Une mine foisonnante et fort documentée de renseignements sur les heures mouvementées d'une Amérique en grandes transitions entre les années 70 et le XXIe siècle
Une mine foisonnante et fort documentée de renseignements sur les heures mouvementées d'une Amérique en grandes transitions entre les années 70 et le XXIe siècle
Dans la torpeur d'une salle d'audience de l'Alabama, une femme est assise. Elle est venue assister au procès du meurtrier du révérend Maxwell, défendu par un des meilleurs avocats de l'Etat. Cette femme, c'est Harper Lee, la célèbre autrice de Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur. Après avoir aidé Truman Capote lors de son enquête pour De sang froid, elle entend retrouver l'inspiration avec cette affaire du Révérend.
Une introduction comme un prélude qui évoque ou met en scène les trois personnages principaux de ce premier ouvrage de Casey Cep. Trois personnages principaux qui vont être déclinés pendant chacune des trois parties.
Acte I : le Révérend. Un homme qui prend des polices d'assurance sur tout son entourage. Un homme qui voit des gens disparaître autour de lui dans des conditions plus que mystérieuses. Deux femmes, un frère...Tous retrouvés dans des voitures qui n'ont pas toujours l'air très accidentées. Des investigations ou des procès qui tournent court. Et des polices d'assurance qui tombent dans son escarcelle. Jusqu'au jour où un proche d'une des victimes le tue.
Acte II : l'Avocat. Ou la trajectoire d'un homme, Tom Radney qui ambitionne un destin politique et se retrouve à plaider pour acquitter le meurtrier du Révérend. Manoeuvre compliquée car plus de 300 témoins ont assisté à l'assassinat. Cet acte illustre donc toute sa tactique de défenseur et revient sur sa carrière dans la politique.
Acte III : L' écrivaine. De son enfance à Monroeville, avec comme voisin Truman Capote, de son lien avec son père, de ses débuts à New York, de la rédaction de son best-seller en passant par ses années d'écriture intense sans projet abouti, le destin d'Harper Lee se déploie sous nos yeux.
Les Heures furieuses appartient à cette catégorie de romans qui, sous couvert fictionnel, font de la non fiction. Ici, rien ne semble inventé. Casey Cep s'est appuyée sur ses trois protagonistes et le lien qu'ils ont eu dans une salle d'audience pour proposer leur portrait mais surtout le tableau d'ensemble d'un Etat, l'Alabama et de toute une génération d'Américains. Certains débuts de chapitre ou certains paragraphes présentent ainsi tout un volet historique. Comme celui consacré au révérend et aux accusations de vaudou qui amène toute une explication sur le vaudou et les Sept sœurs.
Les heures furieuses se révèlent donc un objet littéraire dense, à la lisière du reportage. Je crois que je ne m'attendais pas vraiment à ce pacte narratif là. J'imaginais plus une quête sur la piste du manuscrit perdu d'Harper Lee, celui qu'elle aurait rédigé sur le Révérend. De ce manuscrit, il n'en est question que dans la dernière partie.
D'ailleurs, je crois que c'est la partie que j'ai préférée. Je ne connaissais pas l'existence de cette autrice et je l'ai trouvée passionnante, entre mélancolie et désillusion. Notamment pour la période de l'après Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur où elle se perd dans des fleuves alcoolisés, brûle ses manuscrits et reste bloquée. Il y a une forme de tragédie en marche. Celle d'une autrice qui après un succès retentissant, ne peut plus.
Bref, vous l'aurez compris : les Heures furieuses appartient à cette catégorie de romans de non-fiction, très bien documentés, portés par une écriture intelligente. Mais voilà, même si j'ai apprécié le sujet et les recherches, je me suis un peu perdue en cours de route. Peut-être parce que j'étais partie sur une autre idée de départ. Peut-être parce que je me suis noyée dans certaines informations. Pour autant, je garderai une image très vivante du Révérend, de son avocat et de l'écrivaine. Et je veux désormais relire Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur et découvrir De sang-froid.
Pas mal du tout l histoire sa me plaît beaucoup j aimerais bien le lire noter dans mes préférés
"Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" : le mythique roman de Harper Lee datant des années 60, inscrit dans la mémoire collective des amateurs de littérature...et voilà que m'est donnée la possibilité de m'y replonger, grâce à cette enquête quasi-journalistique menée par Casey Cep dans "les heures furieuses".
Enquête sur la possibilité d'un roman, enquête sur l'enquête menée par Harper Lee en vue de ce roman potentiel...mise en abyme s'il en est...
Trois parties distinctes dans ce livre : le révérend, l'avocat, l'écrivaine.
Le révérend, c'est Willie Maxwell, qui outre son ministère, pratique le jeu, le libertinage, les fraudes à la police d'assurance, les sciences occultes et qui se trouve accessoirement accusé de 5 meurtres.
L'avocat, c'est Tom Radney, capable de gagner n'importe quelle affaire et qui parvient à faire acquitter le sus-dit révérend. Mais, preuve que le crime ne paie pas, ce dernier est assassiné lors des funérailles de sa dernière victime présumée. Qu'importe, Tom Radney prend alors la défense de ce nouvel assassin
L'écrivaine, c'est Harper Lee qui s'empare de ce fait divers réel, se lance dans dans une enquéte approfondie supposée déboucher sur un second roman.
