devant vos yeux, que de lecteur, vous en devenez presque acteur. Et de l’action, il y en a que ce soit dans le technomonde où les Clandestins qu’a rejoint Émilie se battent pour la liberté ou dans des endroits habités par des créatures surnaturelles comme des sirènes, des elfes, des mages, des fées…
Je ne m’attendais pas forcément à rencontrer autant de créatures magiques et je dois dire que c’est un point que j’ai particulièrement apprécié. J’ai aimé découvrir l’environnement de ces créatures fascinantes qui aideront, chacune à leur manière, nos héros dans leur combat. Je dois toutefois avouer une nette préférence pour le monde des sirènes qui est particulièrement immersif. D’apparence plus froides que d’autres créatures rencontrées dans la suite de l’aventure, certaines sirènes n’en demeurent pas moins attachantes. A cet égard, alors que je n’ai pas l’âme d’une romantique, je n’ai pu m’empêcher d’être touchée par l’histoire de Mélisande que, bien sûr, je ne vous dévoilerai pas. Je me contenterai de vous dire qu’Émilie ne s’est pas non plus montrée insensible à celle-ci.
Émilie est d’ailleurs une fillette assez intrigante. Bien qu’elle ait été élevée dans les mêmes conditions que les autres enfants, elle se pose beaucoup de questions, et a cette force de caractère qui la pousse à ne pas se laisser écraser par les principes et les règles qu’on lui a dictés toute sa vie. Elle se montre également sensible tout en étant assez rationnelle pour avancer malgré les difficultés qu’elle rencontrera sur sa route pour la liberté. Et les difficultés seront nombreuses : trahison, peur, morts de personnes auxquelles elle tenait, doutes… Elle fait face à toutes les situations avec un tel aplomb voire un certain leadership que j’ai parfois eu le sentiment d’un décalage entre ses actions et son âge. Mais l’environnement dans lequel elle a grandi et les épreuves qu’elle traverse peuvent expliquer cette maturité que l’on associerait volontiers à un personnage plus âgé. Quoi qu’il en soit, difficile de ne pas s’attacher à cette fillette qui fait montre d’un courage à toute épreuve.
Quant aux autres personnages, sans les détailler un par un, je les ai trouvés très réalistes avec cette part d’ombre et de lumière qui caractérise l’être humain. Certains m’ont plus touchée que d’autres, mais comme pour Émilie, j’ai croisé les doigts pour qu’ils aient tous une fin heureuse. En parlant de personnages nuancés, Taméo, la personne à la tête des Clandestins en est un parfait exemple. Il se bat pour que chacun puisse retrouver les rênes de sa vie et vivre comme il le souhaite, en toute liberté, ce qui est fort louable. Néanmoins, obnubilé par son objectif, il en est devenu tellement froid qu’on peut se demander parfois s’il n’est pas plus proche des personnes qu’il combat qu’il ne le pense. C’est ainsi qu’il est prêt à sacrifier les personnes qui le soutiennent pour le bien du « groupe » sans se poser de questions. Soyons clairs, dans une guerre, car ici nous sommes bien dans une guerre pour la liberté, les pertes humaines sont une réalité. Mais la froideur avec laquelle il les considère laisse songeur. De la même manière, il est prêt à laisser mourir des enfants car ils sont trop longs à former et reviennent trop cher… A la question, la fin justifie-t-elle les moyens, sa réponse ne fait donc pas de doute. La liberté a un prix que Taméo est prêt à payer !
