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"Je ne sais pas pourquoi, j'ai du mal à mettre le mot exact sur ce que je me fais. Pourtant, il y en a un, et je le connais (...) : automutilation"
A travers l'histoire d'Angélique, le livre aborde le mal-être adolescent qui se traduit ici par l'automutilation. Harcèlement, rejet de son corps, situation familiale complexe, vide intérieur, viol, inceste... les raisons de cette pratique sont multiples. Dans le cas de notre héroïne, c'est l'absence d'un père, qu'elle ne connaît pas alors qu'elle sait qu'il n'habite pas loin de chez elle, et l'impression que sa mère la rejette. Elle a 14 ans. Cette sensation d'être de trop, de ne pas avoir été désirée la conduit à s'isoler, à un âge où le développement corporel, mental et affectif nécessite plus que jamais un environnement stable.
"Comment mettre des mots sur ce que je ressens au fond de moi, alors que je ne le sais pas moi-même ? Il faut qu'on me laisse du temps pour comprendre..."
Le déclenchement de son geste, c'est ce sentiment de culpabilité qu'elle ressent alors que son frère a un grave accident. Mais comme elle l'admettra plus tard, cet évènement ne constitue que la face émergée de l'iceberg.
Pourquoi Angélique s'automutile-t-elle ? "C'est assez bizarre à dire, mais je réalise que je peux contrôler l'intensité de ma souffrance mentale en provoquant une souffrance physique." "Au moment où la lame entaille ma peau, je me moque qu'on ne m'ait pas invitée à un party, qu'aucun gars ne s'intéresse à moi ou que ma mère ne me voie pas... La Terre pourrait cesser de tourner, ça ne me ferait pas réagir. La seule chose qui compte maintenant, c'est MON bras, MA lame, MON sang, MA douleur pour calmer MON angoisse, MA haine et MA rage. Tout ça forme une sorte de cage protectrice autour de moi. Rien ne pourrait m'arrêter de me couper. J'ai l'impression que ma survie en dépend."
Le roman se lit vite, le style d'écriture est simple, il devrait plaire aux ados, en particulier à ceux qui se reconnaîtront dans les sentiments et les actions d'Angélique. En fin de livre se trouve une liste des ressources et organismes d'aide en France. Je précise que l'histoire n'est pas si hard, ni trop dark. C'est peut-être ce que je reprocherais d'ailleurs à ce roman, un manque de profondeur ou de réalisme dans les sentiments et les émotions d'une ado en difficulté. Mais au moins, cela permet de toucher un public plus large.
La maison d'éditions est canadienne, le roman contient donc des termes et expressions idiomatiques. Cela n'entrave pas vraiment la compréhension du texte. J'ai souri à plusieurs reprises devant ces expressions propres au Canada. Par exemple : "la blonde" c'est la petite copine, le "chum" c'est le petit copain, etc...
Je découvre une maison d'éditions et une collection intéressante, la collection "Tabou". Elle aborde différentes thématiques en lien avec les problématiques et le mal-être des adolescents, je vais me pencher sur cette collection d'un peu plus près pour mes élèves. En tout cas, je vais leur proposer la lecture de ce livre et j'ai hâte de connaître leur retour.
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