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Petites pensées de Denis Grozdanovitch autour du temps qui passe…
L'une des séries qui m'ait le plus marquée en cette année 2020, c'est cette fameuse le jeu de la dame, The queen's gambit, qui a bénéficié de l'expertise de Grand Maître International de Garry Kasparov. Soyons honnête, je n'entrevoie absolument rien aux échecs, j'ai bien eu l'idée d'apprendre, étant plus jeune, mais je n'ai définitivement jamais eu la patience ni l'envie non plus. Mais cette série m'a littéralement fascinée, au moins autant qu'Anya Taylor-Joy, l'actrice principale, qui est juste parfaite dans son rôle tout comme les acteurs qui gravitent autour d'elle. C'est d'ailleurs grâce à cette série que je me suis lancée dans ce roman, on a les motivations qu'on peut !
Ce n'est pas un roman, cet ouvrage s'aventure entre l'essai et un assemblage de considérations quelquefois biographiques, historiques et bien souvent philosophiques. Je me demandais sous quel angle l'auteur allait aborder sa passion. Et j'espérais surtout ne pas tomber dans une espèce de bouillie narrative indigeste sur les avantages et les inconvénients de la défense sicilienne – le seul mouvement que j'ai retenu de The Queen's Gambit. C'est une chose de regarder une fiction, bien construite au demeurant, c'en est une autre de lire des chapitres consacrés aux avantages des différentes stratégies d'ouverture. Mais je m'égare. Qu'est-ce donc ce récit sinon une somme de réflexions personnelles sur le jeu. À la manière du maître Kasparov et de sa publication intitulée La vie est une partie d'échecs, publiée quelque treize années plus tôt.
Le monde des échecs est un univers bien à part, replié sur lui-même, qui nécessite de nombreux éclaircissements pour que le profane dans mon genre ne s'y perde pas. Cela tombe plutôt bien car l'échéquiste Denis Grozdanovitch n'en est pas avare comme il ne lésine pas sur des anecdotes tirées de son expérience de joueur d'échecs expérimenté et avisé. On y apprend, par exemple, que les Yougoslaves furent un temps parmi les meilleurs joueurs du monde, moi qui justement pensais que 99% de ses Grands Maîtres étaient soviétiques. Il y a bien sûr de nombreuses digressions techniques, la plupart que j'ai trouvées non seulement utiles mais aussi intéressantes. Rien de trop abscons pour la lectrice totalement novice que j'ai été, Grozdanovitch prend soin de garder, dans ces moments-là une approche assez pédagogique, qui devient captivante. C'est ainsi que l'on apprend ce que sont les blitz, les pousseurs de bois tout comme le principe de ces parties « à l'aveugle » : le joueur d'échecs a apparemment assez de talent et d'imagination pour à mettre du piment dans sa vie de joueur en mettant au point toutes sortes de façon de jouer, et j'imagine, de s'améliorer.
Ce que j'ai préféré, ce sont les anecdotes tout à personnelles sur ce jeu qui se pour beaucoup comme une passion brûlante, une folie, une manie sans fin aucune, immodérée. Sans oublier les digressions sur ces légendes du jeu, qui ont un caractère tout à fait singulier. Denis Grozdanovitch m'a littéralement transmis cette adoration dont les GMI, les Grands Maîtres Internationaux, font l'objet dans cette société à part, et qui s'apparente à de la vénération au sein de leur société de joueurs. Ces grands hommes, et Kasparov davantage encore par la position politique qui est la sienne, sont dotés de pouvoirs presque magiques, de par leurs exceptionnelles capacités d'analyse, de calcul mental, de stratège hors du commun, d'une célérité remarquable, qui leur confère une place au-dessus de tous. J'ai beaucoup apprécié ce passage sur le champion letton Mikhaïl Tal doté d'une hypermnésie incroyable, et sa faculté à se souvenir de l'intégralité des parties jouées, qui a battu le champion de l'époque le soviétique Mikhaïl Botvinnik. J'ai été également été passionnée par ces quelques lignes sur les enfants prodiges joueurs d'échecs, dont fait partie un des rares noms français qui apparaît dans ce livre, Maxime Vachier-Lagrave.
