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Une chronique sociale d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. L’auteure raconte brillamment la vie de ces familles ouvrières pour la plupart d’origine maghrébine, tout en brossant cette vie où l’intimité n’existe pas, elle évoque en toile de fond l’Histoire de cette France dans laquelle chaque membre de cette communauté doit trouver sa place.
C’est aussi le choc générationnel, des cultures, entre ces parents dont l’envie profonde est un retour envisagé au pays natal et ces enfants qui se sentent bien ancrés dans cette vie française. C’est l’émancipation des traditions familiales qui donne une saveur particulière au récit tout en se confrontant aux coutumes afin d’en créer de nouvelles.
Des tranches de vie qui se dégustent, se hument, au gré des pages qui défilent sur une vingtaine d’année, mais qu’on aimerait voir se poursuivre après 1998, pour continuer quelques années encore aux côtés de ces familles.
Une lecture qui fait du bien, un hymne joyeux où l’intégration est vécue comme un partage des cultures, car elle ne peut se faire que si tous participent à une construction harmonieuse des relations humaines.
https://julitlesmots.com/2024/08/20/rentree-litteraire-challah-la-danse-de-dalya-daoud/
Avec une verve réjouissante, Dalya Daoud nous conte trois décennies d’une petite communauté, qui a en commun de faire partie des salariés d’une usine de tissage, et d’être logée dans de petites maisons à loyer très modéré, proposées par le patron de l’entreprise.
Ils sont arrivés en France pour différentes raisons et tentent de se fondre dans le paysage, sans toutefois renier leur culture. La cuisine, la musique et la fête sont au rendez-vous sur la place du Lotissement. Tandis que la génération qui grandit là hésite entre tradition et assimilation, les années passent, et le paysage se modifie peu à peu.
Clochemerle des temps moderne, pour ce qui nous est dit de la vie quotidienne, des ragots, des alliances et des partages, ce premier roman est remarquable par l’authenticité de ses dialogues , que l’on croirait entendre en les lisant. C’est plein de vie, impertinent, et aussi drôle que lucide !
Merci aux éditions Nouvel Attila pour l’envoi de ce service de presse numérique via NetGalley France. Cette chronique n’engage que moi.
256 pages Nouvel Attila 19 août 2024
#Challahladanse #NetGalleyFrance
« Challah la danse »
Un lâcher de crayons de couleur !
Pétillant, vivifiant, il était une fois, une histoire plausible, un film à ciel ouvert, Chemin des brigands où tout commence dès l’aurore.
On imagine la lecture à voix haute. On pourrait fermer les yeux et se laisser glisser dans le charme des mots. Vivre nous aussi au plus près de ces familles, venues qui du Maghreb, de la Tunisie, de l’Algérie, de la Kabylie, etc.
L’immersion fait envie, rend jaloux, le modèle d’intégration souverain, tous liés dans le gué des sourires, des recettes nostalgiques, jusqu’aux senteurs ensoleillées.
Les galopades des enfants, les maisons alignées entre fièvre et attente, une carte postale d’un temps, pas si lointain, au nord de Lyon.
Un lotissement qui s’éveille, prend place et devient un microcosme d’entraide, d’habitus, de valeurs et d’aléas aussi.
L’usine Brocard frères, le tissage pour adage. Un patron attentif et humaniste qui fait construire des logements mitoyens, certes éloignés des normes actuelles, pour ses employés. Offrir un toit, les sentir près de lui. Ce n’est pas pour former une communauté. Mais bien pour ouvrir leurs ailes envers le métissage et un vivre-ensemble exemplaire.
Quand bien même le lotissement est l’idiosyncrasie d’une micro-société, et surtout celui où les immigrés étaient bien plus qu’aujourd’hui aimés et reconnus. La nostalgie serre le cœur du lecteur. Il faut rester ancré dans cette période et ne pas comparer avec l’heure si cruelle d’aujourd’hui.
Ce livre immense et magnifique, les fiançailles de la vie-même est, sous ses airs d’anecdotes, de faits, de descriptions et de sentiments, finement politique et sociologique.
« Lallah n’avait pas tout quitté, ni sacrifié ses élans, pour faire de ses cinq enfants des âmes perdues. »
Les Benbassa, épicentre de ces longères où s’agite une éducation d’ubiquité, des enfants lianes. On ressent la fulgurance de la dualité, ce qui fut reste et la dignité est la rectitude.
« Challah qu’elle danse aujourd’hui, espérait-elle. », Matoub Lounès dans le radio K7.
Et ici, danse et chante ce qui fait respirer au quotidien cette farandole de maisons où d’aucun entend ce qui se passe chez le voisin.
Cette plongée, souvent en grand plan, est d’une saveur exquise.
