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Bourbon Busset, normalien et haut fonctionnaire au Quai d'Orsay, abandonne la vie citadine et s'installe à la campagne pour écrire. Il s'essaie au journal lorsqu'il éprouve le désir de jalonner sa vie conjugale et sa vie spirituelle d'étapes qui marquent sa progression, en amour comme dans la quête de Dieu. La forme libre et discontinue de paragraphes sans dates ni repères spatiaux lui convient parfaitement : ce sont les pensées d'un homme qui vit avec son temps et qui s'adresse à tout lecteur sensible au je ne sais quoi qui donne envie de tourner la page. Pouvoirs régénérateurs de la Nature, exigences du métier d'écrivain, échos de voyages ou de visites à des prisonniers, réflexions sur l'Europe, recherche spirituelle : les sujets sont assez variés pour que le lecteur y trouve son bonheur, pour peu qu'il s'attache à un diariste qui trace un chemin original et stimulant.
Le titre est ambigu : s'agit-il du régime politique du Protectorat, ou de la disposition affective à protéger ? Il flotte sur ce petit roman un parfum stendhalien, qui rappelle cette "Principicule" de Parme, selon l'expression de Gracq, telle qu'elle apparaît dans La Chartreuse de Parme, ou la Corse et Sainte-Hélène hantés par Napoléon… Le pouvoir est celui d'un homme sur une minuscule cour, sur un être humain qu'il peut exécuter ou gracier. La grâce l'emporte au terme de délibérations entre l'ambitieux et le généreux, exercice de responsabilité qui incombe à chacun au cours d'une vie. Une méditation dans un style limpide qui tend à suggérer plus souvent qu'à convaincre.
Un homme, écrivain et diplomate, sorte de double de l’auteur, s’interroge sur le sens de sa vie, sur l’amour, la mort, l’amitié, la transcendance, entre autres choses. Pris dans le tourbillon de la vie, se préoccupe-t-on si l’âme meurt avec le corps ou si quelque principe supérieur la sauve de l’anéantissement ? Il faut dire que la mort rôde autour de lui. Il vient de perdre J., une amie très chère, suite à une longue et douloureuse maladie. Son frère est mort pendant une escarmouche au début de la guerre, sa mère également victime d’une rafale de mitraillette en août 44 et son père pour achever la série. Sa vie ne trouve un sens qu’auprès de sa compagne et dans le calme de la nature. Il songe même à tout quitter pour ne plus se consacrer qu’à son art.
« Les aveux infidèles » se présentent comme des confidences décousues, qu’on dirait écrites au fil de la plume dans une série de courts chapitres sans véritable lien les uns avec les autres. Une suite d’impressions introspectives, une auto-analyse et même une autobiographie spirituelle. Jacques de Bourbon-Busset, qui est loin d’être un mystique, est parti d’un rejet de la transcendance pour lentement y revenir sous l’influence de sa compagne. En chemin, il s’est interrogé sur tous les grands thèmes de la philosophie. Le lecteur y trouvera les influences d’Alain, de Kant et de quelques autres ainsi que de Paul Valéry en ce qui concerne la poésie. Ces aveux « infidèles » (au sens que les mots peuvent souvent trahir la pensée) laissent au lecteur une impression de légèreté pour ne pas dire de futilité. Ils restent la plupart du temps à la surface des choses sans jamais les approfondir vraiment. Ils posent plus de questions qu’ils ne proposent de réponses. Mais la vie n’est-elle pas ainsi ?
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