Et c'est l'enquête de Cep Casey sur le cheminement de Harper Lee qui nous amène au coeur de l'ouvrage.
Harper Lee, cette fille garçon manqué, aventurière, en avance sur son temps et donc inadaptée à son époque, cette auteure en perpétuelle souffrance entre "perfectionnisme et désespoir".
Harper Lee, "l'amie de cabane dans l'arbre" de Truman Capote, son petit voisin devenu le grand écrivain américain du XXe siècle.
Lui aussi s'est passionné pour un fait divers sanglant, le meurtre des 4 membres d'une famille, il s'y est impliqué au point d'en extraire son oeuvre majeure " de sang froid", au point de se perdre dans ses relations destructrices et vampirisantes avec les 2 meurtriers.
Cheminement assez identique de H. Lee et T. Capote, ces 2 petits "inventeurs d'histoires" : même souffrance après leur succès planétaire, même tristesse chronique, même difficulté à vivre l'"après"
Solitude de l'artiste et drame de la page blanche : "il suffit de fixer la feuille blanche jusqu'à ce que des gouttes de sang perlent de votre front"...!?!
Difficulté supplémentaire que d'écrire ce qui allait devenir un nouveau genre littéraire "le true-crime", roman non-fictionnel, où il s'agit de retranscrire des faits et d'y associer un vrai style littéraire....lecture plus difficile aussi pour moi, le livre devenant alors une sorte de reportage journalistique, certes passionnant mais plus...sérieux !
Cette enquête de Cep Casey est une mine foisonnante et fort documentée de renseignements sur les heures mouvementées d'une Amérique en grandes transitions entre les années 70 et le XXIe siècle . On y retrouve les problèmes de ségrégation, la guerre au Viet Nam, des personnages évoqués tels Kennedy, L.King, les fréquentations mondaines de Capote....beaucoup, beaucoup de précisions...un peu trop ?
Quant au "manuscrit perdu" de Harper Lee, l'a-t-elle finalement écrit ? a-t-il été perdu ? figure-t-il dans la sacoche en cuir placée sous scellés ?
Cela reste aussi mystérieux que le personnage du révérend dont H. Lee voulait écrire le destin...
Destin hors-norme que celui de Harper Lee, si émouvante dans sa persévérance et dans ses doutes, dans sa fragilité et dans ses tourments.
Reste que livre m'a donné envie dire celui de Truman Capote et la désastreuse gestion de son succès.
Belle découverte pour moi en tout cas que ces deux génies de la littérature américaine même si la lecture du livre nécessite pas mal de concentration .
Casey Cep remonte pour nous le temps, le temps d’avant, le temps d’un livre. Harper Lee est à son apogée suite à son célèbre roman «Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur », qui reste à ce jour l’un des livres le plus vendu au monde après la Bible. Elle cherche l’inspiration pour un second roman, qui ne vient pas, les années passent et rien ne se profile. Panne de l’écrivain, manque d’inspiration, peur d’un second succès, il faut dire qu’Harper Lee n’est pas dans la norme. La célébrité, elle n’en veut pas, l’argent, elle en dépense peu. Etre mondialement reconnue, lui fait peur. Peur qu’elle va tenter de noyer dans l’alcool avec son ami d’enfance Truman Capote.
Pourtant, un procès défraie la chronique, l’histoire du révérend Maxwell, sérial killer, qui escroqua des milliers de dollars grâce aux assurances-vie. Un homme qui assassina plusieurs de ses proches sans jamais être appréhendé, ni même condamné et qui se fera tuer lors de l’enterrement de sa dernière victime. Une fin vaudevillesque pour un être aussi retors. Lee Harper va s’attacher à son histoire et détricoter les fils de sa vie pour en faire le sujet de son prochain livre. Elle va mener une véritable enquête et finira par en savoir plus sur le révérend que quiconque dans ce petit comté de l’Alabama. Mais malgré un travail acharné et une furieuse envie de découvrir la véritable identité de cet homme et sa rouerie assassine, au point que la rumeur de vaudou tourne autour de lui pour comprendre l’inexplicable, l’auteur n’arrivera jamais à boucler son ouvrage, si ouvrage a jamais existé. Elle renoncera au bout de plusieurs décennies, préférant laisser un neveu de Maxwell raconter la vie de cet étrange pasteur.
Un roman-documentaire passionnant, riche en thèmes, en personnages et descriptions minutieuses de tranches d’Histoire, peut-être un peu trop. Une impression de passer d’un sujet à un autre sans avoir approfondi, notamment sur l’histoire du révérend Maxwell. Un pêle-mêle d’informations dans une œuvre déstructurée, où la frustration m’a parfois submergée, bien malgré moi, mais frustrée néanmoins. Riche d’informations mais, à la fois si pauvre en émotion, car je n’en ai ressenti aucune à la lecture de ses nombreuses pages, alors que le magnifique « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur », m’avait littéralement transcendée. Je pensais que l’énigme du manuscrit perdu le serait tout autant, une petite pointe de déception. Mais je suis ravie de l’avoir lu, ne serait-ce que pour comprendre pourquoi la plume d’Harper Lee s’est brisée, à peine sculptée.
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