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Abel Besson, l'ancien instituteur des mas de la vallée vit totalement seul dans une vallée cévenole, dans une nature à l'austère beauté, dans ce pays où brûler du figuier porte malheur. C'est un très beau roman à lire sans précipition. Une symphonie pastorale faite de silences et de signes : une fumée, une ombre dans la grange, des traces de pneus, des couleurs, des odeurs. Abel Besson, dont on ignore l'âge exact, a eu un malheur dans sa vie, on l'apprend tardivement. Tous les siens sont morts et il se sent responsable de ce coin de terre où ils vécurent jadis. Ses morts, ses amours, ses souvenirs. A la fois si cruels et si doux.
Et puis un jour, un bulldozer vient tracer un début de piste sur le versant d'en face, vient abimer la nature et ouvrir une attente. Mais les travaux s‘arrêtent et la piste en reste inachevée mais a troublé, pour ne pas dire bouleversé, la vie d'Abel. Lui qui ne craignait pas la solitude se met à attendre que quelque chose se passe. Lui qui connaissait chaque silence de la vallée ne peut supporter le silence qui a suivi le départ de la machine. C’est un silence d'absence qui vient lui rappeler le départ de ceux qu’il a aimés. Et qui jamais ne reviendront.
Cela se passe dans le rude cévenol protestant.
Là où vivaient des hommes et leurs «quelques sous nécessaires pour passer de la misère à la pauvreté.»
Là où vivaient des hommes qui disaient : «Il faut prendre le meilleur de chacun et comprendre le pire (...) Il faut plus d’amour et de force que pour juger.»
Là, vit, seul, Abel Besson, l’ancien instituteur des mas de la vallée.
Seul. Presque heureux. Seul depuis...Seul jusqu’au jour où...
A partir de là, cher lecteur, nos chemins se séparent. Là s’arrête mon accompagnement. Je vous laisse parcourir, au fil des pages, au fil des saisons, au fil des vents, ce chemin mystérieux dans ce pays où brûler du figuier porte malheur.
C’est un très beau roman que nous offre Annie Murat. Un roman qu’il faudra lire comme on marche. Sans précipitation. Avec patience. Comme un temps suspendu.
C’est sa manière à elle, Annie Murat, de nous attendre dans ce «grand livre de montagnes, de bois, de chair, de pierre, d’eau et de vent.»
«Sans y toucher, comme on avancerait la main vers le feu pour voir si ça brûle», j’ai savouré cet instant de lecture où le papier crisse sous la lame avant de révéler la suite de l’histoire.
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