Son modèle, c’est la pakistanaise Malala Yousafzai, la très jeune militante des droits des femmes récompensée du Nobel de la Paix en 2014. Yeonmi Park, 22 ans, est faite du bois de ces êtres-là, sortis de l’enfer avec une foi en l’humanité sans cesse renouvelée. Son roman, Je voulais juste vivre (Kero) est sorti en fin d’année, mais connaît un renouveau particulier à l’occasion du salon du Livre de Paris qui consacrait les littératures coréennes.
Il a fallu attendre que la rivière qui sépare la Corée du Nord de la Chine soit bien gelée pour tenter l’aventure. Yeonmi Park avait 13 ans quand elle et sa mère ont décidé de s’enfuir du dernier grand pays totalitaire d’Asie. Dans Je voulais juste vivre elle raconte le périple bouleversant qui l’a conduite jusqu’en Corée du Sud il y a neuf ans. Pourtant, ce n’est pas une recherche de liberté qui l’a poussée à s’enfuir : si son père manifestait quelques réticences face au régime coréen, l’adoration de sa mère pour Kim Jong-il rassurait les inévitables délateurs. « Elle croyait sincèrement que la Corée du Nord était le centre du monde et que Kim Il-sung et Kim Jong-il possédaient des pouvoirs surnaturels », écrit-elle. Non pas parce qu’elle était stupide, mais parce que le pays enserrait tellement bien ses habitants dans sa propagande et l’isolait si parfaitement du reste du monde, que la majorité des Coréens n’avaient aucune idée du monde alentour.
Mais les activités de marché noir de son père, les accusations de viol proférées au sujet de son oncle, ont jeté l’opprobre sur la famille et menacé sa survie. Le père est malade et convainc sa femme et sa cadette de partir seules en Corée du Sud, sur les traces de la sœur aînée disparue quelques semaines plus tôt. Il faudra plusieurs mois pour que la quête trouve une issue. Yeonmi Park raconte ces mois d’errance à travers la Chine et le désert de Gobi, sans chercher à se plaindre ni à émouvoir. Et pourtant, la liste des avanies et des supplices endurés par cette toute jeune adolescente est effrayante : vendue en Chine, violée, exploitée, séparée de sa mère, battue, sa survie est un miracle. La violence, la traite des femmes, le business de chair humaine sous toutes ses formes engrossent les trafiquants.
La force de cette petite poupée fragile est justement de ne pas s’attarder sur l’horreur qu’elle nous fait traverser au cours de cette remémoration. « Je n’avais pas envie de parler de moi ni de montrer que j’ai été héroïque en écrivant ce livre, me racontait-elle lors d’une rencontre. Quand j’ai failli mourir en traversant le désert de Gobi, ce qui m’a tenue en vie, c’est de penser que le monde entier ignorait la condition des gens comme nous qui prenions le risque de mourir au milieu de nulle part ».
Pas de haine, plus de peur : le récit de Yeonmi est un hymne au courage, à la dignité et à une confiance inoxydable dans l’humanité. Traduit en 18 langues, son rayonnement traduit une longue marche sereine vers la paix telle que cette résistante pacifiste a choisi de la mener. Derrière un sourire adorable, Yeonmi Park n’oublie pas que son combat de militante pour dénoncer le régime nord-coréen et défendre les réfugiés fait d’elle une ennemie de la nation nord coréenne. Sa vie est évidemment en danger.
Karine Papillaud
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Bonjour
Ayant lu plusieurs romans évoquant la Corée du Nord (notamment "les larmes du phénix" de Pascal Vatinel et "Envoyée spéciale" de Jean Echenoz), regardé plusieurs documentaires sur ce pays (édifiants!) , et écouté l'auteur parler de sa fuite lors d'une émission radio, je suis vraiment très intéressée par ce livre et le sujet qu'il porte .
Bonjour,
Comment ne pas avoir envie de le lire vu l'avis de Dame Karine ? Surtout quand on aime découvrir l'Asie comme moi.
Merci à vous et belle journée :)
Bonjour, j'ai été 1 mois en Corée du sud et ai été frappée par ce pays coupe en deux, la gentillesse de ses habitants. ce récit me touche et je trouve intéressant un très rare témoignage de quelqu'un qui a vécu en Corée du nord. J'apprécie aussi l'idée de son courage, de sa capacité à continuer à croire en la vie avec tout ce qu'elle a vécu. Je serai une lectrice attentive et témoignerai avec plaisir. Bonne soirée
Bonjour !
Je souhaiterais lire ce livre car j'aime beaucoup les témoignages, les récits de vie et encore plus encore lorsque ceux-ci mettent en avant des femmes fortes, ce qui est malheureusement encore trop rare en littérature. Je serais ravie de pouvoir chroniquer ce livre.
L'histoire de cette jeune fille me fascine, car la Corée du Nord est un pays fascinant de part l'incongruité de son régime, bien que très dur. Je suis une accro aux expériences de vie, aux carnets de voyages, aux témoignages. J'avais repéré ce livre deux semaines avant le Salon du Livre, je voulais absolument rencontrer l'auteure, et lui acheter son livre. Elle était malheureusement absente lorsque je me suis présentée au stand, et par soucis de moyens, je n'ai pas pu me procurer son oeuvre. Elle en tête de celles que je veux lire cette année, et il me tarde de l'acquérir. J'espère pouvoir le recevoir !
Bonjour Karine,
face à la peur omniprésente (même les oiseaux et les souris peuvent entendre ce qu'il ne faut pas dire) une petite fille de 13 ans a le courage de se battre pour sa liberté. C'est une histoire poignante qui mérite toute notre attention et notre admiration. Je le lirais volontiers pour en faire la chronique.