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L’originalité de ce roman tient au fait que les narrateurs omniscients sont ici des esprits (exemple : les ogbanje), habitants de l’âme d’Ada, l’héroïne. Des esprits rarement bienveillants, souvent mal intentionnés, à qui la jeune fille sert d’enveloppe corporelle, de vaisseau qu’ils empruntent avec indifférence, n’ayant d’autre intérêt que de satisfaire leurs pulsions. Ici l’attirance pour le féminin, qui pousse Ada dans les bras d’une autre femme. Là, une soif de sang inextinguible qui mène Ada à la scarification. Ces esprits manipulateurs font d’Ada une marionnette, un zombie mal dans sa peau martyrisée, jouet des forces qui se disputent sa conscience. Pour apprécier ce roman à sa juste mesure, il faut être sensible à cette culture des ancêtres, à l’incarnation ou à l’animisme. Ce n’est pas mon cas. Je suis trop attachée au libre arbitre pour ne pas m’agacer de la passivité de cette jeune femme, de son fatalisme, d’une soumission qui ne la rend responsable d’aucun de ses actes. En lisant ce roman, on comprend mieux le sens du mot possession : Ada a été expropriée de sa personne, car les esprits en sont devenus les maîtres.
En définitive, ce que j’ai préféré, c’est la confrontation avec « nos croyances » occidentales, telles que la psychanalyse ou cette religion fondée sur un homme cloué sur une croix. Le choc des cultures est alors à son comble, il met en évidence leur possible ingérence.
L’eau douce est un premier roman inspiré, impressionnant de maîtrise, mais difficile d’accès.
Bilan :
Un roman à deux strates se forme au fur et à mesure qu’on suit les péripéties de l’Ada. La première est d’y voir le récit fantaisiste d’une possession. D’un monde gorgé d’esprits. L’autre strate offre la vision d’une caboche nouée d’une maladie mentale.
L’auteure ne s’embarrasse pas d’incorporer des parcelles de bonheur et autres fantaisies pour atténuer la noirceur des propos. C’est cru. Parfois violent. Malsain. Mais la maladie n’est pas un terreau de tranquillité. C’est le duel constant. La bataille. Le cataclysme mental. Une écriture ciselée, sans fard. Elles luttent les personnalités, elles croquent, elles dérangent, elles distillent doute. Elles.
Une pluralité d’envies, de caractères, de sexualités.
Une belle découverte.
Un roman fort, éprouvant.
Un récit duquel on s’extirpe difficilement tant la construction est dense.
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