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Roman d'apprentissage où deux jeunes adolescents découvrent les premiers frissons liés à l'amour mais aussi leur orientation sexuelle. Ce récit est mené tout en finesse et les deux adolescents Aristote et Dante, deux adolescents solitaires qui nouent une solide amitié qui les fera avancer tous les deux, sont peints avec une grande précision.
Le récit est simple à lire mais se révèle très efficace dans le message qu'il délivre.
Aristotle est un adolescent de quinze ans, perdu. Derrière son flegme se cachent les rouages d’un esprit complexe et tourmenté, en pleine crise existentielle et familiale. “The problem with my life was that it was someone else's idea”.
Il fallait au moins quelqu’un d’aussi unique que Dante pour le sortir de sa solitude. Leur rencontre à la piscine municipale est l’élément déclencheur d’un changement aussi important qu’effrayant pour les deux adolescents, qui se révèlent aux lecteurs au fur et à mesure qu’ils se découvrent eux-même.
Ce livre est à l’image de ses personnages : humain. On l’aime comme on aime Ari et Dante, on accepte ses imperfections comme on accepte les leurs. Il ne laisse pas indifférent. C’est là toute la réussite de cet auteur, et c’est là tout l’engouement qu’il a provoqué. Son écriture est originale, épurée, et parle ainsi davantage au coeur qu’à l’esprit. Les descriptions sont minimalistes, les dialogues débarrassés des traditionnels verbes de locution. En adoptant le point de vue d’Ari, on adopte un point de vue adolescent, humain, unique, et cette simplicité permet un rapprochement entre le lecteur et le protagoniste. Le plus gros point fort du livre, ce sont sans l’ombre d’un doute ses personnages, Ari, Dante, mais également leur entourage, en particulier le père d’Aristotle, ancien soldat au Vietnam. Leur humanité permet de rendre leurs sentiments réels, de telle sorte qu’ils touchent le lecteur au coeur. Les relations entre eux renforcent cette sensation de réalisme. L’amitié entre les deux adolescents est douce, amère, puissante. Les relations familiales sont compliquées, mais toujours emplies d’amour. L’évolution de chacun des personnages est elle aussi remarquable, on sent définitivement une progression entre les premières et les dernières pages, importante mais naturelle. Les dialogues sont également une réussite : tantôt touchants, tantôt drôles, toujours vraisemblables. L’ironie d’Ari fait facilement sourire. L’écriture simple de l’auteur n’en est pas moins poétique : elle n’offre pas d’envolées lyriques, mais exprime avec une justesse impressionnante chaque émotion, du déni à l’amour, de l’incompréhension à l’empathie, de la peur au courage. Le chemin parcouru par Ari et Dante est un poème en soi.
Il y a tout de même quelques détails à relever, qui ne sont pas de réelles imperfections, mais qui m’ont interpellée. On peut regretter par exemple des ellipses trop fréquentes, notamment dans les premiers jours d’amitié des deux garçons. La simplicité des dialogues, qui rend la lecture plus fluide, peut à certains passages les rendre confus. Bien que la fin soit dans la lignée poétique et humaine de l’ensemble du livre, le moyen d’y parvenir est légèrement décevant : la jalousie a toujours fonctionné, sûrement trop souvent pour convenir à un ouvrage aussi original. Un dénouement peut-être brutal, et qui laisse en suspens la question de la relation entre Ari et son frère.
Cela faisait plusieurs années (depuis le 18 novembre 2017 pour être parfaitement exacte) que ce livre prenait la poussière sur son étagère en attendant son heure, plusieurs années que je passais devant lui, que je me laissais presque tenter, pour finalement me replier précipitamment sur un autre livre. Ce n’est pas qu’il ne m’intéressait pas, bien au contraire : j’étais plutôt curieuse de découvrir avec ces garçons aux drôles de prénoms quels étaient ces fameux secrets de l’univers. Mais j’avais peur. Peur d’être déçue, car la majorité des lecteurs en dressaient des portraits tellement élogieux que je me méfiais de mes propres attentes. Peur de passer complétement à côté de cette supposée petite pépite littéraire, de ne pas saisir ce qui plait tant aux autres lecteurs. Peur d’être en décalage, une fois encore, finalement. Alors je retardais année après année sa lecture … Il aura fallu qu’il me soit imposé par pas moins de trois personnes différentes sur trois challenges différents, qu’il soit l’un des seuls livres de ma pile à lire correspondant à une consigne pour un quatrième challenge, et une lecture commune pour que je me décide enfin à lui laisser sa chance !
