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Ifemulu est une jeune femme nigériane qui part étudier à Philadelphie. Première surprise à son arrivée aux Etats-Unis : on la traite comme une Noire… Alors qu'elle ne s'était jusqu'ici jamais posé la question de sa couleur de peau. La voilà qui se confronte brutalement au racisme et aussi aux formes si particulières de sexisme dans le monde occidental : entre condescendance « bienveillante » et autocensure des femmes elles-mêmes, quelle est donc cette façon qu'a la société toute entière de regarder les femmes comme des petites choses sans défense ? Ifemulu ouvre un blog pour dire son étonnement et partager ses réflexions… Un roman à dévorer, où l'humour le dispute à la gravité pour évoquer la condition des femmes d'un bout à l'autre de la planète.
Alors qu’elle est sur le point de rentrer au pays après plus de 10 ans passés au Etats-Unis, Ifemelu se souvient de sa jeunesse au Nigéria, de son amour pour le beau Obinze et de leur désir à tous les deux d’émigrer aux Etats-Unis. Elle a réussi avec un visa étudiant, lui a échoué et a choisi l’Angleterre en tant que travailleur clandestin. En débarquant aux Etats-Unis, elle a pris conscience de ce que cela représente d’être noire dans un pays où la question raciale est centrale, elle a beaucoup réfléchi au sujet, elle a beaucoup écrit sur la question : être noire au Nigéria est dans l’ordre des choses, être noire aux Etats-Unis c’est être une minorité, être en proie au racisme systémique et à la discrimination. Ifemelu se pose mille question sur son accent, ses cheveux, le teinte de sa peau…
Le roman de l’auteure nigériane Chimananga Ngozi Adichie, c’est le portrait croisé de deux amoureux exilés qui finissent par se retrouver au Nigéria, après plus de 10 ans à l’étranger. Découpé en 5 grosses parties, la narration alterne entre les deux personnages. Si le récit, pour ce qui concerne Obinze est relativement chronologique, c’est différent pour Ifemelu, la vraie héroïne du récit. Le récit commence alors qu’elle est sur le point de rentrer au pays, puis suit un long flash back d’abord au Nigéria, puis aux USA, avant que le roman de retrouve une narration normale avec le retour au pays. Même s’ils sont tous les deux au cœur du récit, le nombre de personnages gravitant autour d’eux est important : parents, amoureux, collègues, certains en font que passer, d’autres sont là en permanence. Obinze est un garçon instruit, amoureux des USA et de leur littérature. Il ne parviendra qu’à devenir travailleur clandestin en Angleterre avant d’en être expulsé. Paradoxalement, c’est à son retour au pays que les choses deviennent plus faciles : réussite professionnelle, mariage et bébé… avant que le retour d’Ifemelu ne vienne tout bouleverser. Son destin à elle, d’étudiante fauchée aux Etats-Unis (premier choc culturel) à femme accomplie de retour en Afrique (contre-choc culturel) est marqué par sa prise de conscience de la question raciale. Elle pourra l’étudier sous toutes les coutures, de sa relation avec un homme blanc à l’élection de Barack Obama, au travers de sa tante Uju et de son neveu Dike. Trouver sa place dans une société américaine marquée en profondeur par la question raciale lui permet de créer un blog où elle dissertera sur le sujet, blog de plus en plus populaire et pertinent. La personnalité à la fois forte et pleine de spontanéité en fait un personnage de roman très attachant. Ceci dit, je reconnais avoir eu un peu de mal à entrer dans ce long roman et les premiers chapitres au Nigéria m’ont moins intéressé que la suite, aux USA et en Angleterre. On peut trouver assez légitimement que le roman se disperse par moment, que le nombre de personnage ne facilite pas la tâche au lecteur, que certains aspects de la vie africaine ne nous sont pas très familiers. Mais malgré tout, on chemine avec Ifemelu jusqu’au terme de ce gros roman. C’est pour le lecteur une plongée dans la société nigériane, dans la middle class avec ses rapports hommes/femmes, son rapport à l’Occident (comprendre les USA et l’Europe), son système éducatif, ses questions tribales. C’est aussi un puits de réflexions sur la condition des noirs aux Etats-Unis dans l’Amériques des années 2010, c'est-à-dire juste avant Black Lives Matter. Mais c’est surtout et avant tout le reste une belle histoire d’amour entre un homme et une femme qui se trouvent, se perdent puis essaient de se retrouver. « Americanah » (surnom données aux africaines revenues des USA, forcément changées par cette expérience) est un gros roman peut-être un tout petit peu difficile d’accès, mais difficile à oublier une fois qu’on l’a terminé.
Ses livres partout traduits et son engagement contre le racisme et le sexisme en Afrique et dans le monde ont fait de Chimamanda Ngozi Adichie, non seulement une grande dame de la littérature nigériane, dans la lignée de Chinua Achebe et de Wole Soyinka, mais aussi l’une des personnalités africaines les plus influentes qui soient, véritable icône internationale que l’on s’arrache pour des conférences et des entretiens. Multi-consacrée par les reconnaissances les plus prestigieuses – elle est notamment membre de l’Académie américaine des arts et des lettres –, elle est citée comme l’un des plus grands auteurs de sa génération, la BBC citant en 2019 L’autre moitié du soleil, son livre jugé le plus réussi, parmi les « 100 romans qui ont façonné le monde ».
