On entend un cri : « Disparen » (tirez !). Puis des coups de feu... Dans cette nuit froide de novembre 1962 au cœur des Pyrénées espagnoles, des hommes tentent d’échapper aux balles qui fusent. Certains y parviennent, d’autres pas. Pour comprendre qui sont ces hommes, et ce qu’ils fuient, il faut remonter dans le temps et aller, deux mois plus tôt, dans le nord du Portugal.
Adeline Casier publie en ce début janvier son tout premier album. Elle s’inspire de l’histoire de son grand-père et raconte « o salto » (le saut), l’exil des portugais qui fuient la dictature de Salazar et l’appel à la guerre en Angola. Joao veut rejoindre son cousin en France, trouver du travail, habiter une petite maison avec sa femme Rosinda et ses deux filles qui pourront le rejoindre plus tard. Pour toucher du doigt ce rêve, il faut braver le danger de la traversée des Pyrénées, les coups de fusil, la faim, le froid et surtout, garder le silence.
Le crayon graphite d’Adeline Casier exprime à merveille la dureté de l’exil et le courage de ces hommes qui veulent une vie meilleure. Le dessin est brut, gris, les planches sont dures et pleines d’une force touchante. Traverser cette histoire, c’est partager le choix de 900 000 portugais qui ont rejoint la France entre 1957 et 1974. Certains y ont laissé la vie, comme nous le rappelle l’épilogue de Victor Pereira, chercheur en histoire.
Cette première lecture de l’année est une excellente surprise. J’ai été marqué par ce récit et par le graphisme d’Adeline Casier.
Ne passez pas à côté de Em silencio !
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