Du haut de ses quinze ans, Aristote est un adolescent renfrogné, solitaire et bagarreur. Il sent peser sur lui l’ombre de son grand-frère, dont nul ne parle jamais depuis qu’il est en prison, il ne sait pas bien pourquoi. Il sent peser sur lui les nombreuses règles édictées par sa mère, et le silence implacable de son père hanté par la guerre. Parmi les nombreux mystères qu’il souhaite élucider, il y a lui-même : parfois, souvent, il ne se comprend pas. Et voici qu’alors qu’il barbotait lamentablement à la piscine municipale, un garçon tout aussi incompréhensible que lui se propose de lui apprendre à nager. Aristote ne l’avouera jamais à qui que ce soit, et surtout pas au principal concerné, mais il a immédiatement apprécié Dante. Ce cours de natation improvisé a sonné le début d’une amitié aussi maladroite que sincère. Dante et Aristote n’ont pas grand-chose en commun, mais ils sont tous les deux en quête de réponse sur les secrets les plus impénétrables secrets de l’existence humaine … Et peut-être qu’à deux, il sera plus facile de trouver ces réponses. Ou alors, peut-être que ce n’est que le début d’une nouvelle flopée de questions …
Pour tout dire, au début, tout allait parfaitement bien : j’étais presque tombée sous le charme d’Aristote, et complétement sous celui de Dante, et j’étais en passe de tomber follement amoureuse de leur amitié. Bizarre, mais très touchante. C’était un peu comme une évidence, finalement, et j’enviais leur complicité naturelle. J’enviais cette petite bulle qui semblait les entourer, lors de ce premier été, alors qu’ils apprenaient encore à se connaitre, alors qu’ils s’ouvraient progressivement l’un à l’autre. J’aimais comment chacun acceptait sans broncher les petites bizarreries de l’autre. J’aimais leurs conversations, parfois à la limite de l’absurde, mais toujours percutantes. Plus globalement, j’appréciais l’ambiance qui se dégageait du récit. Il y avait cette sorte de nostalgie, celle qu’on ressent tous lorsqu’on laisse définitivement notre innocence enfantine derrière nous pour découvrir la complexité de la vie, lorsqu’arrive le moment de choisir ce que l’on compte faire de notre existence. J’aimais beaucoup les relations que chaque garçon entretenait avec ses parents, entre amour infini et agacement adolescent. J’aimais être témoin de leurs rêves, de leurs doutes, de leurs peurs, et je m’attachais tout doucement à eux.
Oui, vraiment, entre Aristote, Dante et moi, tout commençait sous les meilleurs hospices. Mais ça n’a pas duré. Il y a eu comme une déchirure après le premier tiers du livre, après un rebondissement pour le moins inattendu et tragique. A partir de cet instant, j’avais beau essayer de toutes mes forces, plus moyen de me sentir proche de Dante, et encore moins d’Aristote. Ce dernier était pourtant celui avec lequel je me trouvais le plus de points communs, celui qui me touchait le plus … mais au bout d’un moment, mon petit cœur d’hypersensible n’a plus pu supporter son comportement avec les autres, surtout envers Dante à qui il interdisait de pleurer. C’est comme si Aristote brandissait son mal-être comme une excuse pour faire du mal aux autres, pour faire de la peine aux autres, et même si on ne peut que compatir à son chagrin, à sa douleur, je n’arrivais plus à être en accord avec lui. Quant à Dante, il reste finalement assez effacé, et même si j’ai trouvé sa loyauté attachante, c’est pareil, plus ça avançait, moins j’arrivais à me sentir vraiment « concernée » par son sort. Toute cette douceur que j’aimais tant s’était volatilisée, et le récit avait perdu de sa saveur.
Il faut dire que ce qui me faisait vraiment vibrer, au début, c’était justement cette magnifique histoire d’amitié. Ceux qui me connaissent le savent, l’Amitié est une chose incroyablement importante à mes yeux, c’est presque un idéal. Vous n’imaginez donc pas ma joie lorsque leur amitié a commencé … et ma désillusion lorsque j’ai compris qu’une fois encore, ce récit n’allait pas se « contenter » d’une histoire d’amitié magique. A croire que 99% des personnes sur cette terre considère qu’un roman sans histoire d’amour ne vaut la peine ni d’être écrit ni d’être lu. Je rêve d’une histoire d’amitié qui reste une histoire d’amitié, dans toute sa simplicité et sa richesse, dans toute sa beauté et sa force. Mais ce vœu n’a pas été exaucé ici, et je dois bien avouer que je n’ai donc pas réussi à me réjouir pour eux, pas réussi à trouver leur rapprochement émouvant, car je les trouvais juste exceptionnels comme duo amical, et cela m’a brisé le cœur que cela se transforme ainsi … Surtout que finalement, c’est comme si ces fameux « secrets de l’univers » que nous faisait miroiter le titre se réduisaient à cette découverte et cette acceptation de cette réalité identitaire pas forcément simple à envisager en 1987, alors que je m’attendais à quelque chose d’un peu plus « original », différent de ce que l’on trouve déjà bien souvent dans la littérature jeunesse.
En bref, vous l’aurez bien compris, c’est plutôt une lecture en demi-teinte. Ce n’est pas une vraie déception, loin de là, car il y a quand même de fort jolies choses dans ce récit, des passages incroyablement émouvant et des thématiques particulièrement poignantes (j’ai par exemple était très touchée par la relation entre Aristote et son père, ce garçon hanté par les non-dits, cet homme hanté par la guerre, deux grands silencieux qui vont petit à petit commencer à se parler, à se libérer de ces silences) … Mais c’est très loin d’être un coup de cœur : il m’a manqué quelque chose pour être véritablement captivée, bouleversée, émue par cette histoire. Je ne ressentais au final pas grand-chose pour nos deux jeunes héros, comme si je les observais de loin, sans pouvoir me sentir concernée par leur histoire. Ils sont restés deux parfaits inconnus à mes yeux, alors que je m’attendais à vibrer vraiment avec eux. La plume est certes jolie, mais c’est pareil, elle n’a pas résonné en moi … Peut-être que ce livre m’aurait plus plu il y a quelques années, lorsque j’avais le même âge qu’Aristote et Dante et cherchais moi aussi à comprendre le sens de la vie et de ma vie, mais en l’état actuel des choses, ça restera un roman sympathique, mais sans plus.
https://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2021/03/aristote-et-dante-decouvrent-les.html
Un roman qui fait du bien, un roman drôle et dramatique, où il est question du mystère et des secrets de l'univers. Sans en dévoiler d'avantage, ce roman donne la pêche à la maman que je suis.
http://mcchipie.over-blog.com/2020/09/aristote-et-dante-decouvrent-les-secrets-de-l-univers-benjamin-alire-saenz.html
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