Comme vous l’avez certainement deviné, ce roman est riche, très riche ! L’imagination de l’auteure est foisonnante et entraîne le lecteur dans une multitude d’aventures, mais également de réflexions parfois philosophiques. C’est d’ailleurs là, à mon sens, toute l’originalité et la puissance de ce roman : arriver à nous divertir à travers l’histoire d’Émilie et de ce technomonde tout en nous invitant à penser et à réfléchir à notre propre monde. Le technomonde et ses excès ont de quoi faire peur, mais ce qui se révèle peut-être encore plus perturbant, c’est que nous ne pouvons que faire des parallèles avec notre propre réalité : abrutissement des masses puisqu’un peuple qui ne pense plus est un peuple qui se laisse contrôler, course effrénée à la satisfaction de besoins vides de sens qui n’apportent pas le bonheur escompté et qui nous poussent à toujours vouloir plus, monde de plus en plus connecté n’empêchant pas la solitude derrière son écran, perte de sens dans une société valorisant l’image et le bien-être de surface à défaut de l’être, grignotage des libertés individuelles pour assurer la sécurité des individus… Nous n’en sommes heureusement pas encore venus à éliminer toute liberté et toute tristesse pour assurer un bonheur de façade. L’auteur soulève également la place de la technologie qui gère la vie des habitants du technomonde au point de les rendre dépendants et de les isoler les uns des autres. Difficile de ne pas penser à tous ces appareils et évolutions technologiques qui ont intégré notre quotidien et sans lesquels nous ne nous imaginerions plus vivre. Le roman aborde beaucoup d’autres points que je vous laisserai le plaisir de découvrir.
En conclusion, avec La bibliothèque vous découvrirez un monde où la technologie règne en maître et dans lequel, l’initiative humaine est supplantée par celle de machines. Mais vous découvrirez aussi le pouvoir des livres, des rêves et de l’envie de liberté qui poussent une fillette de dix ans à lutter contre le système et l’ordre établi. En vous plongeant dans cette lecture, vous entamerez un double voyage, le premier vous fera vivre une aventure épique soumettant votre cœur à différentes émotions, quand le second vous conduira à réfléchir à des notions fondamentales comme le bonheur, la liberté, le sens de la vie… Qu’un seul niveau de lecture ou les deux vous intéressent, je ne peux que vous conseiller de vous plonger dans ce livre, au côté d’Émilie. Comme elle, vous en sortirez peut-être grandis, et certainement, comme moi, ravis.
Nous suivons l'histoire d'Émilie qui grandit dans le technomonde, où règnent les technologies. Plus aucun livre n'existe puisque plus personne n'est capable de les écrire. Pourtant, Émilie ne se sent pas à sa place dans le technomonde. Au moment où elle se retrouve dans une situation délicate, une fleur lui apparaît et elle se retrouve dans une bibliothèque. Elle apprend alors qu'elle a été choisie pour être la prochaine bibliothécaire, en attendant, elle sera apprentie et devra apprendre le métier.
J'ai beaucoup aimé cette histoire car elle comporte une morale. J'ai eu du mal à me plonger dans l'histoire au début parce qu'il y a beaucoup d'abréviations mais avec le lexique présent à la fin, j'ai réussi au bout de quelques pages à être totalement dans l'histoire. L'auteure nous amène à réfléchir sur l'écriture, le langage, la lecture et le bonheur sous forme philosophique. Il y a beaucoup de métaphores pour que l'on puisse faire le parallèle avec l'histoire et notre monde, notre vie. On sent que l'auteure a dû beaucoup travailler sur l'aspect philosophique pour en arriver à ce résultat. Le récit est entrecoupé par des contes et des mythes revisités mais on ne perd jamais le fil conducteur de l'histoire. Émilie grandit au fil des pages et devient plus mature et l'on sent nous aussi notre vision des choses progresse.
L'histoire est bien écrite, le mélange des genres littéraires est maîtrisé. La couverture du livre est douce. C'est un récit de 500 pages mais qui se lit assez vite puisque l'on veut toujours essayer de comprendre ce que vit Émilie et il y a aussi pas mal d'actions, bien que celles-ci soient espacées. L'auteure n'hésite pas à faire mourir ces personnages et à en créer d'autres, ce qui fait que nous avons beaucoup de noms de personnages, mais malgré tout, on ne se perd pas. J'ai également trouvé que parfois il y avait quelques longueurs cependant cela ne m'a pas vraiment gêné dans ma lecture. Je pense que pour comprendre la morale de cette histoire, il faut avoir un esprit ouvert ainsi qu'un certain bagage culturel.
Pour un premier tome, c'est très prometteur ! J'ai hâte de retrouver les aventures d'Émilie dans le second tome !
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