Quel polar lire pour assouvir vos envies d'ailleurs ?
A l’occasion du festival Quais du polar, nous sommes allés rencontrer Francis dans sa librairie Le bal des ardents à Lyon et nous lui avons demandé ses suggestions de romans policier ou thrillers. Pourquoi Lyon ? Parce que nous y avons découvert un...
Anthony, un de nos fidèles lecteurs, a rencontré Caryl Férey à Lyon, pendant le Festival Quais du polar, pour la sortie de Condor, édité chez Série noire, Gallimard. Caryl Férey est un auteur qui aime les pays dont il parle, Afrique du...
Quel polar lire pour assouvir vos envies d'ailleurs ?
Merci à Joëlle G, lectrice, pour son passionnant reportage
Merci à Jean-Paul pour ses impressions, ses rencontres, ses Correspondances
Les polars incontournables de vos vacances
Un roman qui dénonce la chasse des animaux sauvage, la démence des braconniers, l’horreur des cadavres photographiés et érigés en trophée.
Les romans de Caryl Ferey sont toujours hyper-violents, truffés de tortures, de meurtres et de morts.
Il est ici un peu plus sage (si, si) pour cibler le carnage des fauves, des rhinocéros, girafes, éléphants…et la folie des hommes.
L’appât du gain, les superstitions qui perdurent ou le besoin d’étaler sa richesse encouragent ce fléau.
Le scénario est bien ficelé, le suspense monte crescendo et l’écriture est précise.
Certaines actions, même sous couvert de rédemption, m’ont posées problèmes.
Mais la beauté des animaux, le bruissement de la savane, la soif de liberté, Solanah, Seth et Priti m’ont conquis.
Un Caryl Férey alors c'est sombre, violent, tragique et étouffant.
La Colombie à l'heure de la réconciliation ?
Une famille qui se déchire avec en toile de fond l'impossible pacification, les FARC, les narcotrafiquants, la prostitution, des crimes, du sang, de la torture, des morts et encore des morts.
Un écriture acérée avec une tension qui monte crescendo.
C'est dramatique et poignant.
Caryl Ferey, auteur à succès de romans noir qui nous entraînent en Amérique du Sud, en Australie ou en Afrique, a déserté le temps d'un livre ses sujets de prédilection.
Le temps d'un titre fort, et fort différent de ce qu'il nous propose habituellement puisqu'il aborde ici le féminicide de Magali Blandin. Fait divers tristement banal qui a eu lieu dans le village de son enfance.
C'est d'ailleurs ce qui l’a tout d'abord interpellé. Que la barbarie se passe aussi dans un village tranquille de Bretagne, en Ille-et-Villaine.
J'ai lu ce livre d'une traite, la mort, presque ordinaire, d'une femme qui voulait quitter son mari, d'une mère de famille qui aimait ses enfants et voulait vivre avec eux loin de celui qui la faisait souffrir au quotidien.
Mais ils sont si nombreux ces conjoints qui refusent de laisser partir leur chose, leur bien, leur épouse. Qui refusent de lui rendre cette liberté à laquelle elles ont pourtant droit. La mort plutôt que la vie pour celle qui souhaite s'émanciper d'une relation toxique.
Caryl Ferey, qui par ailleurs m’a rappelé ce roman que j'avais lu dans les années 70, cellule 2455 couloir de la mort, de Caryl Chessman, auteur à qui il doit son prénom.
Enfin, auteur mais pas seulement...
Caryl Ferey donc, qui mène l’enquête pour tenter de remonter aux causes, aux événements, de rencontrer ceux qui auraient pu connaître Magali, ou son meurtrier. Mais qui fait choux blanc. Tant il semble difficile de soutirer des informations à qui que ce soit.
Un livre comme un retour vers les rues de sa jeunesse, mais des rues entachées d'un féminicide sordide. Dans lequel des géorgiens, un mari et des parents ont tous leur responsabilité.
Où les enquêteurs ont su mener à bien leurs recherches mais où la justice ne passera jamais puisque les coupables ne sont plus.
Ce qui m’a le plus interpellée ? La façon dont l'auteur se pose des questions sur le pourquoi et le comment, sur les enchaînements de faits, sentiments, responsabilités. Il n’a pas à mener d'enquête puisque cela a été fait par les gendarmes. Ce n’est d'ailleurs pas le but, on s'en rend compte à mesure de la lecture, même s'il aimerait recueillir quelques infos de plus, qui n’auraient encore jamais été dites.
Mais il se pose, et nous fait poser les questions du feminicide, du sort fatal quasi inéluctable qui attend certaines femmes qui rêvent de liberté, du deuil des enfants, même si ce sujet là est très peu abordé, mais sans doute n'était-ce pas le lieu.
Et de la façon dont certains faits divers nous atteignent plus ou moins intimement, lorsqu'ils éveillent quelque chose de personnel. Ici il ne s'agissait que du village de son enfance, mais cela a suffit pour bouleverser assez l'auteur pour qu'il décide d'écrire ces pages, faisant de Magali une femme, une de plus parmi toutes ces victimes, parmi toutes ces femmes. Mais une femme, une victime, qu'il ne faut jamais oublier.
https://domiclire.wordpress.com/2024/11/24/magali-caryl-ferey/
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