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S’il est un livre à garder dans le secret crépusculaire pour une échappée sans retour. Se sentir riche d’une littérature culte, classique, certaine et salvatrice. Le voici, le chef d’œuvre « Les Malchanceux » de B.S. Johnson. La préface de Jonathan Coe est posée, aboutie, explicite. Un conseil, la lire deux fois voire plus. Une fois au début et l’autre après le point final. Comme une révérence renouvelée au monde. « Les Malchanceux » comme l’exprime Jonathan Coe « C’est un livre unique et merveilleux, un classique de son temps et du nôtre. (Février 1999) » Le concept de « Les Malchanceux » est original, perfectionniste. Ouvrir le coffret et voir, toucher, avant de lire. Vingt-sept sections. La première et la dernière à lire dans l’ordre. Les autres à l’instar d’une fleur cueillie dans le hasard du champ littéraire. Et là, c’est un signe du destin qui s’affirme alors. La section prise est à vous. Lisez-les toutes. Recommencez encore et encore. B.S. Johnson offre ici par ce choix l’approche révélée du tout possible littéraire. Et, c’est bon de se sentir en diapason avec l’auteur. Attention, les amis prenez soin de ce grand livre. Lorsque les chapitres sont retirés, il y a un secret à l’intérieur du coffret, sur chaque côté intérieur. Avant de les découvrir lisez bien : « Note sur le texte » en page finale de la préface. Trois épigraphes sélectionnées par Johnson sont ici. Lisez- les doucement. Soudainement, les braises, alors, reprennent force et vigueur. Maintenant, vous pouvez lire ce sublime, ce culte, « Les Malchanceux » Tony est malade : un cancer. Tumeur. (Tu meurs). Le verre se brise en main, tombe. June est sa jeune femme, lumineuse, battante et digne. Les fragments restent en main, cartes que l’on ne repose pas. L’écriture est souffle et rédemption. « Tony dommage qu’il soit mort, depuis, j’ai trouvé une bonne définition, à ce mot, académisme : Les réponses du passé, apportées aux problèmes du présent ! Je suis sûr qu’il aurait adoré… » L’auteur retourne la terre. Ensemence les souvenirs ; sa voix attire les séquences de vies, belles, graves. Comme un drap frais, tiré, sans plis. Le juste. Sans colère ni sanglots. Ecrire en promesse. A la Jules et Jim, à la frappe d’un ballon, aux actes manqués. A la jeunesse fusillée en plein vol. « On dirait une vague, cette foule qui se penche pour voir le corner opposé, se penche et se redresse. » Les fragments s’entrechoquent, fusionnent, on ne lit plus. Mimétisme avec ce qui se passe, se dit et s’élève. Les mots guident et apaisent. Le liant est vif et tenace, magnifique et théologal. Cette voix qui emporte tout vers le rivage, appel, rappel. Tony est le point dans ce cercle amical qui vacille. On ne bouge plus. « Quelle valeur accorder à la mort ? Aucune ? Peut-on parler ainsi de la mort ? J’en sais rien, tout ce que je sais, c’est que ça fait mal. Tellement. » Cette ode à l’amitié, à la fraternité célébrée, voix qui résistent à la transparence sont les fiançailles de la beauté, de la simplicité et de l’hommage absolu. « Les Malchanceux » est bleu nuit, superbe et indispensable. « Elles plongent dans le ciel, puis remontent, ces lignes télégraphiques qui passent et se croisent, lestes, au gré des courbes du paysage, des hangars, indistincts, et des gares, que nous passons. » Le regain, ici, est la grandeur d’âme qui brille dans le filigrane. C’est l’envol, les ombres qui soulèvent l’après. L’hymne est sublime. Racines mémorielles. Traduit de l’anglais par Françoise Marel, publié par les majeures Editions Quidam éditeur.
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