Au Mexique, Gordon et Valentina partent en quête du dernier psychotrope encore inconnu de l’Occident...
Au Mexique, Gordon et Valentina partent en quête du dernier psychotrope encore inconnu de l’Occident...
Dans les années 50, une chamane devineresse mexicaine croise le chemin de scientifiques autodidactes américains. Les champignons hallucinogènes utilisés par la première intéressent fort les seconds.
« Petites choses » raconte ce qu’il advient de l’une et des autres dans une sorte de biographie au style ironique et pince sans rire.
Le livre se lit très vite, l’écriture est vive, l’époque de ces années psychédéliques est finement rendue avec ces allusions aux groupes de rock, au LSD et à Alice au Pays des Merveilles (largement citée) mais le ton narquois m’est apparu passablement pénible et m’a semblé inapproprié pour des faits aussi sérieux.
On parle quand même d’un morceau d’histoire, de la façon dont le globe tout entier a été affecté par la découverte de ces champignons psychotropes, leur appropriation et leur médiatisation et la façon dont s’en sont emparé les hippies et tout ceux qui portaient des fleurs dans les cheveux ; sans compter le FBI, la CIA, des musées d’histoire naturelle et des laboratoires pharmaceutiques, toutes institutions qui ne se rangent pas particulièrement dans la catégorie qui danse et qui pétille.
Ce livre voyage dans le cadre des 68 premières fois, merci à l’équipe pour cette belle aventure et ses découvertes.
À l'origine il y a ces petites choses, et Maria Sabina, une chamane qui procède à des cérémonies et des incantations dans sa maison, là-bas au Mexique loin du monde dit civilisé.
Les sessions pendant lesquelles elle consomme de nombreuses petites choses, ces champignons puissamment hallucinogènes qui poussent en abondance les jours de pluie.
À cette même époque, dans les années 50, Gordon Wasson et Valentina, son épouse russe, vivent à Manhattan. Lui travaille pour la puissante banque de J P Morgan. Elle est scientifique
Attirée depuis toujours par les champignons qui se consomment en abondance dans son pays d'origine, la Russie, elle intrigue et intéresse son époux qui décide de les étudier avec elle.
À leur recherche ils sillonnent le monde, et écrivent des livres pour les faire connaître à leur tour.
C'est depuis New-York qu'ils partent un jour à la recherche de ces psilocybes hautement hallucinogènes. Car si d'autres champignons du même type sont déjà connus, et leur consommation interdite, ceux-là sont encore à découvrir.
À force de voyages, d'essais, de tests, ils finissent par intéresser la planète entière, en commençant par la CIA, le museum d'histoire naturelle à Paris, les laboratoires pharmaceutiques ou encore les hippies en mal de substances psychédélique avant le grand voyage vers Katmandou.
Un livre étonnant qui se dévore comme un roman. Ni amer ni doux et bien réaliste, non sans une pointe d'humour lorsqu'il le faut, à la fois étonnamment érudit et subtilement léger par moment, il retrace la folle aventure de ce couple et la découverte puis l'utilisation de ces petites choses. Et comment leur recherche, loin de respecter la confiance qu'elle avait mise en eux, à transformé la vie de la chamane Maria Sabina.
https://domiclire.wordpress.com/2024/08/07/petites-choses-benoit-coquil/
Ces petites choses, ce sont les psilocybes ou teonanacatl (« la chair des dieux »), champignons mexicains qui ne paient pas de mine et cachent bien leur jeu avec leurs propriétés hallucinogènes. Benoît Coquil raconte l'histoire (vraie) de leur découverte occidentale par un couple d'Américains, les Wasson, dans les années 1950, ainsi que les répercussions qui vont en découler.
« C'est autour de son pied mince et droit que tous vont orbiter, chamanes, sorciers, chercheurs, chimistes, espions, hippies, sages et fous, dieux et diables. »
Le panorama est complet - avec des références tous azimuts, historiques, géographiques, sociologiques, artistiques, géopolitiques, religieuses, scientifiques entre autres - et repose sur une solide documentation. Après avoir refermé ce livre extrêmement documenté, on sait tout sur le psilocybe grâce à l'éclairage de l'ethnomycologie (étude de la place des champignons dans les différentes cultures). Et c'est bien plus passionnant que ne le laisserait penser le prétexte, a priori anecdotique, de parler d'un champignon hallucinogène.
