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« 37 ans, 43 films, pas d’enfant, 1m69, 85 Kg, temps de chute d’un immeuble de 10 mètres : moins de 2 secondes. »
Puissante rétrospective de l’œuvre de Fassbinder et son époque avec une écriture reflétant par pans, la vie et la force de frappe du cinéaste tonitruant, la machine Fassbinder.
Berlin Alexanderplatz (« La lecture de Berlin Alexanderplatz de Döblin est la blessure de lycée qu’il chérira jusqu’à la fin, la blessure secrète où il s’enfouit pour vaincre le monde. »), la Fraction armée rouge des années 70 en Allemagne, ses amours, ses colères, « Querelle » de Jean Genet, finir « Le bonheur » et si le temps lui en avait été donné, tourner un nouvel opus avec Mohamed Ali. « Il va peut-être devoir augmenter légèrement les doses, passer à 10g, mettons. Ecarter les barreaux du temps…»
« Il a 37 ans le 31 mai 1982, une cour de bouffons obscènes se presse autour de lui, on ignore si la soirée finira en partouze ou juste en saoulerie systématique. (…) ‘C’est pour peu de temps que je suis encore avec vous. Vous me chercherez, mais où je vais, vous ne pouvez venir.’ Il s’accorde dix jours de vie encore, pour terminer deux films »
« ‘Tu iras ? Tu pourrais rencontrer des gens là-bas. ‘ De très nombreuses phrases se formaient dans de très nombreuses bouches pour associer une date, le 31 mai 1982, un nom Rainer Werner Fassbinder, un lieu, Munich, et un événement, la fête organisée pour ses trente-sept ans. (…) ‘Il paraît que Hans a reçu une invitation.’ Le maire de la ville appelait la population à ne pas céder à la provocation. ‘Tu me vois au milieu de tous ces pédés ?’ Les commerces resteraient ouverts normalement. ‘Il a invité des milliers de personnes, des producteurs, des acteurs, des coiffeurs.’ (…) Ignorer l’événement était déjà en soi une prise de position. (…) ‘Tu es au courant ? Tu iras ? Tu me prends pour qui ? C’est tellement provincial de vouloir aller se frotter aux vedettes. Il est fini de toute façon. Ça fait des années qu’on dit ça. Oui, mais là, t’as vu ses yeux. La drogue, ça conserve. Il paraît que Hans a réussi à avoir une invitation.’ (…)
Il avait 37 ans. Son nom était moins célèbre que celui de Jean-Paul II, moins souvent prononcé chaque seconde dans le monde que ceux d’Andy Warhol, Joseph Beuys, John Lennon, mais autant que ceux d’Andreas Baader et Jean-Luc Godard. Il avait 37 ans et il acceptait de mourir. Il avait 37 ans et il lui restait dix jours pour convaincre (…) Il se jouait la comédie du ‘génie’ depuis près de vingt ans, et il craignait de ne pas avoir assez donné de sa personne. »
« Quand il meurt d’overdose dix jours après l’anniversaire de ses 37 ans, il a terminé « Je suis le bonheur de ce monde ». Les plans, la distribution, ce qu’en dira la presse : tout est prêt dans une pièce de son cerveau verrouillée à double tour. Entre deux barreaux tordus, dans l’espace illimité, le film est achevé. Il ne reste plus qu’à rejoindre le corps laissé en arrière, dehors, parmi les acteurs et les techniciens. Dans les quelques heures qu’il savait lui rester, il cherchait encore deux autres barreaux propices derrière lesquels réaliser une fiction avec Mohamed Ali, fiction dont personne ne doute qu’elle aurait remportée l’Oscar à Hollywood. »
« Avant de mourir le 10 juin 1982, à l’âge de trente-sept ans, Fassbinder a le temps de réaliser quarante-trois longs métrages, de filmer les quatorze épisodes d’une série télévisée adaptée du roman Berlin Alexanderplatz, d’écrire des pièces et d’en mettre en scène un grand nombre dans les meilleurs théâtres d’Allemagne. »
Un gros premier tiers du livre est consacré aux membres de la bande à Baader de la Fraction armée rouge et aux événements de l’époque en Allemagne, détournements d’avions dont celui de la Lufthansa à Mogadiscio, les attentats, les enlèvements des grands patrons dont tout particulièrement celui de leur président, ancien SS, H. M. Schleyer (« un temps pour les bassesses, un temps pour les grands-messes ») qui écrit à son ami Helmut Kohl, les assassinats et les prisons, les tortures, l’alimentation forcée, les suicides dont celui d’Ulrike Meinhof, retrouvée pendue à la prison de Stammheim, les rafles, les écoutes, les tabassages, les arrestations dont celles d’Andreas Baader et Holger Meins en juin 72, les politiques, la politique, de Helmut Schmidt à Shröder et Cohn-Bendit, la guérilla urbaine de 68 à 98 en Allemagne de l’Ouest… « La troisième génération », et …
43 films de Fassbinder et son nouveau cinéma pour remonter la grande histoire de son pays mais surtout creuser le présent, mettre en lumière le conflit des générations, révéler la tragédie de ses relations amoureuses, filmer la mort par la drogue et le cinéma, créer une chronique de son monde habitée par cette colère en lui comme une signature inimitable…
Alban Lefranc signe là un très bel hommage à Monsieur Fassbinder avec une violence abstraite et retenue.
Et vers la fin, bien sûr qu’on l’entend le chuchotement, on le lit, il est écrit et puis on l’a dans le cœur de toute façon…
« Meurs pas Rainer… »
Alban Lefranc redonne vie à une ancienne égérie des années 70, Christa Päffgen, née en 1938 sous le joug nazi.
Cette biographie est vivante, Lefranc arrive à me faire aimer le genre. Il donne chair à cette jeune femme fragile et résistante qui, au cœur des années 70 pratiqua assidûment le cocktail détonnant Drogue, sexe, alcool et mensonge. J’ai aimé l’écriture de l’auteur, sa façon de s’adresser directement à elle sans, pourtant, m’attacher à cette jeune femme dont j’ignorais totalement l’existence ainsi qu’à son monde « créatif ».
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