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Christopher Hope est un romancier et journaliste né en 1944 à Johannesburg. Considéré comme un auteur sud-africain majeur. Doté de beaucoup d’humour noir et connu pour son style satirique, il se caractérise pour ses positions anti-apartheid.
Le roman Jimfish renferme ainsi à peu près toutes les caractéristiques de l’auteur. Il est traduit de l’Anglais (Afrique du Sud) par Edit Soonckindt et publié en France aux éditions Pirannha en mars 2017.
Le livre est écrit à la manière d’un conte : actions rapides avec peu de détails, personnages caricaturaux, histoire tirée par les cheveux. Quoique l’on pourrait presque parler d’épopée moderne!
Pour une critique complète, n'hésitez pas à copier ce lien dans votre barre de recherche : http://chrisylitterature.jouglar.eu/jimfish-christopher-hope/
L'épopée contemporaine de Candide à travers les conflits des années 80 aux années 2000.
Les thèmes de fond sont décrits avec acuité et n'épargne pas le lecteur mais avec ce ton décalé les morts finalement réssucitent et les pires atrocités se déroulent telles un manga sur un fond de conte.
A décourvir pour l'humour décalé et les pépites de ce roman aux nombreux rebondissements.
Quel beau roman initiatique! Le héros parcourt le monde et fait face à toutes les atrocités du genre humain, rencontrent des dictateurs, traverse des révolutions se questionnant sans cesse sur les turpitudes du genre humain. C'est drôle, féroce, empli d'humanité. Et que dire de ce héros ni blanc, ni noir, candide, généreux, émouvant.
La première référence qui vienne en tête, à peine ce roman débuté et qui reste tout du long jusqu'aux ultimes mot, c'est Candide, de Voltaire. Cette fois-ci, ce Candide moderne et africain cherche le "bon côté de l'Histoire". Il se retrouve dans toutes les guerres civiles, conflits ethniques, révoltes de la décennie 84/94 : du Zimbabwe à l'Ouganda, en passant par la Roumanie et Berlin est au moment de la chute du mur, puis il reviendra en Afrique, du Zaïre au Sierra Leone en passant par le Liberia... Malala le Soviet serait son Pangloss, son maître à penser malgré une théorie bancale, bricolée : "La colère met le feu aux poudres. C'est l'antidote à la maladie, au cynisme et au doute. La fureur enflamme les masses et les projette du bon côté de l'Histoire. La rage est le propergol du lumpenprolétariat." (p.16). Cette rage revient souvent et les deux expressions, "le bon côté de l'Histoire" et celle particulièrement tordue le "propergol du prolétariat" sont les leitmotiv du roman et de Jimfish. Lunamiel serait sa Cunégonde qui subit beaucoup de revers et d'outrages.
Christopher Hope écrit lui aussi un conte philosophique. Il modernise le concept de l'homme coupable de tous les maux de la terre, capable de faire la guerre pour un bout de territoire ou pour des origines différentes. Il part de son pays qui a subi longtemps l'apartheid et qui, dans les années ou Jimfish est parti sur les routes, l'a aboli. L'Afrique du sud a fait l'inverse des autres pays qui se sont déchirés. Certes, tout n'y est pas rose, mais en 1994 lorsque le roman prend fin, Nelson Mandela est élu président, chose impensable pour Jimfish parti depuis seulement dix ans et qui a vu toutes les horreurs possibles, entre Tchernobyl, la fin de la dictature de Ceausescu,...
Malgré tout cela, comme son modèle littéraire, Jimfish est optimiste et le roman est drôle et profond. On sourit, non pas aux descriptions des événements, mais aux réactions de Jimfish, décalées, comme si ce jeune homme optimiste ne trouvait pas sa place dans l'Histoire. Il ne comprend ni la dictature et les morts qu'elle entraîne, ni l'exécution rapide et parfois sommaire des ex-dirigeants devenus opposants. En fait, il ne comprend pas qu'on puisse justifier la mort d'un Homme, même si lui-même devra y recourir, mais je vous laisse découvrir.
La fable de Christopher Hope est tout a fait réussie, un peu longue peut-être sur la fin -comme pour l'éternité selon Woody Allen, ou Franz Kafkha selon les sources- mais il faut dire que la décennie a été particulièrement riche en guerres, coups d'état, catastrophes... La naïveté de son héros permet de lire sans dégoût cette suite d'abominations. Elle permet surtout à l'auteur de montrer que l'Homme aime détruire et se détruire. Elle se lit très facilement et si l'on ne veut pas se jeter dans Voltaire parce qu'il fait un peu peur -à tort, bien sûr-, eh bien, la bonne idée, c'est de débuter par Jimfish, plus accessible, plus moderne et puis de se lancer dans Voltaire, parce que c'est Voltaire tout simplement.
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