Tant que le texte tourne autour du jeu en lui-même, de son histoire, de ses joueurs, de ses petites manies, le texte demeure relativement intéressant. Cependant, dès que l'auteur s'aventure sur des terrains un peu plus mouvants, tels que celui de la psychanalyse, des comparaisons et généralisations sur l'attitude du joueur d'échecs face à l'homme en société, je trouve alors que son intérêt est un peu plus discutable.
J'ai fait un grand bond sur ma chaise quand Denis Grozdanovitch avoue que ce qu'il appelle « les jeux vidéo, des jeux d'argent, du poker en ligne, des nombreux jeux de rôle » ne représente pour lui qu'une simple volonté de s'échapper d'une réalité glauque et sans intérêt, il faut l'exprimer franchement : outre le fait que cela relève d'une suffisance absolue, je crois que par méconnaissance ou volontairement il sous-estime largement la capacité de réflexion, et de calcul, que demandent certains jeux, notamment les jeux de rôle ou d'autres jeux vidéos. Et puis il me semble bon de rappeler que si les échecs se démocratisent c'est grâce notamment aux jeux en ligne mais peut-être c'est la démocratisation des échecs qui d'évidence pose problème. Dommage également que le sujet des femmes ne s'étale que sur quelques pages à peine, apparemment le sujet est aussi peu important qu'il est vite survolé, avec sa petite pointe de paternalisme agaçant : les femmes ne peuvent être que de douces choses, sans la moindre once d'agressivité, dont le jeu ne peut être différent que celui d'un homme.
On a bien compris que l'auteur avait été champion de tennis, de squash, fin joueur d'échec et grand amoureux de littérature et de philosophie. Il le martèle pendant des phrases et de toutes les façons possibles. J'ai été épuisée au bout d'une soixantaine de pages par cette grandiloquence dans le propos et le contenu. Vous l'aurez compris, j'ai été très agacée à quelques reprises, même je n'en oublie pas pour autant les pages qui permettent de relativement dépasser cet agacement, des pages sur les GMI, en l'occurrence, sur habitudes de cette société de joueurs d'échecs, les quelques anecdotes personnelles de l'auteur. Ce qui m'amène, finalement, à envisager de me tourner vers l'ouvrage de Kasparov, car si on croit le résumé, Grozdanovitch s'est visiblement largement inspiré de son ouvrage, et que Kasparov, outre le fait qu'il soit GMI, possède une véritable aura en tant qu'opposant ouvertement déclaré au régime de Vladimir Poutine. Pour finir, je vous ai choisi un extrait qui vous parlera, peut-être, davantage.
Denis Grozdanovitch raconte toute une série d'anecdotes, sous la forme de petites histoires personnelles autobiographiques ou non (historiques, littéraires, etc.). Toutes ces histoires ont pour point commun la bêtise. Denis Grozdanovitch tisse un maillage entre ces histoires, qui lui servent à illustrer son propos : parfois, des personnes que l'on pouvait prendre pour de parfaits idiots sont capables d'une pensée cohérente (parce/bien que naïve) et plus logique que des personnes plus "intelligentes". D'autres fois, ces histoires montrent à quel point en étant concentré sur notre propre pensée et intelligence, nous pouvons en oublier toute logique et être faussement intelligent : c'est ce qu'il nomme la "bêtise de l'intelligence".Lire la suite
Denis Grozdanovitch a un don pour raconter des histoires, c'est indéniable. Il est un bon narrateur et on prend plaisir à l'écouter nous parler de gens qu'il a rencontrés et de choses qu'il a entendues ou lues. Toutefois, je me suis rapidement lassée du sujet. Chaque anecdote ne dure pas plus d'une dizaine de pages (au grand maximum) et chacune est indépendante des autres (au-delà du thème central de la bêtise) ; il est donc difficile de s'attacher à cette lecture. En effet, contrairement à un roman ou à un récit ordinaire, il n'y a pas ici de personnage à qui s'attacher.
Même si j'ai apprécié les doses d'humour distillées par Denis Grozdanovitch, cela ne m'a pas suffit pour développer un intérêt à ce livre, que j'ai abandonné au bout de 56 pages.
Ce livre a été une grande déception, je l'ai acheté car le titre m'amusait. Cependant ce fut un gaspillage de temps et d'argent.
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