L’autre moitié du soleil, c’est la terrible histoire du Biafra, cette éphémère république née en 1967 de la sécession de la partie sud-est du Nigeria, qui choisit de frapper son drapeau du symbole d’un demi-soleil. Oscillant entre le début et la fin des années soixante, le récit évoque l’euphorie post-indépendance du Nigeria, vite empoisonnée par les graines de zizanie germées de l’artificiel découpage des frontières du pays par les puissances coloniales européennes, et s’appesantit sur la courte existence du Biafra, réintégré – avec ses précieux gisements de pétrole – dans le giron nigérian après trois ans d’une guerre civile et d’un blocus qui devaient faire périr, de la famine bien plus encore que des combats, plus d’un million de Biafrais, majoritairement de l’ethnie Ibo.
Dans ce cadre historique où vient d’ailleurs s’inscrire l’histoire familiale de l’auteur – ses deux grands-pères n’ont pas survécu aux camps de réfugiés du Biafra –, le lecteur est emporté par le souffle romanesque d’une fiction peuplée d’une myriade de personnages gravitant autour de deux sœurs jumelles, Olanna et Kainene, issues de l’ethnie Ibo en même temps que des classes aisées nigérianes. La première, liée à l’universitaire Odenigbo, évolue au coeur de l’intelligentsia du pays, tandis que la seconde, unie à Richard, un Anglais blanc bien décidé à devenir aussi Ibo que possible, se démène pour reprendre la gestion des entreprises paternelles. La tourmente s’abattant bientôt sur leur monde, Richard, devenu peu à peu correspondant de guerre, tentera d’intéresser la presse internationale au sort du Biafra. Mais c’est Ugwu, un jeune et pauvre villageois entré au service d’Olanna et Odenigbo, qui entreprendra véritablement la relation, de l’intérieur, du calvaire des Ibos et des Biafrais, étape essentielle pour que cette histoire ne devienne pas le trou noir de la mémoire nigériane, et pour que les traumatismes puissent trouver les moyens de guérir un jour.
« Imagine des enfants aux bras comme des allumettes, Le ventre en ballon de foot, peau tendue à craquer. C’était le kwashiorkor – mot compliqué, Un mot pas encore assez hideux, un péché. » « Ugwu l’avait remercié et avait secoué la tête en réalisant que jamais il ne pourrait traduire cet enfant sur le papier, jamais il ne pourrait décrire assez fidèlement la peur qui voilait les yeux des mères au camp de réfugiés quand les bombardiers surgissaient du ciel et attaquaient. Il ne pourrait jamais décrire ce qu’il y avait de terriblement lugubre à bombarder des gens qui ont faim. »
Preuve par l’exemple que, pour reprendre les mots de l’auteur, « Il est temps que les Africains racontent eux-mêmes leurs histoires », ce livre cathartique, parfois qualifié de tolstoïen, participe du devoir de mémoire, alors que le Nigeria, mal cicatrisé, peine encore à trouver son unité. C’est aussi une œuvre romanesque portée par un grand souffle, que l’on peut retrouver au cinéma puisqu’elle fut adaptée au grand écran en 2013, sous le même titre, par l’écrivain et réalisateur anglo-nigérian Biyi Bandele.
Americanah, écrit par Chimamanda Ngozi Adichie traduit par Anne Damour. Ce livre m’avait déjà fait de l’œil et se trouvait dans ma PAL. C’est grâce au comité de lecture de ma librairie préférée « la belle image » qu’il est sorti de ma PAL en priorité. Et quelle merveilleuse idée !!!
Ifemelu est une jeune nigériane, qui va poursuivre ses études aux États-Unis, elle va y rejoindre sa tante qui est une référente. Pourtant, cette arrivée dans ce nouveau pays va mettre en avant des éléments d’elle-même auxquels elle n’avait jamais songé. Après un début chaotique qui vont l’amener à couper tacitement les ponts avec Obinze, son amour d’adolescent, elle va poursuivre son chemin en rencontrant tour à tour deux hommes. Elle va tenir un blog sur la considération de la race aux USA. Ce blog va interroger son entourage, mais également et surtout elle-même et son environnement. Elle s’intègrera dans cette Amérique.
Cependant, jusqu’où ? A quel point ?
Et Obinze réussira t’il de son coté à atteindre ce rêve américain ?
Ce livre est un modèle, il allie tous les éléments possibles avec une précision et une amplitude de pensées bluffant.
On suit la vie de cette femme, on suit la vie de cette femme noire, on suit la vie de cette femme noire émigrée. Chaque angle est traité, sans aucune lourdeur. On y parle de race, d’amour, de sexualité, de déracinement, de rapports sociaux, de la négritude, de patriarcat, d’âmes sœur, des attendus sociaux, des préjugés sociétaux. Et pourtant, jamais une longueur. Ce livre est absolument fluide, riche, enrichissant, drôle, franc, sans concession.
Vous l’avez compris, pour moi, il y a un avant et un après. Plus rien ne peut se vivre de la même façon qu’avant. Chaque instant est transformé.
Un immense coup de cœur.
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