Mathématicien, économiste, philosophe et homme politique français. Jean-Antoine-Nicolas Caritat, marquis de Condorcet, perd son père très jeune ; sa mère, très dévote, lui fait suivre ses études chez les jésuites. Son premier ouvrage sur le calcul intégral, publié à 22 ans, a beaucoup de succès. ...
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Mathématicien, économiste, philosophe et homme politique français. Jean-Antoine-Nicolas Caritat, marquis de Condorcet, perd son père très jeune ; sa mère, très dévote, lui fait suivre ses études chez les jésuites. Son premier ouvrage sur le calcul intégral, publié à 22 ans, a beaucoup de succès. Son aptitude pour les mathématiques se révèle très tôt et lui permet d'entrer à l'Académie royale des Sciences dès l'âge de vingt-six ans. Son professeur et ami d'Alembert lui fait connaître Voltaire et l'économiste Turgot qui est contrôleur général sous Louis XVI. Turgot le nomme inspecteur général de la Monnaie en 1774, fonction que Condorcet occupera jusqu'à la Révolution. La curiosité insatiable de Condorcet l'amène à s'intéresser à la philosophie et à la politique. Il collabore à l'Encyclopédie, défend les droits de l'homme et de la femme et s'oppose à l'esclavagisme. En 1777, Condorcet est nommé secrétaire de l'Académie des Sciences, et en 1782, secrétaire de l'Académie française. Dans la "Vie de Voltaire" (1789), il se montre tout aussi hostile à l'Eglise que l'auteur de Candide. Condorcet, alors illustre savant et déjà ouvertement républicain, est l'un des acteurs importants de la Révolution française dont il espère qu'elle conduira à la reconstruction rationaliste de la société. Elu au conseil municipal de Paris, représentant de Paris au sein de l'Assemblée législative en 1791, il siège avec les Girondins. Les 20 et 21 avril 1792, Condorcet présente à l'Assemblée un rapport et un projet de décret sur l'organisation générale de l'instruction publique. Mais cette présentation, ayant lieu le jour-même de la déclaration de guerre de la France au "roi de Bohême et de Hongrie", n'est pas suivie d'effet. Les idées très novatrices de gratuité, d'obligation, de laïcité et d'universalité de l'enseignement qu'il défend ne seront mises en application qu'un siècle plus tard. Condorcet défend activement la cause des femmes et notamment le droit de vote, ("De l'admission des femmes au droit de cité" en 1790). Sa liberté de pensée de lui vaut de fortes inimitiés. Quand les Girondins perdent le contrôle de l'Assemblée, il critique la proposition de nouvelle Constitution du jacobin Marie-Jean Hérault de Séchelles, ce qui le fait condamner pour trahison. Un mandat d'arrêt, lancé contre lui en octobre 1793, l'oblige à se cacher chez Mme Vernet à Paris. Ce répit de cinq mois permet à Condorcet d'écrire "Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain" dans lequel il remplace le sentiment religieux par l'idée d'un perfectionnement indéfini de l'homme et rêve d'une société meilleure. Cet ouvrage préfigure les thèses d'Auguste Comte. Ne se sentant plus en sécurité à Paris, il tente de fuir, mais il est arrêté le 27 mars à Clamart. Il se serait suicidé deux jours plus tard dans sa cellule pour échapper à la guillotine. Ayant subi l'humiliation du port de la robe blanche mariale dans son enfance et victime de l'éducation des Jésuites, Condorcet fait preuve d'un anticléricalisme virulent (Lettres d'un théologien à l'auteur du Dictionnaire des trois siècles, 1774). Contrairement à Voltaire dont il est le fils spirituel, il est, en tant que scientifique et rationaliste, profondément athée. Lorsque se met en place la Déesse Raison, le Dieu "Progrès" et le "culte" de la Science, il est l'un des premiers à y déceler un "transfert de sacralité" et l'émergence d'un nouveau cléricalisme scientiste. Il va même jusqu'à traiter Robespierre de "faux curé". Pour l'historien Jules Michelet (1798-1874), Condorcet est le "dernier des philosophes" du XVIIIe siècle. Authentique esprit des "Lumières", Condorcet affiche un rationalisme confiant dans le progrès et pense que celui-ci ne peut se mettre en place sans qu'une priorité soit donnée à l'instruction générale, d'où ses réflexions, très en avance sur son temps, sur la création d'une école publique, laïque et gratuite.