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Une danse avec le diable a été publié par les éditions Critic en 2016. Le style simple de Christophe Sémont est redoutablement efficace: les phrases sont bien construites, avec juste ce qu'il faut de mots: "Il encaissa le premier coup de pied en grognant de douleur sans baisser sa garde. Le garçon en décocha un autre, puis un autre. Petchaï le laissa s'épuiser. Il encaissa, encore et encore, jusqu'à ce qu'il sente ses frappes devenir moins puissantes. Alors, il passa à l'offensive." (Page 25)...dans des chapitres courts, sans bla-bla inutiles, des formules percutantes qui illustrent parfaitement le contexte de l'intrigue: "La ville les happait, dévorait leur jeunesse et ne recrachait que quelques os desséchés." (Page 101)
Une véritable ambiance de films noirs avec les triades chinoises, les luttes entre les différents clans de mafieux qui se partagent la ville, des décors à faire froid dans le dos où l'on sent le pouls de la ville battre au rythme des règlements de compte, des passages à tabac, des rêves brisés et des rancœurs...
Le +:une évocation très réaliste de la vie souterraine et interlope de Bangkok jusque dans le vocabulaire et les coutumes. Remarquable reconstitution des milieux de la drogue et de la prostitution, comme si on y était. Des scènes de combat et d'action précises et crédibles, des dialogues bien construits, des ripoux vraiment ripoux participent à l'attrait puissant de ce roman qui vous invite dans Une danse avec le diable particulièrement angoissante mais tellement captivante.
Suite à l'attaque de la banque où travaille l'épouse du sergent Esteban Pantoja, qui se termine dans un bain de sang, la mort de la jeune femme et la fuite des trois braqueurs en Bolivie, le jeune sergent de police est suspendu en attendant que sa hiérarchie statue sur son sort, le dossier d'enquête ayant été envoyé à la police bolivienne. Mais Esteban ne peut se résoudre à attendre sans rien tenter pour retrouver ceux qui ont à jamais détruit sa vie. Estimant que la police est trop lente ou trop laxiste, son désir de vengeance, sa haine le poussent à se lancer à la poursuite des malfrats.Commence alors une course-poursuite qui l'entraînera jusque dans la jungle bolivienne.
Dans le même temps, la découverte, à Rurrenabaque, en pleine forêt amazonienne, par un groupe d'adolescents d'un conteneur en métal plein de cadavres en décomposition, les visions et maux de tête dont est victime la jeune serveuse Adèle; ces événements en apparence isolés, sans aucun lien les uns avec les autres, font-ils partie d'un puzzle géant dont personne ne mesure encore les implications? Est-ce le hasard qui conduit les pas d'Esteban, grâce aux premiers indices collectés, justement à Rurrenabaque?
Le -: Quelques difficultés à jongler avec les dates figurant en tête de chaque chapitre qui ne sont pas toujours chronologiques, créant parfois la confusion et obligeant à revenir en arrière pour comprendre.
Les +: Nombreux dialogues, de l'humour, de l'action, mais aussi des moments d'émotion et de tristesse, pas de détails superflus, constituent les ingrédients principaux de ce polar au rythme soutenu. J'ai apprécié les discrètes allusions aux coutumes locales, ajoutant une petite touche d'exotisme très agréable, avec le marché aux sorcières, les "achachilas", ces esprits des ancêtres qui hantent les montagnes autour de La Paz, s'incarnant dans les chiens disséminés le long de la route...Car polar peut aussi rimer avec évasion et culture, faire réfléchir sur des sujets d'actualité et de politique, sans pour autant s'ennuyer, bien au contraire.
Les enfants de Chango a été publié en septembre 2017 par les éditions Critic, basées à Rennes, en partenariat avec la région Bretagne et la ville de Rennes. Le style est acerbe, précis comme un scalpel, témoignant d'un sens du détail quasi chirurgical: "Un feu de signalisation le tira brusquement de ses rêveries. Il freina pour laisser passer une vieille femme juchée sur un vélo avant de s'engager sur l'Avenida Las Americas. Il repéra l'Avenida Mariana Grajales sur sa droite en enclencha son clignotant. Encore quelques centaines de mètres et il rejoindrait Quibari." (Page 104)..."L'embarcadère. Quelques planches clouées sur des poteaux en bois répercutaient dans la nuit le clapotis des vagues. Des cordes de chanvre imbibées d'eau de mer retombaient à intervalles réguliers au-dessus de pneus usagés destinés à amortir le choc de l'accostage. Au bout de la jetée, une échelle de rouillée aidait au transit des passagers se risquant jusqu'ici." (Page 148).
Construction: le récit est constitué de chapitres courts, chacun selon un point de vue différent. La mise en place de l'action est lente; la tension monte peu à peu; on sent qu'un drame va se jouer, mais on ne sait ni où, ni quand, ni comment, entretenant ainsi un suspense insidieux. Ce n'est qu'à la page 98 que les choses se précisent avec le kidnapping de la fille d'Amalia.
Thèmes: le roman aborde les sujets épineux des réfugiées cubains et de la politique américaine en lutte contre les communistes; avec, au passage, une intéressante théorie concernant l'assassinat des frères Kennedy.
Les enfants de Chango n'est pas un simple thriller fondé sur une intrigue policière. Il est également le portrait d'un pays mis à genoux par la crise économique, ravagé par l'héritage d'un passé qui n'en finit pas de mourir, empoisonnant son peuple de ses relents fétides. A peine le livre ouvert que nous sommes happés par l'intensité des mots, des phrases. Nous nous laissons glisser dans le récit avec délice, séduits par les personnages et le dépaysement.
Le +: un voyage dans le temps qui nous mène sur les côtes de Cuba, dans ses quartiers populaires, où l'on partage la réalité quotidienne de ses habitants, tout en faisant connaissance avec leurs origines, leurs coutumes, découvrant tout un monde occulte et fascinant.
Nul besoin, après la lecture de ses deux précédents romans, Une Danse avec le Diable et Soleil Noir , de confirmer le réel talent de Christophe Sémont pour tisser des intrigues complexes, riches d'un héritage historique et socio-politique des contrées visitées, où le destin d'une nation est intimement à celui des personnages fictifs. La réalité fait corps avec la fiction dans une valse intime et tragique emportant le lecteur dans son tourbillon de mots assassins pour un règlement de compte sans pitié.
Franck Carnac, tueur à gages, est appelé à effectuer un contrat à Cuba et il est bien décidé à ce que ce soit le dernier. Sa mission ? Tuer un ancien mercenaire. Seulement personne ne lui dit qu'il y a peu de chance qu'il en revienne vivant car l'homme à tuer est sous la protection de la Mère.
Dans le même temps, Amalia voit sa vie basculer lorsque le jour des 4 ans de sa fille cette dernière se fait enlever sous ses yeux et ce avec la complicité de son mari. C'est toute sa vie qui va voler en éclat car des Amalia va se rendre compte que sa vie n'est qu'un tissu de mensonge.
Ce thriller est bien difficile à poser lorsqu'on l'a débuté. L'auteur sait nous tenir en haleine et nous donne très envie de lire son roman pour savoir et comprendre toute l'histoire.
J'ai été particulièrement happée par les chapitres où il était question d'Amalia et de sa fille même si très vite les deux affaires vont être liées à cause de la santeria.
La fin est inattendue et en même temps pas surprenante. En tout cas, si elle avait été autre, je l'aurai trouvé moins crédible.
C'est vraiment un très bon thriller que je recommande !
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