Ce mois-ci, Laure Lutun vous fait découvrir Les crayons de couleur de Jean-Gabriel Causse (Flammarion) un livre à mettre entre toutes les mains !
Si vous n’avez qu’un temps limité pour lire cette critique, la conclusion tient en quelques mots : Livre excellent, à mettre entre toutes les mains.
Laissez-vous séduire par sa couverture atypique – que l’auteur nous suggère dans ses Remerciements de colorier – et embarquer par l’histoire haute en couleur (!) d’Arthur, salarié désabusé d’une usine de crayons de couleur en liquidation, et Charlotte, scientifique aveugle experte en couleurs. Dans un monde où les couleurs disparaissent mystérieusement, nos deux héros vont se lancer à leur recherche et embarquer dans leur sillage une série de personnages truculents.
J’ai découvert la plume de Jean-Gabriel Causse avec ce roman et ce fut un véritable coup de cœur : un style clair et fluide, un humour fin, du fond et de la forme. Le lire est un plaisir : on rit, on trépigne d’impatience pour savoir si nos héros vont sortir indemnes de leurs péripéties, on apprécie les anecdotes (historiques ou scientifiques) sur les couleurs. Tout est justement dosé, savamment pensé, et terriblement addictif (j’ai lu ce livre en moins de deux jours). Les styles varient, selon le parler des personnages et le type de narration (les chroniques de Charlotte, les « alertes » du Monde, les aventures des personnages en elles-mêmes). L’histoire change des sempiternelles histoires d’amour (même s’il y en a techniquement dans le livre, ce n’est pas ce qui en fait l’intérêt principal), son originalité est rafraîchissante, sans pour autant classer le roman dans les créations littéraires tellement saugrenues qu’elles peuvent en être assez inaccessibles. Un vrai petit bijou donc, dont je vous propose de partager cet extrait que j’ai beaucoup aimé et qui est, je pense, révélateur du livre :
« Saviez-vous que la symbolique des couleurs est souvent le fruit du hasard ? Prenons par exemple les couleurs des voitures de sport. A l’origine, la coupe automobile Gordon Bennett […]. Des équipes nationales, auxquelles on attribua des couleurs pour les distinguer, s’y confrontèrent : bleu de France, vert britannique [...], jaune pour la Belgique, rouge pour l’Italie et blanc pour l’Allemagne. Dans les années 30 le « blanc allemand » est devenu gris car les véhicules ne devaient pas dépasser un poids maximal autorisé. Les W25 de Mercedes étaient en excès de poids d’un petit kilogramme. Qu’à cela ne tienne, pour les faire maigrir les mécanos poncèrent leurs voitures blanches jusqu’à la tôle. Et voilà comment sont nées les « Flèches d’Argent ». A demain, chers auditeurs. »
Avant toute chose, mes remerciements aux éditions Flammarion qui m’ont permis de découvrir ce livre en avant-première.
Merci Laure pour cette chronique qui nous donne envie de découvrir ce roman. A présent, si vous nous parliez de vos lectures ?
Le livre qui a bercé votre enfance ? Croc-Blanc de J. London, d’abord toute petite en version jeunesse puis quelques années plus tard en œuvre intégrale. Le premier livre qui m’a tenu éveillée tard le soir.
Le livre qui vous donne le moral ? Nos nuits deviendront des jours de M. Fitzgerald, une très belle découverte qui donne le sourire : une belle histoire, des personnages attachants, une plume simple et alerte, un concentré de bonheur.
Le livre qui vous rend triste mais que vous lisez quand même ? Des souris et des hommes de J. Steinbeck. Une œuvre sobre et poignante.
Le livre que vous relisez tout le temps ? La saga Harry Potter (choix assez peu original je l’avoue). Avant chaque nouvelle sortie, en français et en anglais pour le plaisir aujourd’hui encore.
Le livre que vous offrez le plus ? Les mille et une vie de Billy Milligan de Daniel Keyes. Un roman hors du commun sur Billy Milligan, qui souffre du syndrome de personnalités multiples (plus d’une vingtaine au total, allant de l’Anglais distingué au Serbe expert du combat de rue, en passant par un enfant de 4 ans adepte de coloriage). Histoire vraie ou affabulation sophistiquée, peu importe : ce livre a marqué tous ceux à qui je l’ai offert.
Le lieu idéal pour lire ? Le train. C’est un lieu où j’emmène systématiquement un livre (ou deux si je fais Nantes-Nice…) avec moi. Et aussi un lieu d’inspiration (en regardant les livres des autres voyageurs, ça donne parfois des idées !).
Et vous, Laure, parlez-nous de vous !
Si vous étiez un livre, vous seriez ? Tous gros demain de P. Weill ; j’en ai tellement parlé que je le connais presque par cœur.
Si vous étiez un personnage de roman, vous seriez ? Hermione Granger sans doute. Celle qui a besoin d’un retourneur de temps pour faire tout ce qu’elle a prévu, a tout le temps le nez dans un livre, est parfois première de la classe agaçante mais est entourée de super copains (rencontrés pour la majorité à mes onze ans au collège, comme elle).
Si vous étiez un auteur ? Sans hésitation un auteur de romans policiers. C’est le genre que je connais le mieux, celui qui me ressemble le plus je pense. Pourquoi pas un Steve Mosby, j’ai beaucoup aimé son roman Les fleurs de l'ombre, à la narration aux multiples points de vue et à l’intrigue originale et très bien construite.
Quel lecteur êtes-vous ? Un lecteur exigeant (je n’aime pas tout) mais passionné, qui donne sa chance à chaque livre, connu ou non. Un lecteur de tous les instants, matin comme soir, pour trois minutes de métro comme cinq heures de train.
Pourquoi et quand allez-vous sur lecteurs.com ? Pour de multiples raisons ! D’abord pour garder une trace des livres lus et à lire : rien de plus frustrant que d’oublier une super recommandation ou d’évoquer un livre génial sans parvenir à mettre un nom dessus. Ensuite pour trouver des idées de lecture, pour moi ou pour offrir. Enfin pour découvrir de nouveaux auteurs, vers lesquels je ne serais pas forcément allée, et me tenir au courant de l’actualité littéraire.
Je serai intéressée par ce livre qui est original. Peut on le recevoir pour le chroniquer? Je ne connais pas cette formule et cela fait du bien aujourdhui de pouvoir colorer ce monde grisâtre.