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Crépusculaire, splendide, délicat, « Sur les hauteurs du Mont Thoreau », du Québec aux monts Pelés, dans cet entre-monde où le repli octroie son pouvoir Thoreau Heights, la vie, ici, accomplit ses conclusions.
Dans une orée édénique et olympienne, l’océan atlantique coopère, entre les vagues et ses traductions, les paysages aux multiples échos, la fusion des grandes importances.
Elles sont ici. Les sœurs Leroy, Rose, Léonie, Alexandrie et Merline.
Un périple qui n’a rien d’ordinaire. Le battement intermittent des questionnements existentiels.
Un voyage douloureux et sacré, la gravité des conséquences.
Rose est prête. Elle va pénétrer dans la clinique du Docteure Clarissa Gardner. Malade, en fin de vie, roseau frêle et silencieuse dans l’heure de ses révélations finales.
L’heure solennelle, un glas qui résonne entre les hauteurs du Mont Thoreau.
« Pourquoi s’être lancée dans cette aventure loufoque ? »
« Depuis l’enfance, il y en a toujours une qui remonte le moral des troupes, qui tout à coup se trouve capable de jouer l’optimiste. »
« Nous y sommes. Mais en fait pas du tout. »
Les évènements se fondent dans l’océan. Elles se laissent glisser en ce lieu. Où tout est la définition même de la plénitude. Bousculer l’épreuve en scène théâtrale. Le burlesque-baume. L’art qui masque les douleurs et l’infini de cet acte irrévocable.
Serait-ce une clinique hors du temps et de l’espace ? Ou bien la raison même de l’existentialisme ?
La clinique est une maîtresse-femme, des éléments, des électrochocs, des rappels pavloviens, et des responsabilités qui sont ici, des balles que l’on lance contre les murs blancs.
La définition même d’une acceptation à l’advenir, en pleine conscience.
La dérision et l’humour pour triompher de la mort. Transformer les derniers moments en apothéose musicale, étreintes, sollicitude et compassion.
Le récit pointe aussi, là où ça fait mal. Finement politique, engagé, il dévoile les diktats, les idéaux d’une mort choisie et assumée.
Ici, Rose est un emblème. La trame sans pathos, avec cette lucidité de toucher au plus juste les choix et les finalités d’un deuil en advenir.
Rose est consentante et maître d’elle-même. Un cerf-volant dans le ciel, libre, immensément libre.
Jamais, ici, les jugements attisent les soupirs et les regrets.
On aime le côté jubilatoire (parfois), caustique (souvent) et ce roman d’une rare intelligence et pertinence est un outil sociétal pour demain.
La mort assistée, d’une voix douce, comme une œuvre affranchie et volontaire.
La mort c’est la vie. C’est ainsi.
Ce roman est lumineux et donne les clefs en plein pouvoir des volontés exaucées.
Nous sommes nos choix. Rose est l’exemplarité.
Contemporain, d’une rare urgence, « Sur les hauteurs du Mont Thoreau » est essentiel et touchant. Une fenêtre ouverte sur nos ciels intérieurs, la preuve des possibles.
Un livre qui nous reconnecte au vivant.
« Nous retournerons donc dans un lieu que nous ne connaissons pas encore tout à fait, celui de l’après. Celui où vous cessez de tenir la main à ceux que vous aimez pour continuer seuls. »
L’acuité boréale.
Catherine Mavrikakis délivre une merveille d’apaisement.
Publié par les majeures Éditions Héliotrope.
Jamais facile le roman polyphonique. Aurait mérité un peu plus de concision.
J'ai apprécié ce huis-clos entre des personnages si différents et tous aussi inquiétants les uns que les autres. Par contre, les références littéraires m'ont laissée sur le bord du chemin, et la référence à Anne Franck m'a paru un peu forcée. Même chose pour cette histoire d'agents secrets qui n'apporte finalement pas grand chose au récit. L'idée était intéressante : le confinement, la tension et le suspens à la Agatha Christie, les références littéraires (même si elles ne me parlent pas à moi)… Mais Anne Franck et les espions étaient de trop.
https://itzamna-librairie.blogspot.com/2020/05/lannexe-catherine-mavrikakis_14.html
Ah ma bonne dame… les goûts et les couleurs…
Sur les conseils de ma libraire, je me lance dans la lecture de ce roman sorti en mars et dont je n'ai absolument pas entendu parler ni dans la presse ni sur la blogosphère…
Le ton des premières pages retient mon attention mais très vite, le soufflé retombe… Quel est le projet, quel est le sens de ce roman dans lequel tout me paraît artificiel, inutilement bavard, extrêmement redondant, très ennuyeux et un brin prétentieux… C'est donc une très grande déception… Si certains lecteurs de ce billet y ont compris quelque chose, qu'ils n'hésitent pas à laisser un avis !
Dans l'émission de France Culture « Par les temps qui courent » (2 mars 2020), l'auteur confie : « Je n'avais pas envie d'écrire un livre très clair... » Si c'était le projet, alors c'est effectivement réussi. Je comprends qu'un auteur veuille que le lecteur n'accède pas immédiatement au sens profond de l'oeuvre mais ce que je crains, c'est qu'ici, ce pseudo-hermétisme cache un vide sidéral ou tout au moins une absence d'objectif bien défini ou suffisamment clair pour le lecteur. J'y vois plutôt une démonstration lourdingue et sans originalité sur l'idée que la littérature peut être une grille de lecture du réel. Ou bien qu'il faut s'en méfier, elle est susceptible de nous faire perdre pied (ou nous sauver) ...
Bon, abordons le sujet : la narratrice, Anna, dont on comprend très vite qu'elle est agent secret, aime se rendre à Amsterdam dans la maison d'Anne Frank pour y effectuer des espèces de pèlerinages. Elle établit un parallélisme (tiré par les cheveux – mais pourquoi pas...) entre son existence et celle de la jeune fille déportée en 1944 : une vie d'errance, de planque, des questionnements sur l'identité, de difficiles rapports aux autres etc etc... Comprenant qu'elle a été repérée, la narratrice suivra les ordres de son employeur : l'Agathos, prendra le premier avion et se retrouvera confinée dans un lieu tenu secret avec d'autres agents de son espèce… Elle y rencontrera un majordome homo d'origine cubaine très bavard (accrochez-vous!), dont les propos sont truffés de références littéraires… Anna l'écoute et en perd tout son discernement… (moi aussi d'ailleurs!) Qui est-il vraiment, que cherche-t-il ? (à ce stade-là du roman, je suis perdue et surtout saoulée de la logorrhée de ce personnage) L'espionne, quant à elle, en rajoute une couche en rebaptisant tous ses compagnons de réclusion du nom d'un personnage de la littérature… Comme le dit la 4e de couv : « un vieux couple slave devient les Tourgueniev ; un agent d'apparence banale… Meursault ; le chat, Moortje, comme celui d'Anne Frank... » Pourquoi pas mais… tout ça pour dire quoi exactement ? C'est bien ça le problème…
Je me suis perdue et ennuyée : tout m'a semblé poussif et artificiel (et dire que j'ai lu ici ou là que le suspense était insoutenable… c'est ironique ou quoi?)
Allez, j'attends vos avis éclairés !
LIRE AU LIT http://lireaulit.blogspot.fr/
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