L’écriture est la marée-basse, douce et conteuse, on voudrait rester ainsi longtemps dans ce cercle d’épiphanie.
« Elle songea à la plage de Ghedamsi, où chaque année elle refusait le défi que lui lançaient ses cousins, de sauter du haut des falaises. »
En 1996, c’est la fin de l’usine Brocard Frères. La mondialisation a frappé.
« Le Village a perdu une partie de son histoire et de son âme. » « In ne reste plus que les murs de l’usine. C’est la fin de notre monde, lâcha Armand Kechichian, petit bonhomme de soixante-cinq ans, tassé sous son chapeau. »
Un patron attentif, profondément humain, l’Arménie en ses regards, empreinte de rémanence.
Ces chroniques, séquences et madeleines de Proust, sont poignantes. On ne peut atteindre le point final sans étreindre cette part d’universalité qui réveille nos compassions endormies. On attend la suite, savoir le devenir, dans cet après qui nous ressemble.
Ici, s’élève la noria d’oiseaux migrateurs en plein ciel. Les drames murailles aussi et la ferveur du lien. La cartographie d’un lieu qui écarte ses bras vers le monde et garde pour lui la terre-mère sous ses pas.
« Quand les enfants partirent du village, Hassan leur prescrivit de ne pas oublier leurs origines mais, avec le temps et la façon de leur père de si bien composer, ils ne surent pas s’il parlait de l’Algérie ou du lotissement. »
Saluons la photo de la première de couverture de Doug DuBois, absolument expressive.
Ce premier roman de Dalya Daoud est la prodigalité. Haut les cœurs !
Publié par les majeures Éditions Le Nouvel Attila.
Dans ce récit, inspiré de la propre expérience de l’auteure, qui a vécu dans les Monts du Lyonnais, on suit sur une vingtaine d’années de 1983 à 1998, plusieurs familles originaires du Maghreb, dans un lotissement créé de toutes pièces dans les années soixante, par un chef d’entreprise locale, Armand Kechichian, afin d’y loger ses ouvriers et leurs familles. On fait ainsi la connaissance de la famille Benbassa, Smaïl et son épouse Lalla et leurs enfants, mais aussi d’autres familles, les Taïeb, Amrouche …
En explorant la vie de ces familles dans ce qu’ils appellent le Village, on suit l’évolution l’intégration, la nostalgie du Pays qu’on idéalise parfois, sur fond de travail difficile, sur les métiers à tisser, les vieilles rancunes qu’on a pu amener dans les valises et dont on a oublié la raison initiale.
Dalya Daoud construit son récit, en rythmant l’histoire des familles, au gré de l’évolution de la société française de l’époque : Bassou est né l’année de l’élection de François Mitterrand par exemple, puis Jacques Chirac, avec une évocation du débat Chirac Le Pen qui enflamme le bar où chacun se retrouve, (avec l’oreille indiscrète de Bassou qui n’en perd pas une miette !)
Dans le Village, tout semble se dérouler « normalement », la drogue, les trafics en tous genres, la délinquance comment juste à monter le bout de leur nez, et ce qui compte c’est que les filles ne traînent pas et que les garçons travaillent à l’école, le tout rythmé par les repas, les fêtes entre voisins.
J’ai apprécié le parcours de Lalla, mère attentionnée de ses enfants, en particulier de son petit Bassou, qui danse le soir au son de la musique, et qui un jour, quand le tissage commencera à décliner, décidera d’aller travailler pour aider la famille, au grand dam de son époux, mais encouragée par ses enfants.
Je me suis beaucoup attachée à Bassou, ses tentatives pour se faire un ami français, Julien, avec notamment une scène particulièrement représentative où il évoque le livre de Bernard Clavel « La révolte à deux sous » que leur professeur malicieusement appelé Trogneux, leur a donné à lire et commenter. Il fait soudain le lien avec le travail de son père et les conditions dans lequel il va et travaille à l’usine. Il aurait bien voulu en parler avec lui, mais il n’a pas osé.
L’auteure nous propose des portraits et des familles différents, mais Bassou et ses désillusions sur la société et l’amitié, les trahisons, est le personnage le plus abouti, selon moi.
Les chapitres sont très courts, deux ou trois pages, comme des instantanés de la vie de chacun, avec quelques fois un plongeon dans le passé, pour découvrir par exemple le mariage de Lalla.
Ce premier roman est plutôt réussi, même si la fin nous laisse perplexe, avec un goût d’inachevé, et il est difficile de savoir si l’auteure nous laisse choisir ou s’il y aura une suite un jour.
Un grand merci à Babelio et aux éditions Le Nouvel Attila qui m’ont permis de découvrir ce roman et la plume de son auteure.
https://leslivresdeve.wordpress.com/2024/08/13/challah-la-danse-de-dalya-daoud/
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