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https://evabouquine.wordpress.com/2016/10/14/charles-t-powers-en-memoire-de-la-foret/
« En mémoire de la forêt » est le seul roman qu’a écrit son auteur, décédé peu avant sa sortie aux Etats-Unis. Dans ce roman, il nous transporte dans la Pologne de l’après-communisme, à Jadowia, où un corps sans vie, celui de Tomek Powierza, a été retrouvé dans la forêt. Devant le peu d’avancée de l’enquête, le jeune Leszek, 26 ans, décide d’aider le père de la victime, qui est aussi son voisin, à élucider ce crime.
On est rapidement envoûté par l’atmosphère de ce village et de la campagne environnante, que restitue avec beaucoup de justesse l’auteur :
"Autour de Jadowia les forêts formaient comme un immense labyrinthe anarchique, évoquant un liquide répandu sur le sol, sans motif apparent, où alternaient grandes étendues, bandes étroites et îlots perdus. (…) Entre les doigts de la forêt, au milieu des trouées dans les arbres, on trouvait les fermes – maisons regroupées et granges de guingois, sans peinture- ou, beaucoup plus rarement, les champs plats, déserts, perdus, coupés des habitations des paysans qui fauchaient et labouraient à d’autres saisons."
"Le paysage marquait déjà le milieu de l’hiver ; il ne manquait plus que la neige. Le ciel était d’un gris sourd, il y avait de la boue entre les pavés de la route, une eau marron dans les empreintes de sabots des chevaux de trait. Les peupliers étaient humides, noirs, déplumés, et les champs détrempés se noyaient dans la brume. Sur ma gauche, à cinq cent mètres, s’étendait le village. Un cheval et une charrette se traînaient en s’éloignant, avec deux silhouettes sur la banquette, dont l’une inclinée sur le côté : un mari ivre ramené du bar par sa femme."
Dans cet environnement particulier, la situation des habitants est également bien relatée. L’alcool est un compagnon du quotidien pour beaucoup d’entre eux, et les jeunes ont déserté les lieux pour la capitale Varsovie, comme le fit pendant plus d’un an Leszek, avant de revenir. On y croise des personnages au caractère fort, comme Powierza, le père du défunt, dont on disait : « Il est comme la Pologne en guerre. Courageux et fou ». Ou encore d’anciens communistes, comme Jablonski, autrefois maire et directeur de la coopérative, qui semble avoir des « dossiers » sur chacun. L’Eglise est aussi représentée, par l’intermédiaire du père Jerzy, énergiquement très anticommuniste, souhaitant faire la justice dans le village, ou par le vieux père Tadeusz, qui cherche à comprendre ce qui s’y est passé.
Vous l’aurez compris, le meurtre est surtout un « prétexte » pour nous parler de la nature humaine (peur de l’autre, avidité, ravages de l’alcool…) et de la Pologne. Dans ce pays en transition, rattrapé par le capitalisme (« Le pays s’ouvrait. Le Far West renaissait à l’est : les entreprises poussaient comme des champignons et disparaissaient. Escrocs et margoulins de tout poil pululaient »), mais plus encore par les fantômes du passé, les villageois redécouvrent les zones d’ombre de leur histoire. Non manichéen, ce roman sur la mémoire et la culpabilité ne reflète pas un constat triste de cette nation ; il y a des traces d’espoir que laissent entrevoir la fin du livre
La découverte d'un cadavre dans une forêt de Pologne va faire resurgir les traumatismes engendrés par l'occupation allemande et soviétique. En menant une enquête, Leszek va exhumer les pires travers de l'homme, mettant du même coup sa vie en danger. Plus qu'un thriller, cet ouvrage aborde des thèmes tels que la culpabilité collective et individuelle relative aux périodes les plus noires de l'humanité.
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