Benoît Coquil a trouvé le juste équilibre entre documentaire et roman grâce à sa focale sur des personnages marquants : le banquier américain Gordon Wasson et son épouse russe, Valentina, pédiatre ; et surtout la fascinante María Sabina, la chamane réputée pour ses rituels de guérison et ses transes sous champi. On suit les Wasson dans leur quête du champignon sacré jusqu'à l'extrême Sud du Mexique. Leur rencontre avec la guérisseuse dans le village montagnard de Huautla, en 1953, est remarquablement racontée, avec un vrai talent à mettre en scène les personnages ou a décrire les scènes fortes comme les hallucinations sous psilocybe avec toute la palette sensorielle idoine.
« La voilà donc, Maria Sabina, cette quasi-sainte de Huautla. Elle n'est pas bien grande, mais tout de même, sur ce perron qui lui fait comme un piédestal de statue, elle les surplombe un peu. Elle se tient droite. Dans la lumière du soir qui accuse rides et reliefs, elle donne à voir tous les âges à la fois. Wasson a cela sous les yeux, ces âges de la vie simultanément imprimés sur un seul et même petit corps. Il voit, tout ensemble, le front parcheminé et les mains de jeune fille, les cheveux, blancs pour la plupart, et la taille fine, la peau ferme de la naissance du cou, la toile éclatante de son huipil, brodé de fleurs multicolores – ce huipil que, justement, les femmes mazatèques portent toute leur vie, de leurs quinze ans jusqu'à leur mort. Il ne sait pas dire, au premier regard, combien d'années ou de siècles ont traversé cette femme. Ses mains baguées d'argent accompagnent ses paroles dans un ballet tranquille, miment un geste de récolte, pointent un lieu lointain, puis retombent le long du corps. Elle s'arrête de parler, se tourne vers Wasson et lui sourit gravement. »
Et derrière le récit dépaysant mené sur un rythme vif et enlevé, se lit un récit plus politique érigeant l'"exploitation" du psilocybe comme un symbole de colonisation culturelle. Car l'Occident va vite récupérer le pouvoir magique des petites choses : de la syncrétisation du principe actif hallucinogène par le chimiste Albert Hofman pour les laboratoires Sandoz, jusqu'à la marchandisation du champignon mexicain, pervertissant ainsi un usage ancestral ritualisé au profit des Hippies américains venus se défoncer à Huautla à l'heure du tourisme de masse.
Le ton distancié au sous-ton ironique colle parfaitement à cette volonté d'ouvrir le récit à la réflexion du lecteur. Un récit vraiment très plaisant à lire !
Ceci n'est pas un roman selon moi mais plutôt un récit personnel sur l'histoire vraie de Gordon et Valentina Wasson, couple de la haute bourgeoisie américaine qui a pour passion les champignons.
Au fil de leur recherche, ils se découvrent une attirance pour les psychotropes. En 1953, ils se lancent dans un voyage au Mexique à la recherche du champignon hallucinogène de la région mazatèque, le psilocybe. Ils seront initiés par Maria Sabina chamane qui pratique un rituel spécifique qui permet de faire ressortir le pouvoir sacré de ces "petites choses". Elle leur fait promettre de ne rien dire. Ils ne respecteront pas cette promesse en acceptant des interviews qui vont être mondialement rapportés.
L'auteur écrit une sorte de biographie sur le ton pince sans rire. C'est à la fois sérieux dans les faits mais il adopte aussi un ton humoristique et moqueur. Il entrecoupe le récit biographique par des faits historiques en lien avec la découverte du LSD et de sa synthétisation par le laboratoire Sandoz. Il rapporte aussi l'événement de Pont-Saint-Esprit qui s'est déroulé en 1951 que l'on appelle "l'affaire du pain maudit". Une série d'intoxication alimentaire y fera notamment 5 morts et 50 personnes seront internées dans des hôpitaux psychiatriques. La cause serait une farine avariée par des champignons. Par cette évocation, l'auteur montre que les champignons sont des êtres vivants bien plus complexes que l'on ne pense.
Un livre très long pour le peu de choses qu'il raconte au final. J'ai trouvé cela approximatif sur le fond. L'auteur imagine certaines scènes qui auraient pu se passer mais tout est juste effleuré à la surface. Il n'y a pas de profondeur sur le ressenti des personnages ni une analyse plus approndi sur les conséquences de la diffusion des effets du psilocybe dans le monde entier. Les descriptions sur les délires psychédéliques ne m'ont pas vraiment emporté ni convaincu.
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